Sur le chemin des Jeux Olympiques de la jeunesse : «Nous nous croyions à la hauteur, et nous avons réalisé notre mission!»

Karlee Burgess, 17 ans, est une joueuse de curling qui a représenté le Canada aux Jeux Olympiques de la jeunesse 2016 à Lillehammer, Norvège, où elle et ses coéquipiers Tyler Tardi, Mary Fay et Sterling Middleton en sont sortis avec la médaille d’or. La présente chronique est le dernier chapitre d’une série où Karlee partage ses expériences sur le chemin des Jeux Olympiques de la jeunesse – et l’épilogue. Qu’est-ce qui s’est passé depuis son retour de Norvège? Beaucoup, effectivement!
Karlee Burgess with teammates Mary Fay, Tyler Tardi and Sterling Middleton on the podium at the Youth Olympic Games: “Nothing in the world could make me happier.” (WCF/Richard Gray photo)

Karlee Burgess avec ses coéquipiers Mary Fay, Tyler Tardi et Sterling Middleton au podium des Jeux Olympiques de la jeunesse: «J’étais au septième ciel. Rien de plus beau.» (photo de FMC/Richard Gray)

1. Racontons encore l’expérience des Jeux Olympiques de la jeunesse: Comment te sentais-tu au sommet du podium, entourée de tes coéquipiers, en écoutant «O Canada»? Les Jeux Olympiques de la jeunesse ont été l’expérience la plus incroyable qui soit. L’atmosphère était juste comme les Jeux Olympiques. Équipe Canada rassemblait 53 athlètes des quatre coins du pays, concourant en 15 disciplines différentes de sports d’hiver. Au total, soixante-dix nations y ont pris part, et nous avons tous essayé d’apprendre mutuellement les uns des autres. Les philosophies qui sous-tendaient ces Jeux Olympiques de la jeunesse étaient : Respect, Excellence, Amitié. Les cérémonies d’ouverture ont dépassé toutes mes attentes. Toute notre équipe était remplie de fierté et d’enthousiasme. Quand on allumait la vasque et on hissait le drapeau olympique, j’ai ressenti un frisson de joie et d’excitation. Ce fut le moment où je me suis rendu compte que tout mon travail dur et tous mes sacrifices avaient valu la peine….le rêve de tous les athlètes est de concourir à un grand événement multisports, et me voilà au pied d’une colline de ski aux Jeux Olympiques de la jeunesse. Comme équipe de curling, nous avons bien joué tout au long de la semaine; notre année d’entraînement ensemble tirait vers sa fin. Et c’était un dénouement de conte de fées pour ainsi dire, alors que nous sommes montés à la plus haute marche du podium, en écoutant notre hymne national et en regardant hisser le drapeau canadien. Encore un autre moment de chair de poule; j’étais au septième ciel, au sommet du podium : un rêve est devenu réalité. Et je suis tellement fière d’avoir partagé ce moment avec Tyler, Sterling, Mary et Helen (Radford, l’entraîneure de l’équipe). C’était un honneur aussi de partager cela avec huit de mes proches qui avaient fait le trajet en Norvège. Sans leur soutien, ce rêve ne se serait peut-être pas réalisé. 2. Ton équipe a été invincible à Lillehammer, et ce n’est pas un mince exploit! Comment était le niveau de concurrence? Je me souviens que, la toute première journée, nous voyions des équipes qui s’entraînaient et nous nous sentions un peu anxieux puisque le niveau de compétition et d’habileté était plus élevé que nous nous étions attendus chez des équipes mixtes de niveau junior. Et effectivement, durant le tournoi nous avons disputé bon nombre de matchs serrés, où très peu de points se sont enregistrés. Ces équipes faisaient la fierté de leurs patries respectives. Je pense qu’un élément clé de notre succès était le fait que nous nous amusions à jouer ensemble; nous arrivions à tirer des sourires les uns des autres, peu importe les circonstances. Nous avons terminé le tournoi à la ronde avec un dossier parfait, et nous avons accédé au quart de finale, où les conséquences étaient victoire ou élimination. Nous avons gagné le quart de finale et la demi-finale, puis nous nous sommes affrontés aux États-Unis à la finale. 3. Comment était la chimie et la cohésion de l’équipe, entre vous quatre – Mary, Tyler, toi et Sterling? Tous nos parents et même notre entraîneure Helen ont été étonnés par les liens d’amitié que nous avons tissés. Cette équipe avait une dynamique vraiment incroyable et ce, dès le début. Je pense que nous nous sentions vraiment confortables à nos postes respectifs, et cela nous a permis de faire une confiance complète aux autres. L’équipe s’est consolidée d’une manière aisée, naturelle et transparente, et nous ne laissions pas de sourire. Mary et moi avons des amis à l’autre bout du pays, et ce sera une amitié d’une vie. Sterling et Tyler, je vous remercie de tout votre appui; j’ai été vraiment chanceuse de vous avoir rencontrés. Sans exagérer, c’est vous qui avez rendu la semaine tellement spéciale. Et Mary, encore une autre victoire qui va rester dans nos souvenirs pour le reste de notre vie. Nous avons accompli cela ensemble, et je n’aurais choisi personne d’autre pour partager cette aventure.
(WCF/Richard Gray photo)

