De retour au curling

Craig Savill, au milieu, s’adresse à l’équipe de la République tchèque lors du championnat du monde masculin BKT Tires & OK Tire 2023. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Craig Savill apprécie son expérience du championnat du monde en tant qu’entraîneur de l’équipe tchèque

Par NICHOLAS RABL

Craig Savill n’a pas besoin de présentation.

Au cours de sa carrière de joueur, il a pratiquement tout remporté : deux championnats du monde juniors, deux titres du Brier, et deux championnats du monde masculins, en plus de plusieurs victoires sur le circuit du Grand Slam. Il lui manque uniquement une participation aux Jeux olympiques, bien qu’il soit passé proche en méritant la médaille d’argent aux essais canadiens en 2009.

Cette semaine, il a foulé le tapis de Place TD à Ottawa, ville hôte du Championnat du monde de curling masculin BKT Pneus et OK Pneus 2023, pour la première fois en près de sept ans.

Cette fois, ce n’était pas en tant qu’ancien joueur invité à y faire une présence émotionnelle.

Savill revient plutôt dans l’aréna près du canal Rideau en tant qu’entraîneur de l’équipe nationale de la République tchèque, composée du capitaine Lukas Klima, du troisième Marek Cernovsky, du deuxième Radek Bohac, du premier Martin Jurik et du remplaçant Lukas Klipa.

Craig Savill et Glenn Howard se serrent la main après l’apparition émouvante de Craig au Brier 2016 à Ottawa. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

«Ça fait quelques années que je travaille avec ces gars-là, et il m’en reste encore à apprendre, racontait Savill. Comme de savoir quand parler et quand me taire pour les laisser discuter entre eux. J’apprends encore à les connaître parce qu’ils ont des personnalités différentes. Mais ils ont beaucoup de potentiel s’ils sont prêts à travailler fort.»

«Le curling est devenu vraiment difficile partout dans le monde. Il faut y consacrer beaucoup de temps et d’efforts pour être compétitif.»

Sa dernière participation à un championnat de curling remonte à 2016, à Place TD, mais les circonstances étaient loin d’être idéales.

À la fin de 2015, Savill a reçu un diagnostic de lymphome de Hodgkin, une forme de cancer fréquente chez les hommes de 20 à 30 ans. Cette nouvelle qui change une vie l’a obligé à se retirer après onze ans comme premier pour l’équipe légendaire de Glenn Howard, de l’Ontario, dont des joueurs célèbres comme Richard Hart, Brent Laing, Wayne Middaugh et Jon Mead ont fait partie durant ses années de domination.

Savill a dû oublier ses espoirs de jouer dans un championnat national à la maison, à Ottawa, près de sa ville natale de Manotick, dans le cadre du Brier Tim Hortons 2016. Son diagnostic a fait l’effet d’une onde de choc dans la communauté du curling.

Par gentillesse, Savill a été désigné comme remplaçant honorifique par Équipe Howard au Brier.

Dans une démonstration sans précédent d’esprit sportif, Savill a été invité à lancer deux pierres, qu’il a réussies à la perfection.

«C’était vraiment un moment spécial pour moi, affirme-t-il. Revenir ici, cette semaine, a fait ressurgir un flot de souvenirs de cette époque. Je m’en souviens avec émotion.»

Savill, qui vit maintenant à Kensington, sur l’Île-du-Prince-Édouard, avec sa femme Karen et leurs deux enfants, a même tenté de participer au Brier cette saison avec Adam Casey, dans le championnat provincial de l’Île-du-Prince-Édouard, mais sans y parvenir.

Malgré les nombreux défis de son passé, Savill a retrouvé la santé et se concentre sur l’avenir avec son équipe de Prague, qui a terminé avec une fiche de 3-9, cette année.

«Quand j’y repense, je trouve qu’ils n’ont joué à leur meilleur niveau. Ils ont eu quelques bons moments, mais ils n’ont pas été assez constants, cette semaine.»

Klima et ses coéquipiers en étaient à une première participation dans un championnat du monde au Canada.

«Ils n’ont pas l’habitude qu’il y ait autant d’amateurs dans les gradins. Les amateurs de curling au Canada ont l’habitude d’encourager tout le monde; je pense que les gars de la République tchèque ont fini par avoir leurs propres supporters. Ils ont commencé à l’apprécier à la fin, et à vraiment s’amuser.»

Savill expliquait que son équipe relativement jeune n’a pas beaucoup d’occasions d’acquérir de l’expérience.

«La République tchèque est vraiment un petit pays pour le curling, et l’argent est rare, expliquait-il. Les fonds manquent pour que je les accompagne là-bas. Je suis allé aux grosses compétitions, mais un suivi quotidien, une compétition du World Tour ou une séance d’entraînement, ce n’est pas possible pour l’instant. J’espère que ça sera possible dans l’avenir parce que ça aiderait beaucoup l’équipe à s’améliorer.»

Les Tchèques ont complété leur séjour à Ottawa, vendredi après-midi, en encaissant un revers de 9-3 contre l’équipe de Bruce Mouat, de l’Écosse. La saison est maintenant terminée pour l’équipe de Savill.

«Il ne reste plus rien après ça, ajoutait Savill. Il va falloir se regrouper, parler de cette année, de ce qui a bien été et de ce qui doit être changé, et on recommence l’an prochain.»