La vedette de la ville-bulle

Jon Wall – Photo: Michael Burns/Curling Canada

Dans les coulisses, le technicien de glace Jon Wall est un rouage essentiel de la ville-bulle

Un vieux dicton affirme qu’ils ne font plus rien comme avant.

Bien sûr, votre voiture ne dure pas aussi longtemps qu’il y a 50 ans, et votre téléviseur est dépassé six mois après l’avoir acheté, mais comme pour beaucoup d’autres choses, une solide attitude positive n’est jamais démodée.

Pour assurer le succès de la ville-bulle de Calgary, une attitude positive n’est pas seulement un atout, c’est un état d’esprit essentiel.

Quelques membres choisis de la bulle de Calgary ont mis leur vie domestique sur pause pour intégrer la bulle, parfois pendant plusieurs mois consécutifs, afin d’être présents sur le terrain pour coordonner la difficile tâche logistique nécessaire pour présenter une compétition.

Et même sept compétitions consécutives, dans le cas de la ville-bulle.

Personne ne connaît mieux cette expérience qu’un groupe connu sous le nom de «marathoniens de la bulle». Ces individus ont été au cœur du succès de la bulle de Calgary, sans retourner à la maison pour retrouver des êtres chers, sans quitter du tout la bulle.

C’est toute une commande, mais rien n’est impossible avec un peu de ténacité, estime Jon Wall.

Wall fait partie de l’équipe de techniciens de glace de Curling Canada, et est le membre le plus assidu parmi ces «marathoniens de la bulle». Jon a intégré la bulle avant le Tournoi des Cœurs Scotties 2021, au début de février, pour préparer la glace, et sera une des dernières personnes à quitter la bulle.

Il passera ainsi plus de 90 jours dans la bulle de Calgary, loin de sa maison et de ses proches.

«Je ne suis pas un héros; il y a une tâche à accomplir et c’est mon travail de la faire, souligne Wall. C’est beaucoup plus difficile pour les membres des Forces armées canadiennes; ce sont eux qui méritent les compliments.»

Natif de Horton Township, à l’ouest de la vallée d’Ottawa, Wall est déjà un des meilleurs techniciens de glace au Canada malgré son jeune âge (33 ans); il a eu un impact sur chacune des six compétitions présentées dans la bulle. Aux côtés du technicien de glace en chef de Curling Canada, Greg Ewasko, et des autres membres de l’équipe de techniciens de glace de Curling Canada, Wall a travaillé avec diligence pour que les athlètes qui viennent dans la bulle profitent de conditions de glace de calibre mondial.

The ice crew manages the building’s systems – Photo: Michael Burns/Curling Canada

«C’est un défi, assure Wall. Chaque bâtiment est différent quand on prépare la glace, et l’aréna WinSport n’est pas facile. Quand on parle du Scotties, des Championnats du monde ou du Brier (Tim Hortons), la pression est omniprésente parce que les athlètes s’attendent à d’excellentes conditions de glace.»

Wall et Ewasko n’ont pas travaillé seuls. À chaque compétition, des techniciens de glace supplémentaires entraient ou sortaient de la bulle pour accomplir le travail colossal de préparer une glace fraîche pour chaque compétition. Si ça paraissait facile, Wall en accorde tout le crédit aux membres de son équipe.

«Nous sommes tous des techniciens de glace, mais notre travail va au-delà de ça. Créer une glace de calibre de championnat dans un aréna implique un tas de tâches supplémentaires auxquelles on n’est pas confrontés quand on prépare la glace dans un club local. Nous plaçons des panneaux et du caoutchouc mousse le long des glaces, par exemple. Et tout ça doit être enlevé après la compétition.»

En reconnaissant que ce travail ne peut pas être fait par une seule personne, Wall a insisté pour tous les techniciens de glace soient nommés afin que tous partagent le crédit également.

Ce sont :

Équipe du Tournoi des Cœurs Scotties 2021

Greg Ewasko – Manitoba 

Mark Shurek – Manitoba 

Darren Gress – Saskatchewan 

Neil Gargul – Québec 

Ron Cutting – Alberta 

Audra Lindsey – Alberta 

Don Powell – Ontario

Équipe du Brier Tim Hortons 2021, présenté par AGI

Greg Ewasko – Manitoba

Darren Gress – Saskatchewan 

Neil Gargul – Québec 

Ron Cutting – Alberta 

Rick Allen – Ontario 

Rebecca Duck – Ontario 

Équipe du Championnat canadien de double mixte Home Hardware 2021, présenté par Nature’s Bounty

Greg Ewasko – Manitoba 

Darren Gress – Saskatchewan 

Neil Gargul – Québec 

Ron Cutting – Alberta 

Rick Allen – Ontario  

Rebecca Duck – Ontario 

Championnat du monde de curling masculin BKT Pneus & OK Pneus :

Greg Ewasko – Manitoba 

Matt Rankine – Manitoba 

Dave Merklinger – Colombie-Britannique 

Mike Merklinger  – Colombie-Britannique

Eldie Benson – Ontario 

Wayne Cubbon – Saskatchewan 

Compétitions du Grand Slam of Curling

Mark Shurek – Manitoba 

Dave Merklinger – Colombie-Britannique 

Mike Merklinger – Colombie-Britannique

Eldie Benson – Ontario 

Joe Mason – Nouveau-Brunswick

Don Currier – Ontario 

Championnat du monde de curling féminin LGT

Greg Ewasko – Manitoba 

Mike Merklinger – Colombie-Britannique

Ron Cutting – Alberta 

Joe Mason – Nouveau-Brunswick 

Don Currier – Ontario

Wall était considéré comme un bourreau de travail par les autres techniciens de glace, se portant souvent volontaire pour faire des heures supplémentaires afin de s’assurer que la glace sera aussi belle que possible.