(WCF/Richard Gray photo)

4. Helen Radford a encadré votre équipe des Jeux Olympiques de la jeunesse. Comment est-ce qu’elle a contribué à votre succès? Helen, je ne peux assez vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous cette année. Sans aucun doute, nous ne serions pas montés aux marches de ce podium sans l’effort que vous avez investi pour nous amener à trouver le meilleur de nous-mêmes aux lancers comme au balayage. Les opportunités que vous nous avez procurées ont été incroyables. Nous avons eu le bonheur de rencontrer certains des meilleurs joueurs et entraîneurs au monde. Helen a pris les habiletés et techniques que nous avions déjà développées, et elle les a peaufinées pour nous donner une longueur d’avance sur le monde entier. Helen était tellement sage, patiente et claire dans ses explications. Nous avons fait beaucoup de chemin, et c’était un privilège d’avoir reçu cet entraînement. 5. Et l’expérience à Lillehammer, au-delà de la piste de curling, comment était-ce? As-tu eu la chance de croiser des joueurs et joueuses des autres nations? L’atmosphère aux Jeux était tellement sympa. Nous nous sentions chanceux puisque le salon de restauration et le club de curling étaient tout près. D’autres athlètes ont dû faire de longs trajets en autobus pour se rendre aux différents sites de compétition. En plus, la route que nous prenions pour nous rendre au club de curling était tellement pittoresque : les montagnes tout autour, toutes les couleurs des Jeux Olympiques de la jeunesse, et des bannières qui paraient le village, c’était vraiment beau et spécial. L’allée que nous empruntions chaque jour était bordée des drapeaux de toutes les nations; c’était très mémorable, et l’émoi nous coupait le souffle. Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer des joueurs et joueuses de premier ordre, représentant une variété de pays. Tout le monde partageait la même passion pour le sport, et on se sentait vraiment fiers de pouvoir représenter nos pays respectifs aux deuxièmes Jeux Olympiques d’hiver de la jeunesse. À la fin de la semaine, on nous a jumelés avec un partenaire pour des parties de doubles mixtes. Nous avions tous des partenaires très sympas, et ils se réjouissaient à la perspective de jouer aux côtés d’un joueur ou une joueuse canadien. Personnellement, je me sentais un peu coupable, puisque j’avais très peu d’expérience en doubles mixtes. 6. Qu’est-ce que tu vas tirer de ton expérience des Jeux Olympiques de la jeunesse? Pour devenir un athlète de premier ordre, il faut beaucoup de sacrifices pour en arriver au rang ciblé, et quand une occasion survient, il faut la saisir et savourer l’expérience. J’aime tellement ce crédo des Jeux Olympiques de la jeunesse: «Aller au-delà et créer demain». C’est une philosophie que je tiens à vivre! 7. Les Jeux Olympiques de la jeunesse prennent fin – et quelques semaines plus tard te voici en route vers le Danemark pour le Mondial junior! Sur la glace et ailleurs, comment est-ce que toi et Mary vous êtes préparées à encore une autre compétition majeure? En tout premier lieu, nous étions absolument crevées, et nous avions deux semaines de devoirs à rattraper, donc priorité numéro une était de trouver un bon équilibre entre le sommeil et les études. Nous avons eu la chance de nous relaxer et vraiment apprécier et vivre le moment pendant quelques jours. Nous avons eu une communication solide avec le personnel enseignant. Les gens chez South Colchester Academy ont été super compréhensifs et non seulement a-t-on donné que d’encouragement pour ces deux compétitions importantes, mais en plus, on m’a donné amplement de temps pour me rattraper au fur et à mesure. Cela a enlevé beaucoup de pression et m’a permis de me concentrer sur le curling et sur mes coéquipiers. Nous avons pris quelques jours de congé de la piste de curling, mais même après un couple de jours nous nous sentions qu’il était temps de commencer à nous préparer, corps et esprit, au Mondial. Comme athlète, il s’agit de surmonter les défis et supporter les périodes difficiles ou intenses.
Karlee Burgess watches USA skip Cory Christianson’s shot during the final of the 2016 World Junior Women’s Curling Championship in Taarnby, Denmark (WCF/Marissa Tiel photo)

