Blogue d’Équipe Canada Pyeongchang 2018 : Emma Miskew

Par Emma Miskew (vice-capitaine de l’équipe canadienne de curling féminin)

Nous étions transportées de joie en quittant la piste ce soir puisque nous nous sentions enfin comme l’équipe que nous devrions être aux Jeux Olympiques.

Photo, World Curling Federation/Curling Canada/Michael Burns

Nous avons eu une réunion d’équipe dans la foulée du match contre le Danemark hier, et je pense que le plus important pour nous était de rayer de notre esprit les deux premiers jours de compétition. Ce n’était pas la peine de nous y attarder puisque ce qui est fait est fait. Donc, nous nous sommes dit que, dorénavant, c’est un évènement complètement nouveau. Table rase. Il faut faire notre chemin en Série C du tournoi, et c’est quelque chose que nous avons déjà fait maintes fois. C’est d’ailleurs un peu notre façon de prendre le chemin plus sinueux dans un évènement avant d’en sortir victorieuses. Mais nous savons que ce sera une bataille. Chaque équipe aux Jeux a lutté pour se payer cet honneur, et chacune apporte énormément de talent et de détermination.

Photo, World Curling Federation/Curling Canada/Michael Burns

Aujourd’hui, dans le match contre les États-Unis, nous voulions avant tout tirer plaisir de l’expérience — ce sont les Jeux Olympiques, et c’est un privilège d’être ici. Je pense que si nous abordons les matchs sous le coup du désespoir à force de penser ‘Bon, nous avons démarré sur un dossier 0-et-3 et il est quasiment impossible de nous remettre de cela,’ non seulement nous n’irons pas apprécier l’expérience, mais également nous annulerons toute possibilité de succès avec un tel état d’esprit pessimiste. Il ne faut pas non plus regarder trop en avant. Il faut aller un match à la fois. Il ne faut pas regarder le classement et les résultats des autres équipes. Il ne faut pas espérer que telle ou telle équipe battra telle ou telle autre équipe. Cela ne relève pas de nous. La seule chose qui relève de nous c’est la capacité à performer au niveau que nous venons d’achever ce soir. Donc à chaque match qui reste du tournoi à la ronde, nous allons faire de notre tout pour retrouver l’état d’esprit que nous avons eu ce soir. Et si une adversaire joue à cent pour cent et nous vainc? Bon, nous aurons fait tout dans notre pouvoir. À regarder ces trois premiers matchs, il s’en est fallu de très peu – un couple de lancers ça et là – que nous affichions raisonnablement 3-0. Ce n’étaient pas des défaites écrasantes sur le plan du pointage. Chaque match a été une bataille, mais après avoir remporté le championnat du monde l’an dernier, nous étions conscientes que toutes les équipes sont des adversaires formidables. Et chacune apporte son meilleur jeu, puisqu’il n’y a rien à perdre. Nous étions conscientes de cela avant de venir ici. Personne n’allait nous rendre la vie facile. C’est à nous seules d’être les maîtres de notre destin, et nous devons le faire un match à la fois. Certainement, il y a eu moins de pression ce soir. Mais je pense que le fait de nous être entretenues, d’avoir consolidé l’équipe, a fait une grande différence aussi. C’est dur : nous sommes dans une installation inconnue, nous essayons de déchiffrer la glace et les pierres, et Rachel ne devrait pas porter tout le fardeau. Nous nous sommes ralliées derrière elle et nous avons reconnu que quatre têtes valent mieux qu’une. Si nous prenons une décision sur le comportement éventuel de la glace, et si nous avons tort, c’est une décision collective de l’équipe et nous faisons front commun. À notre premier championnat du monde en 2013, nous étions acculées au pied du mur là aussi, et nous avons fini par remonter la pente. Nous nous sommes remises sur les rails et nous nous sommes qualifiées aux éliminatoires. Nous n’attendions pas à un parcours sans heurts aux Jeux, et nous savons encore mieux maintenant qu’il faut lutter comme jamais auparavant, mais du moins nous sommes les maîtres de notre propre destin. Nous allons faire de notre tout, nous allons lutter de toute notre force pour le Canada. Nous entendons et apprécions votre encouragement, et nous sommes fières d’être Canadiennes!

(Emma Miskew est la vice-capitaine de l’équipe canadienne de curling féminin aux Jeux Olympiques. Ce sont ses premiers Jeux. Visitez régulièrement le curling.ca pour lire les blogues et reportages des athlètes et entraîneurs canadiens qui participent aux Jeux Olympiques d’hiver. Pour regarder une rediffusion de la partie contre les États-Unis, CLIQUEZ ICI)