Coup de folie avec Krista McCarville

Cette semaine, John jase avec Krista McCarville, capitaine de l’équipe la plus récemment qualifiée aux Essais canadiens de curling Tim Hortons Roar of the Rings à Ottawa. Cette joueuse très accomplie est ancienne triple championne nord-ontarienne au niveau junior, championne universitaire canadienne, vice-championne à l’Universiade d’hiver et médaillée d’argent où Tournoi des Cœurs Scotties, où elle compte six participations. Krista a récolté presque tous les titres qui soient.

(Curling Canada/Andrew Klaver photo)

Bienvenue à Coup de folie, une série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue d’amorcer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment. 1. Au-delà des voyages, quelle est l’occasion la plus passionnante que le curling t’ait procurée? KM: Pour moi, c’est certainement les amitiés que j’ai forgées. L’équipe devient une espèce de seconde famille. On passe beaucoup de temps ensemble, et c’est très spécial. JC: Est-ce qu’il y avait une équipe particulière qui était vraiment comme de la famille pour toi? Quelqu’un qui ressort comme la toute meilleure amie que tu aies connue par le truchement du curling? KM: C’est difficile. Je pense que toutes les équipes sur lesquelles j’ai joué ont été formidables, J’ai beaucoup d’affection pour ma présente équipe, et je dirais que l’équipe avec laquelle j’ai joué au Scotties en 2007 est dans la même catégorie. C’est une drôle de question, cette notion de «meilleure amie», mais si j’avais à choisir je dirais probablement que c’est Lorraine Lang. Elle a 25 ans de plus que moi, mais nous avons une amitié très spéciale. C’est une personne amiable, très sympa, et elle a tout un tas d’histoires de curling à raconter. Et c’est la beauté du curling : on peut tisser des liens d’amitié qui rapprochent les différentes générations.

Krista McCarville et Lorraine Lang: « C’est une personne amiable, très sympa, et elle a tout un tas d’histoires de curling à raconter. » (Curling Canada/Andrew Klaver photo)

JC: Et maintenant c’est toi qui tisses ces liens d’amitié qui transcendent les générations, au sein de ton équipe courante. KM: Ah oui, je suis la vieillarde sur l’équipe maintenant, et cela ne me plaît aucunement. [rire] Mes coéquipières ne laissent pas de me taquiner à ce titre. Si j’ai mal au dos, elles me demandent si j’ai besoin d’une canne, des choses comme ça. C’est la première équipe où je suis l’aînée. J’avais l’habitude d’être la plus jeune, dans un groupe de femmes plus âgées que moi, et soudainement me voici la personne âgée. Mais je préfère utiliser le terme «expérimentée». On apprend à dire ça quand on vieillit. [rire] 2. Si on façonnait une figurine à ton image, quel accessoire (et je ne parle pas du curling) la complèterait? KM: Bon, je pense que ma réponse est un peu ennuyeuse, mais cette figurine aurait une tasse de café dans une main, et dans l’autre, un verre de vin rouge. Je suis enseignante, et j’ai des enfants moi-même, donc il est toujours question de trouver le temps – et le juste équilibre. Je me carbure de café toute la journée au travail, puis un bon verre de rouge m’attend dès mon retour chez moi. Voici le résumé de ma vie présentement. [rire] JC: Dès ton arrivée chez toi? Tu n’attends pas que les enfants se couchent? KM: Parfois, oui, mais il y a des journées où les enfants comprennent trop bien que maman a besoin de vin tout de suite. [rire] 3. Imagine que tu vas braquer une banque : quels deux joueurs ou joueuses – et tu ne peux pas nommer plus d’une de tes coéquipières— choisirais-tu pour ton gang, et quel rôle jouerais-tu? KM: La coéquipière que je choisirais serait Ashley (Sippala), puisqu’elle est fana d’émissions policières. C’est tout ce qu’elle regarde. Je suis sûre qu’elle a regardé des milliers d’épisodes. Donc j’assume qu’elle serait une experte en matière d’activité criminelle, étant donne les quantités d’informations qui sont exposées dans ces émissions. Et je pense qu’un complice masculin serait utile, donc je vais rester dans les frontières du Nord de l’Ontario et choisir Brad Jacobs. Il saurait intimider les policiers, sans aucun doute. JC: [rire] Tu crois que Brad est si intimidant que même les policiers auraient peur? KM: Oui absolument. Il n’aurait qu’à hurler un de ses «COME ON!» et les policiers se sauveraient. [rire] Et puis moi je serais la conductrice du véhicule de fuite. Je ne veux pas m’impliquer tellement au crime, donc je pense que ce rôle me conviendrait le mieux. JC: Tu prends des risques en conduisant? Tu te sens à la hauteur pour prendre ce rôle? KM: Bon, maintenant nous avons des enfants, donc je conduis prudemment. Mais je pense que je me débrouillerais comme conductrice de véhicule de fuite. C’est mes collègues qui entrent dans la banque et font tout le travail lourd alors que moi je me relaxe dans la voiture et les attends. [rire] JC: [rire] J’aime ta philosophie. Et puis en tant que conductrice, tu aurais l’option de jeter tout le blâme sur Ashley et Brad, non? KM: Oh pas du tout. J’assumerai une partie du blâme. Brad me fait peur, moi aussi, tu comprends? [rire]

