Le droit de naissance ajouté aux règle de résidence de Curling Canada

Les règles de résidence qui déterminent l’éligibilité pour les championnats nationaux masculins et féminins ont été amendées, a annoncé aujourd’hui Curling Canada. Les joueurs peuvent maintenant invoquer leur droit de naissance pour représenter la province ou le territoire dans lequel ils sont nés, même après avoir déménagé.

Cette décision a été prise par l’équipe des opérations de Curling Canada, après discussion avec le Conseil des gouverneurs et les présidents des Associations membres.

Le droit de naissance sera instauré partout au pays pour la saison de curling 2019-2020, et sera appliqué au Brier Tim Hortons, au Tournoi des Coeurs Scotties et, au niveau provincial et territorial,  dans toutes les compétitions de qualification menant aux championnats nationaux masculins et féminins, de sorte que toutes les équipes peuvent aligner un agent libre, alors que les autres joueurs doivent être des résidents à part entière ou disposer du droit de naissance.

«Demandez à tous les jeunes joueurs de curling au Canada quels sont leurs rêves, et ils vous répondront tous qu’ils veulent participer au Brier Tim Hortons ou au Tournoi des Coeurs Scotties en portant les couleurs de leur province ou territoire, assure la directrice générale de Curling Canada, Katherine Henderson. Avec cette modification, tous les curleurs vont pouvoir continuer à rêver, peu importe où ils habitent au Canada, tout en préservant la tradition des compétitions provinciales ou territoriales qui contribuent à la richesse de notre sport.»

Les curleurs auront dorénavant plus de liberté dans leur vie personnelle et professionnelle, tout en atteignant leurs objectifs athlétiques; le curling s’aligne ainsi avec l’approche des autres Organisations nationales de sport.

«Ça fait du sens. Au curling, la compétition est tellement forte au niveau international que nous devons nous assurer que notre meilleure équipe représente le Canada. Ça donne plus de latitude aux joueurs pour vivre leur vie, tout en envoyant une équipe forte aux Championnats du monde», estime Ben Hebert, le premier de Kevin Koe.

Cette décision profite également aux Associations membres, qui sont affectées quand des joueurs quittent pour l’école ou le travail. Les Associations consacrent beaucoup de temps, d’argent et d’efforts pour développer de jeunes joueurs; le droit de naissance permet aux athlètes de représenter leur région, même s’ils ont déménagé.

«Dans le monde d’aujourd’hui, plusieurs personnes doivent déménager pour s’adapter aux circonstances, explique Jennifer Jones. Que ce soit pour un travail, l’école, une relation amoureuse ou la famille, les raisons sont nombreuses pour amener les gens à déménager. Dans plusieurs cas, les curleurs sont confrontés à un choix difficile entre l’endroit où ils habitent et leurs objectifs sportifs, ce qui est regrettable.»

Brady St. Louis. (Photo, Curling Canada/Rob Blanchard Photograph)

Le droit de naissance évitera ces choix difficiles pour certains joueurs, comme Brady St. Louis, en leur offrant plus d’options. St. Louis, qui est originaire de St. Marys, en Ontario, prévoit utiliser son droit de naissance pour représenter le Nunavut, son territoire natal. Le joueur de 22 ans pourrait ainsi faire profiter le territoire de talents qui lui serait autrement inaccessible.

En effet, St. Louis a passé les neuf premières années de sa vie à Iqaluit, où il a appris à jouer. Il a ensuite déménagé en Ontario avec sa famille, où il a notamment remporté le championnat canadien collégial de curling avec les Falcons de Fanshawe, en plus d’être choisi deux fois sur l’équipe d’étoiles.

Il espère suivre les traces de son père (David St. Louis a été le capitaine du Nunavut au Brier Tim Hortons en 2018 et 2019); ce faisant, il ferait profiter le Nunavut de ses habiletés : la stratégie, la force des placements cruciaux, un brossage vigoureux et l’expérience sur la glace, pour n’en nommer que quelques-uns.

«C’est un changement phénoménal pour moi et les autres jeunes, assure-t-il. Participer au Brier est un rêve pour tous les curleurs. Pouvoir y aller sans être un résident, c’est extraordinaire. Moi et les autres qui avons dû déménager – en raison du travail des parents ou d’autres raisons – auront la chance de faire nos preuves. Dans ma tête, le Nunavut, c’est toujours chez moi. C’est tellement mieux de représenter l’endroit où j’ai grandi.»

Cette mise à jour des règles ouvre le champ des possibilités pour les curleurs qui ont dû déménager, dont certains noms bien connus. Ben Hebert (né à Regina) pourrait-il jouer pour la Saskatchewan à nouveau? Il n’écarte pas cette option pour l’avenir.

«J’ai une équipe fantastique en Alberta maintenant, mais plus tard, si l’occasion se présentait de jouer pour ma province natale et représenter la Saskatchewan, ça serait une sorte de retour à la maison.»

Même si Hebert a passé les 22 premières années de sa vie en Saskatchewan, il est maintenant établi en Alberta, avec une carrière, une femme et des enfants. Il serait peu probable qu’il retourne vivre en Saskatchewan pour jouer pour la province.

Ça fait partie des réalités de la vie pour lui et beaucoup d’autres joueurs,  mais il ne pense pas que ça devrait empêcher un curleur de représenter la province ou le territoire auquel il est attaché.

«Prenez l’exemple de Rachel Homan, qui vient d’avoir un bébé. Elle joue pour l’Ontario, d’où elle est originaire et où elle s’est beaucoup impliquée dans l’Association, et là, elle pourrait continuer à le faire même si elle déménage en Alberta avec son mari et sa famille, sans avoir à retourner en Ontario. Je pense que c’est excellent pour le curling, et un pas dans la bonne direction», conclut Hebert.