Karlee Burgess suit des yeux le lancer de la capitaine américaine, Cory Christianson, à la finale du Mondial 2016 de curling junior féminin à Taarnby, Danemark (Photo de FMC/Marissa Tiel)

8. Au Mondial junior, vous vous êtes affrontées à des équipes bien établies et expérimentées. Comment était la concurrence? La concurrence au Mondial était féroce. Il y avait beaucoup de bonnes équipes, et des équipes qui étaient de retour pour une deuxième, une troisième fois. Il est vraiment évident quelles nations poussent leurs juniors à devenir les meilleurs au monde. Les équipes ne vous permettaient pas de faire des erreurs, et inversement, quand une occasion survenait, il fallait en profiter. 9. Vous avez perdu aux États-Unis à l’éliminatoire Page 1-2 – comment vous êtes-vous débrouillées pour vous ressaisir et aborder la demi-finale et la finale? Comme on le dit, «tout arrive pour une raison». C’était vraiment dur de perdre l’éliminatoire 1-2 au tout dernier coup, mais il a fallu nous relever les manches vite fait, puisque moins de deux heures plus tard, nous nous affrontions à une équipe hongroise très forte. Donc en tant qu’équipe, nous nous devions de mettre la défaite au rétroviseur et discuter de ce qu’il fallait faire pour gagner le prochain match. On repartirait à zéro! À l’échauffement, nous avons vraiment visé à créer un élan positif, pour chasser de la tête tout souvenir du match précédent. Rétrospectivement, nous croyons que ce revers a été un des meilleurs scénarios de notre point de vue, puisque nous nous sommes rendu compte qu’au Mondial junior, rien n’est tenu pour acquis, et il fallait nous renforcer le jeu, redoubler les efforts aux éliminatoires. Nous avons mis la main à la pâte et nous nous sommes assurées d’être exactes et confiantes avec chaque lancer. 10. Vous gagnez la finale et vous mettez la main sur une autre médaille d’or. Comment était la finale? Et après? Un moment d’émoi, sans doute? La bataille a commencé dimanche, et la capitaine américaine était soumise à beaucoup de pression, mais elle a relevé le défi. Le match était chaudement disputé, et nous avons su marquer deux points clés au huitième bout et en voler un autre au neuvième bout, pour ouvrir une avance de trois points pour aborder le dernier bout. Nous nous sommes bien débrouillées au dernier bout, et au premier tir de Mary, la possibilité est survenue pour boucler la boucle sur le match. Je me souviens de tous les fins détails de ce moment-là. J’étais anxieuse et agitée; je craignais de laisser échapper mon balai, donc j’ai serré la main sur le balai pour prévenir une telle catastrophe. Je me souviens que j’ai pris Janique dans les bras au moment même où la pierre s’est immobilisée. Et puis c’était une vague d’excitation, comme entrer dans un rêve. Maintenant on est championnes du monde. C’était un moment très spécial pour ma famille et moi, puisque je représente la troisième génération de ma famille à gagner un championnat du monde de curling : ma grand-mère (Judy Burgess, entraîneure de l’équipe victorieuse au Mondial 2010 de curling senior féminin) et mon père (Craig Burgess, champion du monde junior 1988) avaient déjà gagné un titre mondial, donc c’était chouette, puisqu’ils étaient présents tous les deux au Danemark; ils étaient venus me regarder et m’appuyer. Après qu’on nous avait enlevé les microphones et pris quelques clichés, je me suis dépêchée dans les bras de ma mère puisque je voyais qu’elle pleurait. C’est un des meilleurs câlins que j’aie jamais donnés à ma mère. C’était une semaine tellement agréable, et puis nous avons eu le plaisir de terminer cette aventure comme championnes du monde. Je suis tellement fière de mon équipe : nous avions travaillé tellement fort, nous nous croyions à la hauteur, et nous avons accompli notre mission!
Canadian fans played a huge role in supporting Team Canada at the Youth Olympic Games Lillehammer, Norway, says Karlee Burgess, who played second on the gold-medal team (WCF/Richard Gray photo)

Les partisans canadiens ont joué un rôle important, offrant un appui enthousiaste à Équipe Canada aux Jeux Olympiques de la jeunesse à Lillehammer, Norvège, au dire de Karlee Burgess, la deuxième sur l’équipe médaillée d’or (photo de FMC/Richard Gray)