Krista McCarville explique pourquoi Brad Jacobs serait le complice parfait pour braquer une banque : «Il n’aurait qu’à hurler ‘COME ON!’ aux policiers et ceux-ci se sauveraient.» (Curling Canada/Michael Burns photo)

4. De tous tes boulots, lequel a été le pire? KM: Mon tout premier emploi a été le tout pire. Je travaillais chez Cotton Ginny quand j’avais 16 ans. [rire] Pour les lecteurs et lectrices qui ne le savent pas, ce n’était pas exactement un magasin tendance. Donc c’était plutôt gênant pour moi, puisque j’étais obligée de porter les vêtements de la marque au travail. JC: J’imagine que pour une jeune fille de 16 ans, rien de plus vexant que d’être épiée par des camarades de classe lorsqu’on porte des fringues nazes. KM: C’était misérable. Les vêtements avaient tous une coupe fuselée, et le magasin se situait dans un centre d’achats, donc il fallait aider les gens tout en portant des habits de grand-mère. C’était le comble du ridicule. JC: Est-ce que tes amis passaient par le magasin pour se moquer de toi au travail? KM: Si ça s’est passé je ne m’en souviens pas, mais ils se sont certainement moqués de moi pour avoir acheté les vêtements en tout premier lieu. C’était obligatoire de les porter pendant son quart de travail, donc j’étais obligée de dépenser une partie de mon salaire dans des habits détestables; ce n’était pas idéal. On nous a offert un rabais de 50 pour cent, mais tout de même. Je ne les ai jamais mis en dehors du magasin. 5. Te souviens-tu d’une notion ridicule à laquelle tu as cru pendant bien trop longtemps? KM: Bon, j’ai lu tes entretiens précédents et c’était la seule question où je me suis vraiment creusé la cervelle, inutilement. Je ne peux penser à rien. JC: Bon, tu es tellement intelligente, tu ne te trompes jamais. [rire] KM: [rire] Non, non, pas du tout. J’ai fait ma part de bêtises, d’âneries. Ah, tu sais…en voici un : J’ai la voix rugueuse depuis très longtemps, même durant mon enfance, et je me souviens que, quand j’avais sept ou huit ans, j’avais mal à la gorge. Je venais justement d’apprendre l’expression idiomatique «avoir un chat dans la gorge» [la langue anglaise emploie la métaphore de «grenouille»], donc j’ai raconté ça à mes parents, et mon père a répondu «Tu as raison! Je vois les pattes qui sortent de ta bouche!» Et j’ai couru à la glace pour vérifier si j’avais bel et bien un animal dans ma gorge. Je me suis rendu compte vite fait que c’était une blague, mais quand-même. Pas un de mes meilleurs moments là. JC: Tout à fait. Et je pense que quand tu as cet âge, tu crois à tout ce que tes parents te disent. KM: Précisément. Et encore, quand tu es enfant, tu crois littéralement que tout est possible, donc il me semblait tout à fait raisonnable qu’il y ait cette créature dans ma gorge. 6. Bon, passons maintenant aux questions qui portent spécifiquement sur Krista McCarville. Je m’entretiens avec pas mal de personnes, et je connais d’ailleurs la plupart de ces personnes avant d’effectuer l’entretien, mais parfois je ne dispose pas, disons, d’informations exclusives sur cette personne. Heureusement, dans ton cas, j’ai le scoop, donc cet entretien est d’autant plus passionnant. L’an dernier, au Chelem Niveau II, ton équipe a piqué mon balai et s’en est servie pour un match. Tu peux m’expliquer ça enfin? Est-ce qu’Ashley avait visionné une de ses fameuses émissions policières juste avant le match, quoi? KM: [rire] Je te dis en toutes lettres, c’est un épisode qui restera gravé dans la mémoire collective de notre équipe. C’était une belle aventure, donc je suis contente que nous ayons la possibilité d’en parler. Bon. Trois de notre nombre venons de Thunder Bay, et Kendra est une native de Sudbury, donc ordinairement, lorsque nous prenons un vol pour nous rendre à un évènement, c’est elle qui se charge d’apporter son propre balai. Pour quelque raison que ce soit, elle avait assumé que nous en apportions un pour elle au Chelem. Donc nous arrivons à la compétition et nous avons seulement trois balais; il nous en manque un pour Kendra. Et nous découvrons ce fait à la séance d’entraînement qui précédait immédiatement le premier match du tournoi. Panique totale. JC: D’où la décision d’accaparer du mien. KM: [rire] Bon, les équipes masculines et féminines disputaient des rondes différentes, donc Sarah (Potts) a raisonné qu’il était fort probable que les hommes auraient des balais qu’ils n’utilisaient pas. Et Sarah est quelqu’un qui s’en fout des opinions d’autrui, donc elle est entrée en trombe dans le vestiaire des hommes, et le sac à balais Hardline de ton équipe a été la première chose qu’elle a vue. Il nous a fallu un balai Hardline puisque c’est un de nos commanditaires, donc Sarah a ouvert le sac et a pris un balai, et le hasard a voulu que ce soit le tien.

