Coup de folie avec Matt Dunstone

Cette semaine, John cause avec Matt Dunstone, champion manitobaine et canadien junior de 2013 et 2016 : ce jeune skip vient de faire sensation aux cercles de curling quand il a accédé à la finale du championnat provincial senior, éliminant Reid Carruthers avant d’être défait par Mike McEwen à la finale. Matt se rendra bientôt à Taarnby, Danemark pour le Mondial de curling junior, où il espère améliorer sur la médaille de bronze qu’il a gagnée en 2013. Bienvenue à Coup de folie, une nouvelle série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue de lancer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment. 1. Quel est le plus beau coup auquel tu aies jamais participé? Matt Dunstone: Je pense que c’était probablement il y a trois ans, au tournoi junior d’Ottawa … John Cullen: Attends, Attends – tu veux dire que ce n’était pas un des deux coups phénoménaux à la finale du championnat canadien junior? Ou ce coup vraiment splendide au championnat provincial du Manitoba? MD: Ben, c’étaient de beaux coups aussi, mais celui-ci ressort pour une raison ou une autre. C’était à la demi-finale, et nous nous affrontions à Kyle Doering, qui est maintenant deuxième sur mon équipe à moi. Ce coup avait été peut-être la raison qui l’a convaincu à se joindre à mon équipe en fait. (rire) J’avais à exécuter un placement au bouton pour égaler la marque, mais j’ai opté d’essayer une sortie. Comme stratégie, c’était idiot, mais tout a fini pour le bien. C’était une double sortie sur une garde positionnée juste au-delà de la ligne de cochon, et sur une pierre installée juste à l’intérieur devant du cercle des 12 pieds. J’avais à déplacer celle-ci juste au-delà de la ligne de cochon, et à un léger angle aussi, et mon coup a abouti sur le bouton. JC: C’est fou! Si seulement on avait ça sur vidéo. Et puis tu as également réussi un placement au bouton pour remporter ton premier titre provincial junior, si je me souviens bien. MD: Ben, c’est probablement la seule vidéo de moi qui existe à la bande des faits saillants (rire) Normalement, un placement au cercle des huit pieds est une grande distance pour moi. Et comme tu l’as dit, j’ai eu le bonheur de participer à bon nombre de coups mémorables tôt dans ma carrière, et ils sont toujours très passionnants, même si parfois ils sont vraiment dingues. (rire)
Feb 9/13 - Fort McMurray, AB - M&M Meat Shops Junior Curling Championships - Men's Final - Manitoba skip, Matt Dunstone celebrates win over Alberta - CCA/Michael Burns Photography/Mark O'Neill Photo

Matt Dunstone saute de joie après avoir signé la victoire pour le Manitoba au Championnat canadien junior 2013 (Curling Canada/Michael Burns Photography/Mark O’Neill Photo)