11. Tu peux parler un peu des moyens par lesquels l’appui de tes amis et de ta famille a contribué à ton succès cette saison, chez toi et aussi en Norvège et au Danemark? Cette saison, comme la plupart des saisons, a exigé pas mal de déplacements, pour l’entraînement hors glace, les séances pratiques et les sessions de fin de semaine, plus les matchs et les tournois. Jusqu’à cette année, j’avais besoin d’un véhicule et de quelqu’un pour le conduire, et mes parents se sont démenés pour arranger leurs engagements de travail et de famille pour assurer que je me rends aux différents endroits. J’ai le grand bonheur d’avoir une famille tellement généreuse et encourageante! En Norvège, mes parents et mes quatre grands-parents, ma tante et mon cousin sont venus aux Jeux Olympiques de la jeunesse, donc au total j’avais huit membres de ma famille pour m’appuyer à Lillehammer. Puis au Danemark, mes parents, mes quatre grands-parents, mon frère et mon chum ont fait le trajet, donc encore une fois, j’avais huit de mes proches là avec moi à Copenhague. Toute notre équipe, aux JOJ et au Mondial, avait un contingent enthousiaste de famille et de proches. Nous avons vraiment apprécié ce soutien, et nous nous savions chanceux. Mes parents ont été splendides avec l’appui qu’ils m’ont donné cette saison. Les cours que j’ai manqués et les devoirs que j’ai dû rattraper, cela a procuré beaucoup de stress, mais mes parents m’ont aidée à tenir le coup. Ils font l’effort de se rendre partout où je joue, pour me regarder et m’appuyer, et je suis tellement reconnaissante d’avoir des parents qui sont dans mon coin et qui me donnent un appui solide et indéfectible. Mes grands-parents sont tellement fiers de moi. Ça me réchauffe le cœur d’avoir des grands-parents qui ne laissent pas de me dire qu’ils sont contents d’être mes grands-parents. Ils sont tellement aimants, et ils ont joué un grand rôle en m’encourageant à viser haut, et en m’appuyant dans tout ce que je fais. 12. As-tu d’autres pensées ou réflexions sur ce que tu as vécu cette saison? Des remerciements, des moments très spéciaux ou amusants ou significatifs, ou des réflexions à propos de tes coéquipiers? Cette année va être différente de toutes les autres. La plus mémorable de ma vie jusqu’à date. À nos communautés, la province de Nouvelle-Écosse, les clubs de curling de Truro et Chester, nos familles et nos proches, Curling Canada et nos très généreux commanditaires et supporteurs – vous faites tous partie de cette merveilleuse aventure, et vous partagez ces médailles d’or avec vous; nous n’aurions pas su le faire sans votre appui! Je remercie toutes les deux équipes de m’avoir incluse dans leur nombre, et d’avoir vécu cette expérience avec moi. Un grand merci à Curling Canada de m’avoir confié cette mission de partager cette expérience avec vous et toute la communauté de curling. À l’équipe des JOJ 2020, appréciez chaque instant. Je vous promets que ce sera l’expérience d’une vie!
Karlee Burgess caps off the season by competing at the Humpty’s Champion’s Cup, a Grand Slam of Curling event held in Sherwood Park, Alta. (Photo Anil Mungal)

Karlee Burgess boucle la boucle sur la saison, concourant à la Humpty’s Champion’s Cup, un événement du Grand Chelem de curling, tenu à Sherwood Park, Alta. (Photo d’Anil Mungal)

Note de la rédaction : Juste après cette entrevue, Burgess a disputé son premier événement Grand Chelem avec une version révisée d’Équipe Fay: la capitaine (normalement la troisième) Kristin Clarke, la troisième (la remplaçante d’Équipe Fay, une native de Colombie-Britannique) Sarah Daniels, Burgess et Janique LeBlanc (la capitaine habituelle, Mary Fay, n’a pas pu participer puisqu’elle passait des examens). La jeune équipe n’a pas accédé aux éliminatoires et a terminé le tournoi avec un dossier 1-3, mais elle a tout de même fait sensation dès le premier match, volant un point en bout supplémentaire pour l’emporter 5-4 sur Chelsea Carey, championne du Tournoi des Cœurs Scotties 2016. Mary Fay a annoncé qu’elle quitte l’équipe pour se concentrer sur ses études, mais il ne fait aucun doute que Burgess et ses coéquipières continuent leur parcours la saison prochaine – et après. YOJ 5 Tweet Team Fay resized