Prises en flagrant délit! Équipe McCarville avec le balai volé. (Twitter)

JC: Bon, est-ce que Sarah me connaissait? Est-ce qu’elle a pensé, «Tiens, ce type est un comédien, ça ne le dérangera pas.» Puisque, à cette époque-là, nous équipes ne se connaissaient pas l’une l’autre. KM: Non, elle n’avait aucune idée. Et même durant le match, nous faisions de notre mieux pour dissimuler ton nom sur le balai, de peur que quelqu’un ne le remarque et te signale notre délit. [rire] Et cela a fini pour le bien, puisque nous avons fait votre connaissance par la suite, et nous vous avons trouvés très cools, et nous avons passé toute une semaine en blaguant avec toi et ton équipe. Heureusement nous avons gagné ce match, puis après nous avons pris une photo avec le balai, et nous t’avons demandé de nous pardonner. Mieux vaut demander pardon que demander la permission, n’est-ce pas? [rire] C’est devenu une blague récurrente; nous sommes des voleuses de balais, et c’est quelque chose que nous n’oublierons jamais. 7. Bon, la seule suite à donner à cette drôle de question (et réponse) est de te poser une question à propos d’un des renseignements les plus bizarres que j’aie jamais reçus sur toutes les personnes que j’ai interviewées. On m’a conseillé de t’interroger sur tes pouces. Oui. Tes pouces. Tu as des pouvoirs magiques, quoi? KM: [rire] Oh bon Dieu, bon, je sais que c’était Sarah ou Rick (Lang) qui t’a servi cette perle. Mes pouces n’ont rien de bizarre. Ce sont des pouces spéciaux. Ce sont les meilleurs pouces au monde. Peut-être, la prochaine fois où on se verra, je te laisserai toucher ces fameux pouces. [rire] Je suis invaincue dans la guerre des pouces, je te dis. J’espérais secrètement que ce gène serait transmis à mon fils ou à ma fille, mais malheureusement ce n’était pas le cas.