2. Quel joueur saurais-tu battre dans un combat corps à corps? MD: Je sais que la réponse typique est Colin Hodgson, mais il fait beaucoup pour moi, donc je ne vais pas y toucher. Je pense que je pourrais facilement battre l’un ou l’autre des gars sur mon équipe. Tout ensemble ils pèsent moins de 130 kilos. JC: (rire) Certains invités ont répondu en choisissant quelqu’un sur leur propre équipe, mais jamais tous les trois ensemble. Tu te penses capable de te battre avec tous les trois ensemble? MD: Je pense que même les enfants de 10 ans comme on en voit au Jamboree seraient capables de les battre à trois contre un. (rire) Et Erin Pincott aussi. J’ai été au Mondial avec elle en 2013 et elle est forte. Elle n’aurait pas de problèmes à les battre. Je pense qu’un bon adversaire pour moi serait Reid Carruthers. C’est un type expérimenté, mais je pense que je pourrais trouver ses points faibles, cibler ses vulnérabilités. Si la fortune me souriait, je saurais le descendre. 3. Si une charcuterie tenait à baptiser un sandwich en hommage de toi, comment serait ce sandwich? MD: Une tonne de fromage. Mes favorites sont le fromage à la crème, le féta et le cheddar sur un sandwich. JC: Bon Dieu. MD: Ils sont tous là. Mec, c’est délicieux. Je les y mettrais, avec une tranche mince de bifteck, garni de bacon, sur un pain de seigle marbré. JC: Ça se voit que tu as 20 ans. Si je mangeais cela, il est fort probable que je mourrais. (rire) MD: (rire) Ah, l’estomac essaie toujours de me dire que c’est pas une si bonne idée, mais sur le moment, c’est tellement délicieux. Et je l’appellerais Fouteur de marde, pour des raisons évidentes… 4. Lequel de tous tes boulots a été le pire? MD: Le pire de mes boulots, je ne sais lequel, mais la pire décision a été celle d’aller à l’université. (rire) Si l’on peut considérer l’université comme un boulot, c’était le pire, pour sûr. JC: (rire) Pourquoi est-ce que c’était si mauvais que ça? MD: Bon, je n’avais aucune idée de ce que je voulais devenir, et les études n’ont jamais été sur ma liste des favorites, donc ce n’était pas un temps très heureux. Je suivais des cours mais je passais mon temps à rêvasser. Disons que ce n’est pas un chemin que je vais reprendre. Et pour ce qui est des vrais boulots, j’ai été préparateur de la glace dans quelques clubs de curling quand j’étais plus jeune. JC: Beaucoup de joueurs de curling font fonction de préposé à la glace : je suis surpris que tu n’aies pas aimé ce travail. MD: Bon, le travail en soi n’était pas terrible, et j’avais l’avantage de m’exercer aux lancers à mon gré, mais la plupart des gens ne se rendent pas compte que les responsabilités du préposé à la glace s’étendent bien au-delà de la piste, incluant le travail de concierge, et là c’est pas beau. Disons qu’il y a peu de plus dégueulasse que les toilettes des hommes après la ligue des hommes de samedi matin. JC: (rire) Je peux seulement imaginer … MD: Je veux même pas savoir ce qu’ils avaient fait la veille, ces joueurs. (rire) 5. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as tenu comme vrai pendant longtemps, mais en fin de compte tu as découvert que tu avais eu tort? MD: Wow, excellente question. Je ne sais si je peux le dire sans qu’on ne le prenne mal, mais l’exemple qui me vient en tête c’est que j’avais pensé que Mike McEwen était imbattable. Est-ce que cela a l’air fou? (rire) JC: (rire) Je pense que nous avons tous éprouvé ce sentiment à regarder jouer Mike. MD: Exactement : Je dis cela sans aucune méchanceté, et évidemment il nous a vaincus deux fois au championnat provincial du Manitoba, incluant à la finale, mais en grandissant dans le Manitoba, on le voyait gagner TOUT le temps, et les jeunes joueurs se disaient «ce mec est imbattable; nous ne saurions jamais le descendre,» et puis advenu le tournoi Morris, où nous l’avons battu deux fois, incluant le match qui nous a payé une qualification aux éliminatoires, et on se ravise en se disant «bon, ben peut-être que j’avais eu tort de penser comme ça.» JC: Je ne pense aucunement qu’il s’agisse d’un manque de respect comme tu le crains. Je pense que c’est un sentiment très répandu chez les jeunes athlètes, la notion que ce serait difficile, sinon impossible, de vaincre les équipes en lice. Et c’est un fait. MD: Précisément. Il y a avait un moment où je me suis dit : «Je ne me pense pas capable de le vaincre.» C’était probablement juste avant de nous affronter à son équipe pour la première fois, au tournoi Morris. (rire)
Grande Prarie AB, Dec 4, 2015, Home Hardware Canada Cup Curling, Team McEwen, skip Mike McEwen, Curling Canada/ michael burns photo

« L’exemple qui me vient en tête c’est que j’avais pensé que Mike McEwen était imbattable. Est-ce que cela a l’air fou? (Curling Canada/ michael burns photo)

