La Coupe Continentale est une expérience compétitive pas comme les autres

Cette semaine à Calgary, dans le Centre Markin MacPhail au Parc Olympique canadien WinSport, ce sera le coup d’envoi de la Coupe Continentale de curling World Financial Group, présentée par SecurTek Monitoring Solutions.
Rivals deviennent coéquipiers sous le format unique de la Coupe Continental World Financial Group. (Photo, ACC / Michael Burns)

Rivals deviennent coéquipiers sous le format unique de la Coupe Continental World Financial Group. (Photo, ACC / Michael Burns)

Ayant déjà concouru à deux de ces compétitions, je dois avouer que l’événement est tellement différent de tous les autres tournois que nous disputons, je n’arrive pas à le décrire d’une manière adéquate. Nous avons participé à l’édition de décembre 2008 à Camrose, Alta., où nous avons été vaincus par Équipe Monde dans une compétition serrée. En janvier 2011, à St. Albert, Alta., nous l’avons emporté haut la main; je me souviens que je suis allé tout droit à la compétition seulement quelques heures après être rentré de lune de miel. Le groupe qui y a participé cette année-là a surnommé l’événement «The Stomping in St. Albert» (nous avons écrasé nos adversaires 298-102 sous l’ancien système de pointage à 400 points; ce fut la plus grande marge de victoire jamais). L’événement comporte une variété d’aspects idiosyncratiques. En premier lieu, la compétition a l’air d’être beaucoup plus importante qu’elle ne l’est vraiment. Demandez à la plupart des fans du curling et ils n’auraient aucune idée de combien de Coupes Continentales notre équipe a gagnées ou même combien nous en avons contesté; cependant ils savent par cœur toutes les statistiques autour du Brier, de Série mondiale de curling ou des Jeux Olympiques. Et pourtant, quand on concourt en Coupe Continentale, on se sent obligé d’en sortir victorieux, c’est comme si toute la semaine sera foutue si on ne finit pas par soulever le trophée.
Nolan Thiessen, à gauche, et Carter Rycroft balayer un rocher pendant la Coupe du Monde Groupe financier 2011 Continental à Saint-Alberta, Alta. (Photo ACC / Michael Burns)

Nolan Thiessen, à gauche, et Carter Rycroft balayer un rocher pendant la Coupe du Monde Groupe financier 2011 Continental à Saint-Alberta, Alta. (Photo ACC / Michael Burns)

