S’entrainer au curling : pas la chasse gardée des professionnels

Les avantages de l’entrainement et l’apprentissage des habiletés ne se limitent pas aux joueurs et joueuses d’élite, tendance que le camp de curling Alberta Rocks a bel et bien démontrée récemment quand il a accueilli plus de soixante adultes des clubs communautaires qui voulaient apprendre comment améliorer leurs lancers, le brossage, la stratégie et l’aspect mental du jeu. Le camp annuel, en sa 15e année, tenu du 26 au 28 septembre au Centre des sports et loisirs Leduc, était organisé par l’Alberta Curling Federation et encadré par Paul Webster, entraineur provincial de haut niveau de l’Alberta Curling Federation et entraineur national de développement chez l’Association canadienne de curling. Les entraineurs au camp étaient des joueurs et joueuses avec une expérience junior ou adulte à l’échelle provinciale, nationale ou mondiale. Trois participants – Shay-Lee Savill, Ryan Thompson et leur amie Megan Hogendoorn – sont venus d’Edmonton pour prendre part à leur premier camp.
Lisa Shamchuk tries out a training broom that measures sweeping speed and pressure. (Photo by Lisa Shamchuk)

Lisa Shamchuk essaie un balai d’entrainement qui mesure la vitesse et la pression du brossage. (Photo soumise par Lisa Shamchuk)

«Après avoir appris à jouer d’une manière fragmentaire, il est beau de mettre le tout ensemble et avoir une expérience synthétique dans un camp,» indique Hogendoorn, qui a particulièrement apprécié la structure des petits groupes adoptée par Alberta Rocks. «Tout en étant dans une situation de groupe, c’est très personnel, et il s’agit non seulement les règles globales du curling que nous connaissons très bien, mais une instruction individualisée, une communication directe entre instructeur et apprenant, et c’est très sympa.» Savill, pour qui le curling est depuis longtemps une tradition familiale, et qui a été la force motrice qui a convaincu Thompson, son fiancé, à essayer le sport, est très consciente des avantages d’une telle instruction. «Très souvent, nous entendons des astuces pour mieux jouer, mais ici nous sommes repartis à zéro, nous avons maîtrisé les processus et étapes, et maintenant nous saurons les déployer à chaque match,» affirme-t-elle. «Et en plus, ça me renforce la confiance : si je veux faire les choses convenablement, du moins je sais les démarches à suivre pour le faire.» «Ça va rendre le curling plus agréable parce qu’on saura réussir certains coups, comprendre ce qu’on fait et comment le faire, et en conséquence, on se sent plus confiant dans son jeu,» observe Thompson. «Je crois que c’est (un sport) que nous allons pratiquer pour longtemps, donc il est sûr et certain que nous tirerons bénéfice en apprenant la démarche à suivre pour lancer une pierre.» La valeur d’un entrainement expert est multipliée par l’emploi des technologies de pointe permettant aux participants de voir et analyser leurs habiletés. Par exemple, les participants ont l’occasion d’essayer le brossage avec un balai spécial qui mesure la pression et la vitesse du brossage. Les données s’affichent en temps réel sur un écran près de la tête du balai, montrant aux joueurs le niveau d’efficacité de leur technique : certains étaient des maîtres alors que pour d’autres, ça vaudrait peut-être la peine de passer un peu de temps avec leurs entraineurs en vue d’améliorer le brossage! Tout au long de la fin de semaine, il y avait des tablettes sur les surfaces de glace, enregistrant des vidéos de l’adresse au lancer. Ensuite, les joueurs et joueuses regardaient la tablette alors que les entraineurs se servaient d’une application gratuite, Coach’s Eye pour passer la vidéo, analyser la technique et offrir des astuces pour améliorer tel ou tel aspect. Peu importe le nombre d’années qu’on avait pratiqué le curling, c’était la première fois où la majorité des participants ont regardé et analysé leurs propres lancers.
Doug Marks comments on a video recording of a teammates alignment during delivery. (Photo by Lisa Shamchuk)

Doug Marks offre ses réactions sur l’enregistrement d’un lancer d’un de ses coéquipiers. (Photo par Lisa Shamchuk)

Or, l’entrainement personnalisé, même en petits groupes, est quelque chose d’assez rare pour les joueurs et joueuses au niveau communautaire. «Il faut vraiment mieux faire dans notre sport pour faire avancer l’instruction,» constate Webster. «Le groupe sur la surface 8 rassemble des gens qui jouent depuis 20, 30, 40 ans. Et pour certains d’entre eux, c’est leur deuxième leçon. Après s’être inscrits pour la première fois, ils ont suivi l’atelier ‘introduction au curling’ comme préconisé, et depuis lors ils n’ont suivi plus aucune formation. Il faut faire répandre l’attitude que tout comme dans le golf, l’instruction devrait être quelque chose de suivi, quelque chose qui continue tout au long de votre carrière.» Le docteur Neville Headley, un natif de Calgary, est de retour comme participant; c’est la quatrième fois qu’il prend part au camp de curling pour adultes Alberta Rocks. «Je voulais approfondir mes connaissances et habiletés techniques, la stratégie, le lancer et le sport dans un sens global – et le camp semblait être la solution parfaite,» dit-il. «Et en fin de compte j’ai appris bien plus que cela. Je me suis rendu compte qu’il fallait modifier la pratique, le conditionnement, l’entrainement, ma façon d’aborder les matchs, mes lancers, tous les aspects du sport. Et c’est la raison pour laquelle je suis de retour année après année. À chaque fois j’apprends encore plus sur le sport, et cela me pousse à m’améliorer, à faire toujours mieux.» En plus, Headley a usé des leçons apprises au camp de curling, les appliquant chez lui à Calgary, où il anime une clinique pour débutants Learn How to Curl pour la Calgary Dental League.
Dr. Neville Headley practices his delivery while his teammates and coach look on. (Photo by Lisa Shamchuk)

le docteur Neville Headley s’exerce au lancer alors que ses coéquipiers et entraineur le regardent faire. (Photo par Lisa Shamchuk)

  «Je dis depuis longtemps qu’il y a trois grandes raisons pourquoi un adulte opte de ne pas commencer à pratiquer un nouveau sport,» observe Headley. «En premier, on craint les blessures. Deuxièmement : on ne veut pas avoir l’air nul ou bête. Et troisièmement, on ne veut pas que ça coûte cher. Le curling répond à tous ces critères. Si vous faites comme il faut, vous n’allez pas vous blesser; vous n’allez certainement pas être nul; et ça ne coûte pas cher du tout pour commencer à jouer.» Tout compte fait, Webster croit que le camp répond très bien aux besoins des joueurs et joueuses de club, et ils en sortent très satisfaits. «Pour la grande majorité de nos participants, ils sortent du camp ayant coché cinq ou six cases majeures dans leur liste de souhaits pour le camp,» dit-il. «Les adultes viennent au camp pour passer un temps agréable, et c’est notre priorité numéro une.»