6. Bon, passons maintenant aux questions qui portent spécifiquement sur Matt Dunstone. Normalement j’essaie de déterrer des saletés sur mes invités, et dans ton cas à toi, c’est réellement la saleté. Quel animal de ferme as-tu indiqué comme le moins préféré de ton point de vue? MD: (rire) Drôle de question. Oui bien un mouton ou un cochon. JC: Vraiment? J’ai entendu dire mouton, sans équivoque … MD: Bon, une de ces bêtes m’a attaqué, si c’est ce que tu veux dire. (rire) C’était une expérience traumatisante, je te dis. Même aujourd’hui, j’ai une phobie. J’étais dans un champ en train de courir après les poules; j’avais autour de 7 ans, si je me souviens. Or, il paraît que j’ai frôlé de trop près un mouton avec des brebis, et cela ne s’est trop bien passé. Le mouton s’en est pris à ma petite personne, et j’ai abouti assis dans une mare de boue.
Stratford Ont.Jan 31 2016.Canadian Junior Curling Championship.Manitoba skip Matt Dunstone, Nova Scotia skip Mary Fay, Curling Canada/michael burns photo

Matt Dunstone (Manitoba) et Mary Fay (Nova Scotia) (Curling Canada/michael burns photo)

JC: C’est le plus «Prairies» de tous mes entretiens. (rire) MD: (rire) Ouais, c’était dur, je te le dis. Je n’aime pas les cochons non plus. Ils sont effrayants. Mais si j’avais à choisir, si on m’enferme dans une chambre, le mouton est le dernier animal avec lequel je voudrais partager. (rire) Je pense que si je visitais un mini-zoo d’animaux de ferme, j’aurais peut-être le courage de caresser un mouton, mais si c’est juste moi et le mouton, sans supervision…aucune idée comment cela finirait. JC: Je pense que ça vaut la peine d’arranger la rencontre. Matt Dunstone vs. un mouton. Ça s’annonce comme une belle bataille. Même meilleure qu’un affrontement entre toi et Reid. MD: Tu veux bien arranger cela? (rire) Ce serait une bonne occasion pour surmonter mes phobies. 7. Si quelqu’un te disait qu’il fallait te soumettre à avoir un doigt dans le globe oculaire pour 10 minutes de suite, ou bien restituer ta médaille d’or du championnat canadien junior, laquelle des deux options choisirais-tu? MD: (rire) Wow, tu as fait tes devoirs, Cullen. Je sais exactement qui t’a donné cette info aussi. C’est une décision vraiment dure. Je ne peux même toucher à mes propres yeux, sans même penser à l’idée que quelqu’un d’autre y touche. Et même pas si j’ai les jeux fermés, touchez pas!. Aïe…t’as dit 10 minutes? Cris…. Bon, bye-bye médaille. Je pourrais pas supporter. JC: (rire) Sérieusement? MD: Sérieusement, je ne pourrais pas. Si tu avais dit une trentaine de secondes, peut-être, mais 10 minutes? Nullement. Peut-être quand le mouton m’a renversé sur le cul, quelque chose m’est arrivé aux yeux aussi, mais je te dis qu’ils sont incroyablement sensibles. La seule pensée me donne des douleurs aux yeux maintenant. (rire) JC: Peut-être c’est une nouvelle stratégie : quand tu te mets à lancer, ton adversaire devrait cibler tes yeux. MD: C’est bizarre, je sais, mais ils sont follement sensibles. Je ne sais si «douleur» est le bon terme, mais si j’ai un œil qui démange et je sais qu’il faut y toucher du doigt, je ressens des palpitations. C’est bizarre. JC: Heureusement que tu ne portes pas de verres de contact. MD: Je porterais des lunettes ou je serais aveugle. L’un ou l’autre. (rire)
Stratford Ont.Jan 31 2016.Canadian Junior Curling Championship.Manitoba skip Matt Dunstone delivers his stone during his 11-4 victory over Northern Ontario.Dunnstone captures his second Canadian jr. Curling Championship. michael burns photo

