Équipe Canada a pour but de raconter une autre histoire gagnante au Brier Tim Hortons

Est-ce que vous vous souvenez de la dernière fois où vous avez regardé une suite qui était à l’égal de l’original en qualité et divertissement? Et quand cela n’est pas à la hauteur du film original, est-ce que cette déception soustrait également à celui-ci?
Nolan Thiessen, left, and Carter Rycroft sweep Pat Simmons' rock during the 2015 Tim Hortons Brier in Calgary. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Nolan Thiessen, left, and Carter Rycroft sweep Pat Simmons’ rock during the 2015 Tim Hortons Brier in Calgary. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Pour chaque suite de superbe qualité, comme Le parrain II, il semble y avoir une dizaine de La cloche et l’idiot 2 ou Lendemain de veille 2, des films qui font un four. Même les nouvelles versions – où les studios hollywoodiens à court d’idées refaçonnent les vieux classiques – sont souvent désastreuses (pensez par exemple à la nouvelle version sortie cette année du film classique Point Break. Ne pensez même pas à imiter Swayze et Keanu au sommet de leur carrière). Et c’est le genre de dilemme auquel moi et mes coéquipiers d’Équipe Canada faisons face en abordant le Brier Tim Hortons à Ottawa. Que faire en guise de suite? Comment égaler l’histoire qui s’est déroulée l’an dernier à Calgary? En réalité, il faut nous garder de considérer l’événement sous cette perspective; il ne faut pas essayer de réécrire ou de faire revivre l’histoire du Brier Tim Hortons 2015. C’est la mauvaise approche si nous voulons trouver le succès à Ottawa. 2015 a été une expérience très spéciale, mais c’est du passé, et un nouvel événement nous attend, avec ses propres défis et obstacles à surmonter. Pour défendre notre titre, il faudra trouver les moyens pour persévérer et réussir. La notion d’être lents à démarrer puis trouver notre rythme après un départ 2-3, et monter un retour en force inéluctable, c’est là une recette pour ne pas accéder aux éliminatoires, pour ne rien dire du championnat mondial en Suisse. Notre équipe a puisé dans certains des systèmes et idées que nous avions en place l’an dernier, et nous les appliquons à notre préparation de cette année. Nos horaires d’entraînement sont devenus plus intensifs, et nous avons programmé un camp d’entraînement rigoureux (ensemble en équipe et individuellement aussi) débouchant sur le Brier Tim Hortons. Pour les deux semaines qui précédent le coup d’envoi du tournoi, chaque journée a été planifiée, de sorte que nous puissions être au mieux préparés pour notre première partie, dans le Centre TD à Ottawa, à 14h30 le 5 mars, contre le Québec.
Pat Simmons is hoisted by teammate John Morris after winning the Tim Hortons Brier a year ago in Calgary. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Pat Simmons est hissé par son coéquipier John Morris après avoir remporté le Brier Tim Hortons il y a un an à Calgary. (Photo, Curling Canada / Michael Burns)

Qualifier de «forte» la concurrence au Brier Tim Hortons 2016 c’est le moins qu’on puisse dire. Je suis conscient que, parmi les 11 équipes participant au tournoi principal (44 joueurs au total), rien moins de 70 pour cent (31) ont participé à une éliminatoire aux Briers passés, et 36 pour cent (16) ont déjà leur nom gravé sur le trophée. Ces statistiques tiennent compte du fait que le Manitoba présente une équipe «débutante» au Brier Tim Hortons, équipe qui occupe le premier rang au classement international au cours des quatre dernières saisons — ce n’est pas exactement le dossier d’une équipe qui sera apte à perdre les pédales au championnat national. Avez-vous jamais regardé l’émission American Gladiators au début des années 1990? Vous vous souvenez du scénario du «Gauntlet,» où cinq gladiateurs géants s’établissaient dans une demi-lune pour battre les compétiteurs à l’aide de patins de blocage, coudes et tout autre article à portée de main, en vue d’empêcher leur progrès? C’est une bonne métaphore de l’expérience qui attend les équipes au Brier Tim Hortons 2016. Chaque soir, on ira dans sa chambre d’hôtel et on regardera l’horaire de compétition du lendemain, et on se dira «cela s’annonce vraiment dur» Et la vérité c’est que toutes les journées seront comme ça. Étant donné que la qualité de la concurrence va en croissant, une question intéressante se pose. Quelle sera la nouvelle clé du succès? Les équipes sont tellement bonnes et elles réussissent tant de coups difficiles ces jours-ci, on se demande quel pourrait être le prochain aspect qu’une équipe puisse travailler pour se distinguer de la concurrence. On sait bien que les meilleurs joueurs s’entraînent bien plus sérieusement, physiquement et mentalement, ces jours-ci. C’est une approche complètement professionnelle. Les équipes ont davantage de perspectives d’exposition à la télé, et elle se préparent en vue de réussir dans les situations où la pression est intense. Certains de ces facteurs étaient autrefois les éléments qui donnaient à certaines équipes une longueur d’avance, mais quand TOUT LE MONDE se débrouille très bien dans ces domaines, quelle est la prochaine étape? Sans doute, cette «année du balai» montre à quel point les équipes cherchent cette longueur d’avance. Face aux limites imposées sur les produits qu’on peut utiliser – grâce à la réaction rapide de notre organisme directeur, en collaboration avec les joueurs et joueuses – notre balayage à Ottawa sera plus strictement contrôlé, mais vous auriez tort de croire que c’est la fin de l’histoire. La boîte de Pandore est ouverte maintenant, et l’équipe qui trouve les moyens pour mieux contrôler les pierres est celle qui aura l’avantage à Ottawa. Évidemment, le lanceur aura un plus grand rôle que jamais cette semaine — nous ne devrions pas avoir la possibilité de contrôler la trajectoire de la pierre comme avec une manette de jeu vidéo, mais la capacité de sortir du pétrin un lancer étroit avec une bonne attaque aux balais, c’est toujours un facteur capital. Le balayage pourrait évoluer encore cet été, mais pour le moment les règles sont claires, et il faut trouver les moyens d’en user à notre avantage pour remporter des victoires. Et le prochain chapitre, donc? Est-ce que l’équipe victorieuse à Ottawa aura trouvé de nouvelles formules stratégiques pour déployer dans le cadre de ce jeu d’échecs sur glace? Ou est-ce que le vainqueur sera l’équipe qui s’accroche aux traditions et qui est la dernière à quitter le Patch chaque soir? (Probablement que non, mais on pourrait essayer). Peut-être que nous en sommes arrivés au sommet du professionnalisme et il s’agira strictement de la qualité des coups et d’une forte dose de bonne fortune? Peu importe comment cela se dénoue à Ottawa, c’est un fait avéré que l’équipe qui gagnera aura bien joué tout au long de la semaine, et dame fortune lui aura souri plusieurs fois pour l’élever au rang de champion. Et peu importe le dénouement, comme supporteurs, dans l’aréna ou sur TSN, vous allez voir certains des meilleurs joueurs de curling au Canada qui se donnent cœur et âme en vue de représenter notre pays au championnat mondial. Rien de plus beau, non? (Nolan Thiessen, chef de file de l’équipe canadienne, vise pour son troisième championnat canadien droite de curling masculin, et le quatrième de sa carrière, quand 2016 Tim Hortons Brier débutera samedi à TD Place à Ottawa Pour obtenir des renseignements sur les billets, allez à: www.curling.ca/2016brier/billets/?lang=fr)