L’amour fraternel sur la glace!

Glen Kennedy, à gauche, et Marc Kennedy s’affronteront pour la première fois au Brier Tim Hortons mardi matin. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Les frères Kennedy ont accédé au Brier par des chemins différents

Les frères ont toujours fait partie intégrale du Brier Tim Hortons

Ceux qui suivent le sport connaissent bien le clan Richardson de la Saskatchewan, les Watchorns de la Peace Region en Alberta, les frères Harnden du Soo, les Howards de l’Ontario et les Koes de Calgary et Yellowknife. Il y en a probablement eu plusieurs autres.

Ajoutons-en deux autres à la liste.

Cette semaine à Lethbridge, les frères Marc et Glen Kennedy, tous deux de St. Albert, en Alberta, participent au Brier Tim Hortons 2022, présenté par AGI, mais pas dans la même équipe. Marc, un habitué du Brier Tim Hortons à sa 11e participation, joue comme troisième pour le capitaine Brad Jacobs de l’équipe du Nord de l’Ontario, à Sault Ste. Marie. Et – roulement de tambour! – son frère Glen, à l’âge vénérable de 42 ans, participe pour la première fois à la compétition comme troisième pour Équipe Territoires du Nord-Ouest, du capitaine Jamie Koe, de Yellowknife.

Coup de chance : leurs équipes sont dans le même groupe, et doivent s’affronter mardi à 8h35 (heure des Rocheuses) au ENMAX Centre.

Les deux frères ont toutefois emprunté des parcours bien différents pour en arriver à ce moment-là : Marc a pris un chemin et Glen un autre, conséquence du destin.

À un moment dans leur carrière junior à Edmonton, Glen était un meilleur joueur; si l’un des deux était destiné à participer un jour au Brier Tim Hortons, c’était lui, le plus vieux des deux frères.

Mais Glen s’est blessé au genou en jouant au soccer en 1999, au moment le plus important de sa carrière junior au curling. Comme on dit, le reste appartient à l’histoire.

Cette blessure a orienté Glen vers le monde de l’éducation, et vers une carrière d’ingénieur. Il est maintenant le propriétaire prospère de Prism Engineering Co.

De son côté, Marc s’est consacré au curling, et a accumulé son lot de trophées, dont une médaille d’or olympique.

«Je ne sais même plus pendant combien de mois je me suis déplacé avec des béquilles, raconte Glen. Ça change les priorités d’une vie. Pendant mon adolescence et au début de la vingtaine, le curling était absolument no 1. Puis, la vie continue et il devient no 5, 6, 7… mais sans le moindre regret.»

«Nous rêvions tous de grandir dans ce sport, ajoutait-il. Je ne regrette pas trop les choix que j’ai faits. Belle famille, belle carrière, très heureux du déroulement des choses.»

Glen a resté impliqué au curling au fil des ans, en jouant à temps partiel pendant une vingtaine d’années dans l’Ouest du Canada, tout en gardant un œil sur la carrière de son frère.

«J’aime encore ce sport, et j’ai toujours été le plus grand fan de Marc, note-t-il. C’est génial de voir à quel point il a bien réussi au cours de sa carrière, mais c’est aussi agréable de vivre l’expérience que j’ai eue en tant que joueur à mi-temps.»

Le destin a encore contribué à l’amener au Brier Tim Hortons en compagnie de Koe. Koe et Glen sont allés à P’yŏngch’ang, en Corée du Sud, pour voir évoluer leur frère respectif aux Jeux olympiques d’hiver de 2018. Ils ont appris à bien se connaître.

«J’ai pris une sorte de semi-retraite, l’été dernier, et Jamie m’a contacté en me disant : “ Pourquoi tu ne viens pas jouer avec nous dans le nord (en tant qu’agent libre)?”»

Marc l’a aussitôt encouragé.

«Nous avons pris des chemins différents après les juniors, racontait Marc, et ça lui a pris du temps avant d’arriver ici. C’est fantastique de le voir ici. Je suis vraiment, vraiment content pour lui. Être passé par où il est passé et être quand même capable de venir au Brier, c’est tout à son honneur.»

Marc raconte que la blessure de son frère a été un moment charnière pour tous les deux.

«Il a dû subir une opération qui a changé sa carrière au curling, reprend Marc. Je pense que ça a aussi changé notre relation parce que j’étais à un âge où j’étais désolé pour lui; d’habitude, des frères se chamaillent, mais nous avons arrêté après ça. J’étais désolé pour lui, il allait à l’école avec une grosse attèle sur son genou pendant six mois; c’était difficile pour lui.»

«Depuis ce temps, nous avons un peu plus d’empathie et de soutien l’un envers l’autre.»

Les frères ont hâte à la rencontre de mardi matin depuis que leur équipe respective a mérité son laissez-passer pour le Brier Tim Hortons, le mois dernier.

«Ça fait longtemps que je n’ai pas joué contre lui, je suis certain que nous allons savourer ça, prévoit Marc. Nous avons perdu notre père voilà deux ans, il aurait adoré ça nous voir. Depuis que nous l’avons perdu, je pense que nous sommes tous devenus plus proches.»