Le champion canadien junior 2016, Matt Dunstone, démontre son excellente forme de glissade sur les orteils (Curling Canada/Michael Burns photo)

8. Bon, cette question finale a été proposée par Chelsea Carey, qui savait très bien que tu serais mon prochain invité, et elle te demande : qui a la meilleure et qui a la pire glissade à talon levé, parmi tous les Manitobains de tout temps, et sur qui est ce que tu bases la tienne? MD: Très beau, Chelsea, excellente question! Le meilleur de tout temps, je ne sais pas trop la réponse, mais je peux répondre que personnellement, j’admire beaucoup le style de BJ Neufeld. J’admire comment il se tient à même la glace, et il réussit un tas de coups. Pour ce qui est du pire exemple, c’est dur. J’ai vu pas mal d’adversaires qui font la glissade à talon levé. Je pense qu’il faut choisir encore mon propre coéquipier, Kyle. Ce gars se sert d’une canne pour sa glissade. Qui se sert d’une canne? C’est naze. JC: Et puis Reid? Je suppose qu’il a les pieds un peu plus plats que Kyle, mais c’est lui qui est sorti la canne en premier. Je suppose que cela a l’air un peu plus cool parce que c’est sa propre conception. MD: Ouais, Reid est exempté donc, mais à part cela, si on fait la glissade à talon levé il faut avoir un balai de paille. Ça devrait être la règle. Pour ce qui est de la mienne, j’ignore. Pas mal de gens disent que la mienne est moche. Colin Hodgson m’a dit en face que la mienne était la plus laide qu’il ait jamais vue, mais je pense que ce commentaire se basait partiellement sur mes vieilles chaussures de curling. JC: Ben, elles étaient vraiment moches. MD: Oui, il les détestait, comme le reste du monde, je pense. Honnêtement, je ne sais si j’ai imité un joueur particulier en développant ma glissade. La seule personne dont je me souviens d’avoir observé de près est Mike McEwen. Lui et moi avons des glissades bien différentes, mais je l’ai regardé relâcher la pierre et j’ai certainement tiré des leçons de cette partie de la technique, et j’ai essayé d’en user.
2014 Home Hardware Canada Cup of Curling, Camrose, B.J.Neufeld, CCA/michael burns photo

BJ Neufeld a la meilleure glissade à talon levé parmi tous les joueurs manitobains, au dire de Matt Dunstone (Curling Canada/Michael Burns photo)

JC: Super, merci Matt! Et maintenant il faut que tu me donnes une question. Ma prochaine invitée est une autre participante au Mondial junior, ta coéquipière d’Équipe Canada, Mary Fay. MD: Mary Fay, tu dis? Hm. Bon : demande-lui si elle voudrait se marier avec l’un ou l’autre des membres de l’équipe qui vient de remporter la médaille d’or au championnat canadien junior de curling masculin. Qui choisirait-elle, et pourquoi?
Stratford Ont.Jan 31 2016.Canadian Junior Curling Championship.Team Manitoba, Curling Canada/ michael burns photo

Les champions canadiens juniors, représentant le Manitoba: Matt Dunstone, Colton Lott, Kyle Doering, Robbie Gordon et l’entraîneur Calvin Eadie (Curling Canada/ michael burns photo)

JC: (rire) Sérieusement? Et elle répondra comment, tu penses? MD: Je suis sûr et certain qu’elle dira Colton Lott. Le gars est un mannequin, le prochain Johnny Mo. (rire) Mais j’espère cependant qu’elle me choisiras. (rire) Tu peux lui dire qu’on peut avoir la noce au Danemark, le dernier soir du championnat mondial junior, si elle veut bien. JC: (rire) Bon Dieu, une question fabuleuse et un entretien tout aussi fabuleux. Merci beaucoup, mon gars, et bonne chance au Danemark! Ne manquez pas de suivre Matt sur Twitter @mattydunstone28 et John aussi, au @cullenthecurler.