Coup de folie avec Chelsea Carey

Cette semaine, John cause avec Chelsea Carey, la championne albertaine en titre et l’une des joueuses en lice au Tournoi des cœurs Scotties 2016. Effectivement, Carey s’est distinguée comme joueuse d’élite dans deux provinces : elle a représenté le Manitoba au Tournoi Scotties de 2014, où elle a mis la main sur la médaille de bronze, et puis elle représente l’Alberta cette saison au championnat national de curling féminin. Elle a également décroché un résultat solide de quatrième place aux Essais canadiens de curling Roar of the Rings 2013 et ce, face à un groupe de compétitrices de premier ordre : elle a fini par être éliminée en bris d’égalité par Sherry Middaugh. Bienvenue à Coup de folie, une nouvelle série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue de lancer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment.
Chelsea Carey (Curling Canada/Andrew Klaver photo)

Chelsea Carey (Curling Canada/Andrew Klaver photo)

1. Quel est le plus beau coup auquel tu aies jamais participé? Chelsea Carey: C’est une question vraiment difficile, puisque je pense qu’il y a deux manières pour répondre : ou bien purement du point de vue de la qualité du lancer, ou bien du point de vue des conséquences, et de la signification sur le plan personnel. Tous les deux coups que j’ai faits pour remporter les titres provinciaux ont été essentiellement très simples sur le plan technique, mais très significatifs, puisqu’il s’agissait d’un titre provincial. À y réfléchir, la meilleure combinaison des deux perspectives s’est produite dans un match où j’ai perdu. John Cullen: Vraiment? Ce n’est pas une réponse qu’on entend fréquemment. Généralement un coup remarquable se produit dans le cadre d’une victoire. CC: À la finale manitobaine du tournoi Scotties 2012, nous avons été défaites par Jennifer Jones, et c’était là l’un des meilleurs coups que j’aie jamais faits, et c’était un vrai effort d’équipe aussi. Jennifer avait le marteau au 10ème bout et à mon dernier tir, j’avais à exécuter une sortie très délicate en contournant une pierre à deux tiers couverte par une autre pierre dans l’avant du cercle des douze pieds. Je crois que j’ai mis une pesanteur du derrière du cercle des huit pieds, et Kristy a dirigé les balais à la perfection, et nous avons réussi ce coup. Je pense que nous nous sommes encore mieux débrouillées qu’attendu. Mais évidemment, Jennifer a été à la hauteur et elle a réussi un frappé-poussé sur la pierre dans le cercle des douze pieds pour signer la victoire. JC: Ah, c’est naze! Je crois fermement qu’à des moments comme ça, quand on réussit un coup si beau, on a presque le sens d’avoir remporté la victoire. Comme si le coup a été tellement bon qu’il te mérite la victoire. CC: Absolument. Nous vivons tous des moments comme ça, de temps à autre. Mais l’adversaire c’est Jennifer Jones. Il va sans dire qu’elle a dompté notre attaque. 2. Quel joueur ou joueuse saurais-tu battre dans un combat corps à corps? CC: Hodgy (Colin Hodgson) sans aucun doute, mais nous sommes un duo de doubles mixtes, donc j’ai besoin de lui pour balayer. Et je ne devrais probablement pas le diminuer comme ça non plus. (rire)
Dad Dan Carey with daughter Chelsea and Kristy MacDonald (Curling Canada/Michael Burns photo)

(Curling Canada/Michael Burns photo)