L’une des raisons pour ce phénomène est que les équipes de curling ont l’habitude de voyager avec trois autres joueurs et concourir aux côtés de ces personnes à chaque semaine. Les meilleures équipes sont celles dont chaque membre tient à gagner au nom de ses coéquipiers autant que pour soi-même. Et quand nous et nos coéquipiers nous rassemblons dans le cadre de la Coupe Continentale, cet esprit se multiplie pour ainsi dire, parce qu’il y a cinq autres équipes qui viennent s’ajouter aux trois gars avec lesquels on joue habituellement. Donc, plutôt que de viser la victoire pour les trois autres gars sur votre équipe, maintenant ça se fait au nom des 23 autres joueurs et joueuses sur l’équipe. Cela augmente la pression sur les joueurs, mais en même temps ça rend les victoires d’autant plus douces. Si vous ne pensez pas que ça compte, il ne faut que regarder les équipes quand les points décisifs se contesteront plus tard cette semaine – vous verrez 24 joueurs et joueuses sauter de joie, comme s’ils viennent de gagner à a loterie. À la différence de toutes les autres compétitions, en Coupe Continentale nous encourageons les équipes qui sont normalement nos adversaires. L’été dernier, j’ai révélé dans ce blogue que la plupart des équipes sont de bons amis quand on n’est pas sur la glace, tandis que nous sommes des concurrents féroces durant un match. Nous nous entendons très bien avec les autres équipes, mais vous ne nous voyez pas dans les tribunes pour les encourager à un événement où nous concourons aussi. Cette semaine, cependant, nous serons sur les bancs pour tous les matchs, et nous allons crier notre encouragement pour McEwen et Jacobs, tout comme les fans les plus loyaux et passionnés. C’est vraiment un terrain inconnu, mais pour une fin de semaine, c’est tout à fait agréable d’appuyer les équipes qui sont nos plus grands adversaires le reste de l’année. Pour vous former une idée d’à quel point cette situation est contraire à tout ce que nous faisons et pensons normalement, demandez à notre capitaine Randy Ferbey comment il se sentait face à la perspective d’encourager Kevin Martin à l’événement inaugural en 2002? Pour Randy, ça semblait aussi impensable que d’appuyer les Soviétiques à la Série du siècle de 1972. L’événement de cette année est le premier à se disputer sous le nouveau format où le Canada s’affronte seul au reste du monde, sans l’appui de nos voisins du Sud — c’est le rouge et le blanc qui défend son honneur. J’ai participé à pas mal de compétitions internationales, et je vous assure que pour les équipes européennes, la seule chose qui goûte plus douce que la victoire est une victoire sur le Canada. Notre pays est depuis longtemps la plus grande puissance au monde en curling, donc quand on défait le Canada, c’est un moment à savourer. Nous autres sur les bancs d’Équipe Canada nous devons d’user de cette énergie et égaler cette intensité pour nier aux Européens ce genre de satisfaction à nos dépens. Pour les spectateurs dans l’aréna à Calgary et les téléspectateurs à l’écoute tout à travers le Canada, les chances sont bonnes que cette semaine produira des confrontations très intéressantes. En compétition masculine comme en compétition féminine, il y a le potentiel pour rejouer les finales olympiques du mois de février dernier à Sotchi : Brad Jacobs contre l’Écossais David Murdoch et Jennifer Jones contre la Suédoise Margaretha Sigfridsson. Pour ce qui est de Pat, Carter et moi-même, nous tenons particulièrement à jouer contre Thomas Ulsrud et les trois quarts de l’équipe de Niklas Edin, pour nous venger contre ceux qui nous ont éliminés de la compétition pour la médaille d’or en Série Mondiale de curling l’an dernier en Chine. Les compétitions de doubles mixtes sont toujours populaires avec les spectateurs, qui aiment regarder concourir ensemble les hommes et les dames, et cette année la cerise sur le gâteau est la perspective de suivre la dynamique de Mike et Dawn McEwen qui mettront à l’épreuve leur lien personnel en tant que membres de la même équipe. Est-ce qu’ils s’entendront aussi bien sur la glace qu’ils le font dans la vie de tous les jours? Que se passera-t-il si Mike rate un coup et se fait bouder doublement, par sa coéquipière et son épouse? Le dicton veut qu’on a une vie heureuse quand on a une femme heureuse, et je pense que ça va être porté à de nouveaux sommets à Calgary. Je suis certain que Mike va se surpasser à son match; personne ne veut désappointer son épouse, et tant mieux pour toute notre équipe! Tout compte fait, ça va être une semaine très spéciale à Calgary. L’acte d’enfiler le rouge et le blanc est toujours un honneur, et j’espère qu’à la vue de la feuille d’érable, toutes les six équipes seront inspirées à donner le meilleur d’elles-mêmes. Et l’une de nos armes les plus puissantes sera les spectateurs dans l’aréna Markin MacPhail. Venez nombreux, brandissez le drapeau, maquillez-vous le visage tout en rouge et blanc, et applaudissez follement tous les coups réussis par le Canada. Faites salle comble, soyez bruyants et patriotiques, et transmettez cette énergie aux joueurs et joueuses canadiens pour les pousser vers une troisième victoire consécutive, pour la première fois dans l’histoire de la Coupe Continentale! (Nolan Thiessen est un double champion canadien qui occupe le poste de premier dans l’équipe de John Morris, surnommée Équipe Canada, qui concourra en Coupe Continentale 2015 World Financial Group, présentée par SecurTek, du 8 au 11 janvier à Calgary; et au Brier Tim Hortons 2015, présenté par SecurTek, du 28 février au 8 mars à Calgary).