Les jeunes d’Inuvik adoptent le curling

Les jeunes joueurs de curling occupent les choses au Centre de curling d’Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest. (Photo, Nick Saturnino)

Les jeunes profitent des avantages du CENTRE de curling Inuvik

On pourrait penser qu’il n’y a pas grand-chose à faire dans une petite ville de l’extrême nord du Canada. Mais les jeunes d’Inuvik, une petite ville de 3000 habitants dans une région éloignée des Territoires du Nord-Ouest, sont tellement occupés qu’ils n’avaient pas le temps de jouer au curling.

«Les jeunes ont tellement de choses à faire ici. Nous savions que si le curling était à 18 heures, en même temps que le basket-ball, nous ne pourrions pas les attirer sur la glace», explique Nick Saturnino, président du Club de curling Inuvik.

Pearl Gillis, au milieu, donne des instructions aux jeunes joueurs de curling Miquel Castillo-Drescher, à gauche, et Aerayana Reardon. (Photo, Nick Saturnino)

Il savait aussi qu’une session typique de curling junior, le dimanche après-midi, n’allait pas suffire. Saturnino a plutôt décidé de mettre les plages horaires inutilisées dans l’horaire à la disposition de jeunes, qui sont libres d’y aller quand ils veulent.

«Certains sont ici une fois par semaine, et d’autres viennent à quatre reprises, reprend-il. En leur donnant l’option d’intégrer le curling dans leur horaire, ça fonctionne super bien.»

Saturnino propose quatre soirées de curling junior par semaine, en compagnie de ses joueurs juniors plus âgés. Il propose aussi du curling sur une demi-glace pour les plus jeunes, et des évènements spéciaux durant la saison.

«Nick est très ouvert à l’idée que nous amenions de nouvelles personnes, assure une des joueuses juniors d’Inuvik, Pearl Gillis. Il essaye toujours de nouvelles choses pour faire découvrir le curling à de nouveaux joueurs.»

Gillis, âgée de 15 ans, a participé à trois reprises au Championnat canadien junior New Holland, où elle a remporté le double mixte, il y a deux ans.

Son équipe aide à enseigner aux plus jeunes, ce qui lui confère d’autres privilèges.

«Notre équipe a les clés du club, ce qui nous permet de pratiquer n’importe quand», ajoute-t-elle.

«En raison de la COVID, plusieurs d’entre eux profitent d’une pause dîner plus longue, note Saturnino. Plusieurs d’entre eux viennent lancer des pierres pendant une demi-heure à tous les jours. On voit déjà une grande amélioration chez ces jeunes, parce qu’ils jouent à tous les jours. Ils font jouer de la musique dans les haut-parleurs et pratiquent par eux-mêmes.»

Reese Wainman, une joueuse de 12 ans qui fait partie du programme, a déclaré : «Nous avons des pratiques programmées, mais aussi beaucoup de temps libre sur la glace, de sorte que nous pouvons jouer quand nous voulons. C’est bien d’avoir cette option.»

En plus d’un horaire élargi, le club d’Inuvik organise aussi des évènements à l’intention de différents groupes d’âge. Saturnino a commencé à organiser des rencontres sur une demi-glace pour les jeunes de 5 à 8 ans, ce qui permet aux plus vieux de gagner un peu d’argent en aidant dans les rencontres trois contre trois.

Le Centre de curling d’Inuvik a produit de nombreux champions des TNO au fil des ans. (Photo, Nick Saturnino)

«J’appelle ça le Smash Up Derby, explique Saturnino. On ne donne pas vraiment d’instruction technique; on permet juste aux jeunes de lancer des pierres sur la demi-glace. De 25 à 50 d’entre eux y ont participé.»

La ligue sur demi-glace dure huit semaines, d’octobre à décembre, et se termine par une journée Rock Star Festival, en février.

«Les jeunes tentent de gagner un trophée géant de six pieds, reprend Saturnino. Nous avons emprunté l’idée d’une compétition Tip, Tap & Toc disputée en Ontario. Les jeunes adorent ça.»

Cette saison, Saturnino a lancé une ligne un contre un pour donner aux jeunes une autre chance de jouer.

«J’ai toujours voulu organiser une ligue junior, mais nous n’avons jamais réussi à intéresser assez d’équipes complètes, explique-t-il. Nous avons lancé une ligue un contre un pour les catégories U-15 et U-12. C’est très populaire; les jeunes adorent ça. Nous avons 15 jeunes, qui jouent pour de l’argent, dans ces ligues.»

Saturnino tente d’étoffer son programme, avec toujours une prochaine étape et d’autres personnes à imiter. Les plus jeunes admirent les plus vieux, qui admirent les joueurs compétitifs.

«Des équipes d’Inuvik nous ont bien représentés depuis une dizaine d’années dans des championnats nationaux, mais uniquement en U-21 et U-18», note Saturnino.

Des bannières de championnat accompagnent ces titres des Territoires du Nord-Ouest.

«Des jeunes nous ont dit : “Je veux mon nom sur une de ces bannières, comment je fais ça? ”, et certains d’entre eux ont participé à plusieurs championnats nationaux U-18 et U-21, souligne-t-il. Les plus jeunes voient le nom de leur entraîneur sur ces barrières, et ça les motive. Ces jeunes veulent maintenant avoir leur nom sur une bannière.»

Pas juste une bannière, bien sûr.

«C’est une bonne façon de voyager, assure Gillis. Je suis allée partout au Canada; il y a des compétitions partout. C’est génial de jouer contre des jeunes de l’Alberta, de l’Ontario ou d’ailleurs.»

Saturnino sait que les jeunes apprécient ça, et lui aussi. Sa carrière en compétition l’a fait voyager partout au pays, ce qu’il revit maintenant avec l’équipe de sa fille Carina. Mais voyager quand on part de l’extrême nord, ça coûte cher.

«On parle d’un budget d’équipe de 40 000 $ à 50 000 $ à partir du moment où nos filles sont devenues vraiment compétitives. Il faut se concentrer sur les levées de fonds à chaque année.»

Malgré les coûts, les efforts de Saturnino contribuent à assurer la vitalité du curling à Inuvik.

«La moitié des joueurs de nos ligues sont d’âge junior, note-t-il. Ils contribuent au maintien du club.»

Curling Canada