JC: Hodgy encore, pauvre gars. CC: Franchement, je crois que je saurais me battre avec qui que ce soit sur cette équipe, si ça t’arrange mieux. (rire) Bon, ben, ce sont de grands gars, mais ils sont vraiment trop gentils. En plus, ils savent que si un malheur m’arrivait, ils auraient affaire avec mon père, donc ils éviteraient à tout prix un tel scénario. (rire) JC: À vrai dire, je me plais à m’imaginer toi en train de battre Équipe Carruthers. Est-ce qu’il y a des joueuses que tu voudrais tabasser? CC: J’ai pensé à Joanne [Courtney]. Après avoir lu ton entretien avec elle, je me suis dit que ce serait une belle lutte entre elle et moi; évidemment elle est plus forte que moi, mais j’ai l’arme de la dextérité et de l’orientation spatiale. Je pense que ce serait un combat équitable. (rire) 3. Si une charcuterie tenait à baptiser un sandwich en hommage de toi, comment serait ce sandwich? CC: J’adore le déjeuner, donc ce serait un sandwich de déjeuner, voilà la première idée qui m’arrive à l’esprit. Durant le championnat provincial, nous avons découvert un petit resto à Calgary qui sert un sandwich de déjeuner œuf au plat et guacamole. Sur une baguette, garni de fromage, et avec le mien, un plat de pommes de terre sautées. Et un dodo. (rire) JC: Oui, c’est un méli-mélo impressionnant. CC: Je suis accro de glucides, mais si un somme n’était pas possible, ou si j’avais un match à contester, je m’abstiendrais peut-être des pommes de terre. JC: Et tu le nommeras? CC: Bon, première option était le Chelsaroo, puisque c’est un surnom que mon père m’avait donné quand j’étais petite, mais quand je dis ça à voix haute, cela n’a pas l’air d’un beau sandwich. (rire) On va le nommer Angioplastie parce que, après l’avoir mangé, vous en aurez besoin probablement. (rire) 4. Lequel de tous tes boulots a été le pire? CC: Un été, j’ai décroché un emploi avec le Gouvernement du Manitoba, et le titre n’avait rien à faire avec le boulot que je faisais réellement. C’était durant ma deuxième année d’un programme de commerce avec spécialisation en marketing, et mon titre officiel était coordonnatrice du marketing, et j’étais aux anges d’avoir obtenu ce poste. En fin de compte, le gouvernement avait versé des subventions aux fermiers cette année-là et on a versé le mauvais montant, donc il a fallu demander aux fermiers de nous remettre une grande partie de cet argent. Mon travail était de téléphoner aux fermiers et leur annoncer cette nouvelle. JC: (rire) Bon Dieu. C’est fort probablement le pire travail dont j’ai jamais entendu parler. CC: C’était vraiment énorme – autour de la moitié de la somme qu’on leur avait versée pour commencer. Ce n’était pas la menue monnaie. J’ai quitté ce boulot après seulement une semaine. (rire) JC: Je n’arrive même pas à imaginer le scénario. Et ce n’est pas comme si les fermiers des Prairies canadiennes sont les gens les plus placides au monde non plus… CC: Mec, tu n’as aucune idée…ce que j’ai entendu…des gens qui me hurlaient des sacres, d’autres en pleurs, et d’autres encore qui passaient l’appareil à une grand-mère infirme pour me faire du chantage. On me demandait comment je trouve le sommeil la nuit, et ce n’était pas de ma faute, pas du tout, mais je me sentais comme la personne la plus détestable au monde. JC: «Comment tu trouves le sommeil, toi?» «Euh, je ne le trouve pas; ce boulot est misérable» (rire) CC: (rire) Précisément. J’avais 20 ans et cela me crevait le cœur, la situation de ces pauvres gens. C’était horrible. 5. Eh bien, la fameuse cinquième question, qui n’est jamais la même, mais je pense que celle-ci a un potentiel d’avenir. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as tenu comme vrai pendant longtemps, mais en fin de compte tu as découvert que tu avais eu tort? CC: Le premier exemple qui me vient à l’esprit ne relève pas directement de moi, mais c’est assez amusant, donc je te le raconte tout de même. Ma mère est une maniaque de la grammaire. Elle se plaît à corriger les erreurs d’orthographe et de prononciation. Donc cette anecdote remonte même avant ma naissance, mais mon père se délecte à la lui rappeler. Ils avaient été en couple depuis un bout de temps, et elle lisait un article de revue avec le mot «shrugged» et elle l’a prononcé «shrudged». (rire) Mon père a été comme bouche bée. JC: (rire) Super! Je l’aime tellement quand les gens qui se prennent trop au sérieux font un faux pas comme ça. Et je parle d’expérience, puisque j’ai des tendances comme ça, et quand je me trompe de temps à autre, les gens n’hésitent pas à me corriger. (rire) CC: (rire) Exactement. Et apparemment ils ont débattu la prononciation pendant une vingtaine de minutes, et elle refusait toujours d’admettre qu’il avait raison. Je suppose qu’elle a enfin entendu suffisamment de gens prononcer le mot comme il avait indiqué pour se rendre compte que mon père avait eu raison. 6. Passons maintenant aux questions particulières sur Chelsea Carey, et il faut commencer en disant que ton cri est une caractéristique vraiment distinctive. Quand on le qualifie, on utilise des mots comme : «guttural», «grave», «effrayant», ou «comme si ça sort d’un homme de 250 kilos». (rire) Tu veux répondre?
Team Alberta skip Chelsea Carey in draw six action at the 2016 Scotties Tournament of Hearts, the Canadian Womens Curling Championships, Grande Praire, Alberta

(Curling Canada/Andrew Klaver photo)

CC: (rire) Qui t’a dit que ma voix est comme celle d’un homme de 250 kilos?? Incroyable. C’est beau, ça, génial. À vrai dire, je suis fière du fait que mon cri n’est pas strident ou perçant comme c’est souvent le cas parmi les joueuses de curling. Je me souviens que ton skip à toi (Dean Joanisse) m’a dit au tournoi Vernon Cash qu’il fallait baisser la voix après un effort particulièrement bruyant, et puis deux matchs plus tard il est revenu me dire : «Tu sais, j’avais tort, ce n’est pas si mauvais que ça.» JC: Oui, je suis d’accord avec Dean; j’accepte bien ton cri. Même si c’est un peu effrayant. CC: (rire) Je me souviens qu’Ashley Howard m’a dit une fois qu’à mon cri, elle se met immédiatement au balai. Et elle n’est même pas sur mon équipe. (rire)
2009 Tim Hortons Roar of the Rings