Un geste d’approbation de la part de Krista McCarville alors qu’elle fait l’expérience du curling de l’autre côté de la caméra TSN. (Curling Canada/Andrew Klaver photo)

JC: Donc qu’est-ce qu’il y a de si spécial? Quand est-ce que tu t’es rendu compte que tu avais des pouces «spéciaux»? KM: Bon, ils sont plus longs que la moyenne, et certainement plus larges. J’étais en troisième année à l’école quand je me suis rendu compte que mes pouces étaient différents de ceux des autres élèves. Apparemment, mes parents étaient conscients de ce fait avant moi, et ils disaient que j’avais l’habitude de sucer mon pouce quand j’étais toute petite, et ils pensaient que c’était ça la cause. J’ai appris par la suite que c’était une caractéristique génétique. La tante de ma meilleure amie en a, par exemple, et dans le passé je jouais avec quelqu’un qui avait un pouce dit «normal» et l’autre était comme le mien, Donc je pense qu’un de mes ancêtres avait ce type de pouces, et j’en ai hérité. JC: Est-ce que ça t’a jamais posé de problèmes quand tu jouais? Est-ce que tes pouces se coincent sur la pierre quand tu essaies de la faire courber, par exemple? [rire] KM: Bon parfois oui, le pouce encombre mon lancer, surtout aux effets intérieurs, donc j’ai appris à faire des trucs spéciaux avec le pouce pour maîtriser le lancer. [rire] Je suis ébahie que tu me poses cette question. 8. Mais je suis bon journaliste, et je tiens à informer les gens. La toute dernière question vient par le truchement de John Morris, et il faut te dire : il a été super doux avec sa question. Il demande tout simplement : qui est-ce que tu as admiré le plus, dans le curling, au début de ta carrière?

« J’admire toujours ce qu’elle (Sandra Schmirler) a accompli. » (Curling Canada photo)

KM: Wow, c’est tout facile. Je m’attendais à une question beaucoup plus vexante de la part de Johnny Mo. Mon idole dans le curling était Sandra Schmirler. J’ai concouru aux championnats nationaux juniors de 1998, et je me souviens qu’elle était là comme commentatrice, tout en étant malade à l’époque, et c’était vraiment significatif de mon point de vue, de la voir à un évènement où je jouais. Évidemment, elle a remporté cette victoire magnifique aux Essais Olympiques, et je me souviens que je tenais à faire ça moi aussi : réussir des tirs décisifs pour gagner des matchs majeurs. J’ai acheté tous ses livres et je pensais qu’elle était vraiment incroyable. Même maintenant, à un âge beaucoup plus mûr, j’admire toujours ce qu’elle a accompli. Et elle l’a fait tout en élevant une famille et en détenant un travail – c’est ce que j’essaie de faire moi-même à l’heure actuelle, donc c’est vraiment significatif; je m’identifie à elle, et elle m’a fait croire que c’est possible, qu’on peut vraiment réaliser ses rêves. JC: Merveilleux. Je pense que tu n’es pas la seule à choisir Sandra comme idole de curling. Maintenant, pourrais-tu me donner une question à poser à mon prochain invité, Brendan Bottcher, qui, comme toi, vient de remporter la victoire aux Pré-Essais Road to the Roar. KM: Bon, demande à Brendan d’où vient son surnom, «Bottcher Express». JC: Il faut dire que j’ignore comment il a acquis ce surnom, donc j’ai hâte de poser la question. J’ai le sens que c’est une blague d’initiés…c’est parfait! Merci, Krista et bonne chance aux Essais! Suivez John sur Twitter @cullenthecurler et suivez Krista @TeamMcCarville.

Équipe McCarville montre un de ses écussons après avoir remporté la finale Série A des Pré-Essais Home Hardware Road to the Roar à Summerside, Î.-P.-É. (G-D) Krista McCarville, Kendra Lilly, Ashley Sippala, Sarah Potts, Lorraine Lang. (Curling Canada/Michael Burns photo)