Guy Hemmings: Bloguer ou ne pas bloguer…

En 1985, j’ai franchi pour la première fois les portes d’un club de curling.  Je ne connaissais pratiquement rien de ce sport, sinon qu’il se jouait sur la glace avec des espèces de roches que l’on devait faire glisser sur de la glace en direction de cercles de couleurs.

Guy Hemmings

J’avais regardé quelques fois les finales à Radio-Canada le dimanche après-midi, c’était évidemment avant l’arrivée des chaînes de sports  spécialisées. Alors nous, les amateurs de sports,   écoutions n’importe quel sport, étant donné que la quantité était assez limitée. Je me rappelle d’un Ontarien bedonnant avec un brin de paille dans la bouche (Ed Werenich), qui terrorisait ses adversaires sur les ondes de la Télévision Nationale. Rien en fait pour inspirer les jeunes à se précipiter  vers le club de curling le plus près. Mais en ce qui me concerne, ce sport, apprécié surtout des anglophones, semblait assez ‘weird’ pour susciter mon intérêt. Mon parcours dans le monde du curling fut assez long et surtout diversifié. Quelques années plus tard, c’est moi qui me suis retrouvé sur les écrans de télévision comme joueur d’élite (la terreur imposée à mes adversaires cependant  n’était pas du tout du même acabit que celle qu’imposait Ed à son apogée). Dans les années qui ont suivi, j’ai été impliqué dans presque toutes les facettes de ce sport, que ce soit la promotion du sport, avec le ‘Rock in the House curling tour’ qui a sillonné durant plus de 6 ans le Canada tout entier pour promouvoir le curling hors des sentiers traditionnels. J’ai fait aussi un bout de chemin avec Curling Québec, j’ai participé aux grands débats de l’Association canadienne de curling ou de l’Association des joueurs, j’ai été analyste  de curling sur les réseaux anglophones et francophones, j’ai joué le rôle de journaliste pour  quelques grands quotidiens du pays, j’ai été conférencier à plusieurs centaines d’occasions, etc. Bref, j’ai été durant des années au fait d’à peu près tout ce qui se passait dans le merveilleux monde du curling au Canada et même au-delà des frontières. J’ai même été approché à quelques occasions par des journalistes ou auteurs pour écrire un livre sur ce parcours que ceux-ci trouvaient assez intrigant pour être publié. Personnellement, je n’y ai pas cru. Comme il m’aurait été facile à cette époque d’écrire un petit blogue de temps à autre, sur n’importe quel sujet d’actualité dans le monde du curling.  Aujourd’hui, la donne a changé, je ne travaille plus pour l’Association canadienne de curling, ni pour Curling Québec. Je ne fais plus de conférences à travers le pays et même qu’une vilaine blessure au dos me tient éloigné des pistes glacées. Dorénavant, je ne prends plus l’avion pour Winnipeg, Calgary, Sault Ste-Marie. Je prends mon vélo pour me rendre à l’école de formation professionnelle qui est à deux coins de rue de chez moi, école dans laquelle je me suis recyclé depuis quelques années en professeur d’anglais. Depuis quelques années, la plupart de mes sources d’informations dans le monde du curling se sont taries. Je ne suis plus au fait du moindre incident, de la moindre nouvelle. Alors, vous comprendrez mon hésitation lorsque l’association de curling m’a contacté en septembre dernier pour me demander si j’étais intéressé à écrire un blogue pour leur tout nouveau site web en français. Qu’aurais-je à raconter? Une petite recherche sur Wikipédia m’a permis d’apprendre qu’il y avait plus de 156 millions de blogues à travers le monde, un million de mises à jour quotidiennes. Ils ne doivent pas tous être intéressants, non? Ça m’a rassuré. Les gens qui ont suivi un peu ma carrière savent très bien que je n’ai jamais eu peur du ridicule, alors j’ai accepté l’offre de l’ACC et me voici. Cette profonde réflexion m’a permis de me rappeler la véritable raison pour laquelle j’avais le goût d’écrire ce blogue. Ce ne sont pas mes expériences antérieures en tant que joueur ou promoteur, ce ne sont pas les sources d’informations que je possède ou possédais, c’est ma passion pour le sport. Cet amour que j’ai eu dès le départ  pour ce jeu en apparence simple, un jeu accessible à tous et qui est pratiqué par des gens extraordinaires. Ces gens sont de loin la plus grande richesse du curling. En 1985, quand j’ai franchi pour la première fois les portes du Curling Outremont à Montréal, j’y ai découvert une activité physique plaisante, agréable, que l’on pouvait pratiquer toute sa vie, et cela, même jusqu’à de très hauts niveaux de compétition. Mais j’y ai surtout découvert des gens. Des gens comme eux, j’en ai rencontré dans tous les clubs de curling du Canada dans les années qui ont suivi. Ces gens ont, aux cours des années suivantes, influencé mes décisions, modelé ma vie, guidé mes pas dans une société qui me laissait souvent perplexe. Ils ont fait de moi un meilleur individu. C’est pour eux que je vais écrire ce blogue.  ‘Dis-moi avec qui tu te tiens, je te dirai qui tu es…’ Guy