Amy Nixon (Curling Canada/Michael Burns photo)

JC: Et puis tu fais le chorus avec Amy Nixon, qui a peut-être le cri le plus perçant de tout temps, et le vacarme qui en résulte d’un effort vraiment intense, bon…. CC: Oui, j’admets que ça peut devenir sidérant, et que les joueurs sur les autres pistes nous regardent de travers, mais cela m’est égal. 7. On a beaucoup discuté récemment du phénomène où les équipes adoptent des mots différents de la norme quand il s’agit d’énoncer les pesanteurs de frappe. Tyler Tardi, par exemple, avec son «minty fresh» aux demi-finales du championnat canadien junior; et ma propre équipe à moi qui se fait critiquer pour l’emploi du mot «chill» à la télé dans le passé. Et on me dit que ton équipe a sa propre expression à elle? CC: (rire) Je te comprends parfaitement, et je ne sais si je puis en parler publiquement puisque ce n’est pas exactement correct. JC: (rire) Ouais, quand on m’a dit l’expression que tu utilisais, je n’étais pas tellement sûr que ça signifie ce que je la pensais signifier, mais bon…ça signifie réellement…? CC: (rire) Disons que t’es sur la glace avec Amy Nixon, et par pur accident tu montres du doigt un certain endroit sur ton corps quand tu essaies de signaler la pesanteur, elle ne te laissera jamais oublier cela. (rire) JC: Donc tout cela relève d’Amy donc? CC: Oui, absolument. Et elle l’a dit à la télé nationale, encore plus beau. Je suis presque certaine que c’est la première fois où ce mot s’est fait entendre sur Sportsnet. (rire) 8. Et cette question finale a été formulée par Brad Jacobs, et il faut t’avertir que ça te met au pied du mur. C’est une question un peu tendancieuse. Il demande ce que tu fais pour être un modèle de rôle dans le sport, et quelles sortes d’activités de bénévolat fais-tu pour redonner au sport? CC: C’est une question sérieuse, mais je l’aime! On voit bien le côté RBC ambassadeur de Brad. C’est une excellente question, et ma réponse c’est que je n’ai pas encore refusé quelque initiative que ce soit qu’on m’a proposée. Je n’ai pas la renommée pour concevoir et encadrer un camp ou quelque chose de cette envergure, mais si on me demande de contribuer à telle ou telle initiative, je le fais volontiers. Notre club, the Glencoe Club, m’a demandé de participer à plusieurs activités, et c’était sympa. Et nous faisons passer le mot sur Twitter en encourageant les gens de s’impliquer. L’activité Kidsport Human Curling se déroule cette semaine, et j’ai envoyé des gazouillis aux Calgarois pour les inciter à participer. Mon attitude générale est que je ne dirais pas non à ce genre de requêtes, et je suis vraiment heureuse de donner de mon temps pour aider et appuyer les joueurs et joueuses de curling, surtout les jeunes. JC: Donc tu es un peu à l’opposé de la campagne antidrogue : ton crédo c’est Dis jamais non. CC: (rire) Exactement. Il est très important de bâtir le sport, et ce moyen de le faire, en redonnant et en s’impliquant, est génial. Je me suis impliquée aussi un peu avec Grands Frères Grandes Sœurs à Calgary. J’ai participé à plusieurs initiatives très sympas, comme des tournois de golf caritatif, des choses comme ça, et cela a été super. Cheryl Bernard a été très active à ce titre, et elle m’invite souvent, et je ne réponds jamais «non».  JC: Fabuleux, merci Chelsea! Je suis certain que la ville de Calgary apprécie vraiment ce que tu fais, et l’initiative de Human curling a l’air vraiment intéressante. Bon, tu as le privilège et l’avantage de savoir l’identité de mon prochain invité avant de formuler ta question pour cette personne : c’est le champion canadien junior et vice-champion senior du Manitoba, Matt Dunstone. Est-ce que tu as une question à lui poser? CC: Ah c’est beau! J’avais une question générale en tête, mais je connais Matt depuis un bon bout de temps et je veux bien lui poser une question particulière. Voilà : qui a la meilleure glissade sur les orteils, parmi tous les Manitobains, et sur qui est ce que tu bases la tienne? Et s’il répond Jeff Stoughton, il est mort pour moi. (rire) JC: (rire) Et pourquoi au juste? CC: Ben, tout le monde dit que Stoughton a la meilleure glissade, et je sais pour sûr que Matt n’a pas utilisé Jeff comme modèle de référence. (rire) JC: Merci infiniment Chelsea, et bonne chance et bon courage au Tournoi Scotties cette semaine, et pour le reste de la saison! Suivez Chelsea sur Twitter au @chelseadcarey et suivez John au @cullenthecurler.