«Le travail n’arrête pas une fois que l’installation est terminée. Nous ajustons la température des pierres, entretenons la glace et surveillons les conditions. Ça ne laisse pas grand place pour dormir dans une journée. N’importe quel technicien de glace sait de quoi je parle.»

Wall estime que sa force mentale lui a permis de compléter ce séjour long et fructueux dans la bulle.

«Je n’ai jamais compté les jours avant de pouvoir retourner à la maison, une fois dans la bulle. Le travail était assez intéressant pour que je ne m’ennuie jamais. Évidemment, ça peut être frustrant ou émotif parfois, de sorte que la vie dans la bulle ne convient pas à tout le monde, mais j’ai les outils pour faire face à ça. Ce ne rien de nouveau, juste une version étendue de mon activité professionnelle.»

Quand la frustration s’installait, Wall s’adaptait en simplifiant son approche.

«Mon travail était simple : aller à l’aréna à tous les jours. Une fois là-bas, tu n’as pas vraiment le temps de penser à autre chose. C’est le temps d’agir, tout le temps. Au moins, je n’étais pas confiné dans ma chambre, ou obligé de tourner en rond dans le stationnement. J’ai toujours eu du travail, ça m’a aidé à passer au travers.»

Le sentiment de communauté dans la bulle a également aidé Wall à supporter les longues heures.

«Quand tu rencontrais d’autres membres dans la bulle, ils te demandaient comment ça allait, en faisant preuve d’empathie. Mais les journées s’enchaînaient. Nous étions occupés. Ça ne laisse pas vraiment le temps de penser à autre chose. Ça aide à rester concentré pendant tout ce séjour.»

Wall a également mis à profit son séjour dans la bulle pour améliorer ses qualités de leadership parmi les autres techniciens de glace, en donnant souvent l’exemple.

«Dans les dernières journées très chargées avant un évènement, il fallait évaluer ton équipe, en pensant à ceux qui sont plus fatigués et ceux qui sont plus dispos. On peut toujours essayer de faire une sieste entre les séances pour récupérer du sommeil, mais ça ne fonctionne pas vraiment comme ça. En tant qu’un des responsables, tu dois accepter les “mauvais quarts de travail” : les quarts de nuit et ceux qui sont plus exigeants physiquement.»

Greg Ewasko, Jon Wall – Photo: Michael Burns/Curling Canada

L’expérience acquise au cours de ses années comme technicien de glace a aidé Wall à équilibrer les besoins de son équipe avec la nécessité de compléter le travail de façon efficace.

«J’ai travaillé dans 29 compétitions du Grand Slam, et plusieurs évènements de Curling Canada. Je peux en identifier au moins la moitié où nous avons travaillé sans dormir. Tu regardais l’horloge en te demandant si nous étions le matin ou le soir. Ce n’est pas différent dans la bulle, alors il faut vraiment tenir compte du stress de la vie dans la bulle dans la gestion de l’équipe. Greg (Ewasko) connaît ça, Dave (Merklinger) aussi. Même chose avec Mark (Shurek). Il y a plusieurs bourreaux de travail parmi nous; nous savons ce que ça prend parce que nous sommes passés par là.»

Malgré les obstacles qu’il a rencontrés dans la bulle, Wall veut que les amateurs de curling de partout dans le monde sachent que c’est un privilège d’avoir la responsabilité de préparer la glace dans la ville-bulle.

«Pendant tout le temps que tu passes loin de chez toi, tu penses : “Pourquoi je fais ça? ” En bout de ligne, nous faisons ça parce que nous aimons ce sport. Tous ceux qui travaillent dans le curling à temps plein savent de quoi je parle, qu’il s’agisse des médias, de la télédiffusion, en coulisses ou même les bénévoles. Nous faisons ça pour faire grandir le sport du curling, et pour offrir du divertissement, ou un semblant de normalité, à ceux qui regardent à la maison durant cette pandémie. Je ne parle pas juste en mon nom personnel. Je parle au nom de chaque personne dans la bulle, qui a sacrifié des pans entiers de sa vie pour présenter du curling aux amateurs à la maison.»

Nullement découragé par la tâche herculéenne qui prendra fin bientôt, Wall n’a pas l’intention de ralentir.

«Une fois revenu à la maison, je vais probablement prendre quelques semaines pour me reposer, mais je vais retourner travailler dans la construction à l’été. Je dis que je vais prendre quelques semaines, mais on verra comment ça va se passer», termine-t-il en blaguant.

L’histoire de Wall, unique pour un ensemble de circonstances, n’est pas la seule qu’on pourrait raconter sur la vie dans la bulle. Sa concentration sur le travail à accomplir, son talent pour encourager ses partenaires de travail et autres travailleurs, et sa capacité à donner l’exemple sont des traits universels, communs à plusieurs résidents dans la bulle qui s’efforcent de présenter le meilleur produit aux athlètes, aux commanditaires et à vous, les amateurs de curling.

Si la pente semble trop difficile à escalader, ou la tâche trop difficile pour atteindre le succès, pensez à Jon Wall et à son attitude positive.

Comme Wall le dit lui-même : «Travaille fort, n’abandonne pas et met la main à la pâte, et tu ne seras jamais déçu du résultat.»

Curling Canada