Camp «Fantasy» Équipe Howard. Objectif : s’amuser

Ça devrait être tout simple. Le pied dans l’entaille, la pierre dans la main, l’œil sur le balai et hop, parti, on glisse parfaitement sur la glace, tel Glenn Howard. Bon ben, peut-être pas. Donc comment s’améliorer? Et plus important encore, y a-t-il un moyen pour remédier aux faiblesses et rehausser son jeu, sans que ce ne soit une vraie besogne? La solution est très simple. Allez au camp.
(Photo Jean Mills)

(Photo Jean Mills)

C’est exactement ce qu’ont fait plus de soixante joueurs et joueuses récemment, se rassemblant au Club de curling de Guelph pour le sixième annuel camp «Fantasy» Équipe Howard. Organisé autour d’une séquence de séances sur glace et hors glace, ce camp développe les compétences d’une manière des plus divertissantes : l’accent est fermement mis sur la participation, l’amusement et la chance de curler côte à côte avec Glenn Howard, Wayne Middaugh, Brent Laing, Craig Savill et autres, notamment Jennifer Jones, Kaitlyn Lawes, Codey Maus et un groupe d’entraîneurs de premier ordre. «C’est Brent qui a eu l’idée,» indique Howard, pour expliquer la genèse du camp. «Il a proposé quelque chose du genre du camp Hot Shots [à Oakville], et nous étions d’accord pour le faire. Il avait le temps pour s’occuper de l’organisation, et il l’a pris en main.»
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Craig Savill et Kaitlyn Lawes animent une séance sur les scénarios de compétition (Photo Jean Mills)

Les sessions offrent un bon équilibre de théorie et de pratique. Hors glace, les participants discutent des techniques de consolidation d’équipe et ils réfléchissent aux démarches pour rehausser leur jeu. Ces séances sont animées par les entraîneurs, mais les curleurs élites sont présents pour offrir leurs perspectives et leurs expériences. Dimanche matin, dans une séance sur comment se débrouiller face à une pression intensive, tout le monde écoutait attentivement alors que Jones décrivait les moments où elle préparait le tir qui lui avait gagné le Tournoi des Cœurs Scotties 2005. «Je me souviens de me dire, ne manque pas de savourer le moment,» a-t-elle raconté. «Que tu réussisses ou tu rates, c’est un moment auquel tu avais rêvé toute ta vie, donc il faut ressentir tout le plaisir. Il ne faut pas avoir peur.» Savill a parlé des qualités de leadership dans le cadre de l’équipe, et elle a évoqué des scénarios de compétition d’Équipe Howard pour illustrer les décisions stratégiques. Laing a encouragé les curleurs à aborder chaque match comme si c’était «votre propre Brier.»
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Observée par des spectateurs sur et hors glace, Équipe Howard discute de la stratégie durant le concours des compétences samedi soir. (Photo Jean Mills)

Dans les séances sur glace, les joueurs et les entraîneurs se concentrent sur les aspects techniques du sport, parfois en utilisant une caméra, parfois en mettant le pied dans l’entaille pour démontrer une technique. Les participants se répartissent en petits groupes et se mettent à chaque bout des huit surfaces de glace pour travailler les points fins de lancer et de lâcher, les scénarios de compétition, et les aspects de stratégie. Mais ce n’est pas que le travail. La première nuit propose une séance de foire aux questions baptisée «Up Close and Personal» dans laquelle les athlètes répondent à toutes les questions qu’on pourrait imaginer, avec des discussions fort divertissantes. La deuxième nuit, après le souper, un concours de compétences voit 16 équipes de campeurs qui concourent contre Équipe Howard, qui doit battre l’équipe qui a la meilleure fiche de toutes (ils l’emportent, bien sûr.) Après cette compétition, tout le monde rentre dans l’hôtel d’accueil pour boire une coupe ensemble dans la suite de réception, espèce de Patch pour les participants et les instructeurs aussi.
(Photo Jean Mills)

Wendy White et Steve Hawes écoutent l’instructeur Brian Savill (gilet blanc) qui leur donne des conseils stratégiques. (Photo Jean Mills)

«Il y a des participants qui reviennent au camp année après année, et cela m’étonne un peu,» constate Howard. «Il y a une limite sur les connaissances théoriques et pratiques que nous enseignons – le lancer, la prise, les scénarios de compétition, la dynamique d’équipe : ça se répète d’année en année, et on en arrive à se demander pourquoi ces personnes reviennent?» Wendy White, qui avait déjà participé au camp à plusieurs reprises et qui a assisté au camp de cette année avec son équipe mixte du club de curling torontois Tam Heather, sait répondre à cette question. «On peut tant apprendre ici,» dit-elle. «Il est difficile de corriger tous ses défauts et erreurs en une seule année. Si j’en sors en mesure de mettre en pratique le quart de ce que j’apprends ici, je serai ravie. Et c’est la raison pourquoi j’ai fait ce camp quatre fois.» Il y a aussi le fait d’apprendre, curler et bavarder avec des curleurs champions du monde qui semblent prendre autant de plaisir au camp que le font les campeurs. «Ils jouent ensemble, ils s’amusent ensemble et ils sont tellement focalisés, mais à les regarder ce n’est pas évident,» remarque White. «Quand je les regarde jouer, je me rends compte que c’est ce que je veux pour moi-même, gagner mais m’amuser du coup.» Pour sa part, Howard apprécie le camp parce que c’est un moyen pour se rapprocher aux fans qui pratiquent son sport. «De mon point de vue [le meilleur aspect] est la même chose chaque année,» dit-il, «et c’est peut-être un peu du cliché, mais j’aime m’entretenir avec des gens comme Wendy et son équipe. Je suis ravi qu’ils aient cette impression de notre équipe. Parce que c’est exactement ce que nous sommes.» Même si les Essais canadiens de curling Tim Hortons Roar of the Rings se profilent à l’horizon d’ici deux mois, Howard insiste que cette fin de semaine consacrée au camp n’est nullement une distraction inutile. Au contraire : c’est une occasion pour être ensemble en équipe et s’amuser. «Vous nous verrez cette fin de semaine, dans un coin de l’enceinte, et nous bavardons et rions ensemble,» explique-t-il. «Nous nous amusons. C’est rafraîchissant et très positif. Nous redonnons au sport. Nous instructeurs ont des connaissances approfondies, et pourquoi pas les partager?» Laing, l’organisateur principal, déclare que le camp de cette année a été peut-être le plus réussi jamais. «Nous adoptons une approche assez différente quant au jeu et à l’amélioration,» dit-il. «De notre point de vue, tout un chacun a des objectifs différents dans le curling, donc ça ne fait pas de sens, enseigner la même chose à tous.» Pas tout le monde ne sait maîtriser le lancer «parfait», explique Laing, mais il croit que l’approche de son personnel offre quelque chose pour les joueurs de tous les niveaux, et c’est là l’un des piliers de son camp. «Nous avons pensé que nous pouvions aider ces gens à vraiment s’amuser au jeu,» indique-t-il. «Équipe Howard sert d’inspiration, parce que c’est notre philosophie d’équipe : nous ne perdons jamais de vue l’aspect divertissant de notre sport. Et c’est un sport qu’on peut pratiquer toute la vie.»
(Photo Jean MIlls)

Glenn Howard (au milieu) rejoint les équipes sur la glace après le dernier match de dimanche après-midi. (Photo Jean MIlls)