Blog Paralympique – Jour 5

Jon Thurston, Ina Forrest, Beijing 2022 – Wheelchair Curling // curling en fauteuil roulant Canada’s Round Robin Session 13 against Great Britain // Round Robin Session 13 du Canada contre la Grande-Bretagne. 09/03/2022 (Photo – Angela Burger – Canadian Paralympic Committee)

Le Dr Kyle Paquette discute de la « psychologie du sport », du processus et des casinos

Chaque fois qu’une équipe connaît des performances difficiles ou perd quelques matchs de suite, il faut s’attendre à ce que des émotions désagréables remontent à la surface. La colère, la tristesse et le dégoût sont souvent faciles à repérer sur le visage des athlètes, et l’impact de ces émotions peut être un obstacle aux objectifs que les athlètes s’efforcent d’atteindre. Dans ces moments-là, il est courant d’entendre les gens commencer à murmurer que le « psychologue sportif » de l’équipe va devoir se mettre au travail pour aider à « réparer » les pots cassés.

La vérité est que nous nous sommes mis au travail il y a quatre ans afin de préparer ces Jeux, et les athlètes ont travaillé tout aussi dur presque tous les jours depuis. Notre quatrième, Jon Thurston, par exemple, suit une formation de pleine conscience, souvent deux fois par jour, depuis quatre ans. C’est plus de 1 500 séances de méditation (250 à 300 heures!) qui l’ont aidé à apprendre à gérer, reconnaître et accepter ses pensées et ses émotions et, peut-être le plus important, à se recentrer sur un objectif choisi. Donc, nous ne nous mettons pas au travail après quelques revers. Nous avons passé des années à construire une base de compétences mentales
et de perspectives et relations saines avec la performance et les différents résultats de la performance, donc quand nous traversons inévitablement une période difficile, nous disposons des stratégies et des outils pour y faire face.

Dr. Kyle Paquette, Beijing 2022 – Wheelchair Curling //curling en fauteuil roulant Canada’s Round Robin Session 4 against Latvia // Round Robin Session 4 du Canada contre la Lettonie. 06/03/2022 (Photo – Angela Burger – Canadian Paralympic Committee)

Avec ce groupe en particulier, c’est un rôle différent de celui que j’assume avec d’autres équipes. Il est beaucoup plus facile de soutenir des athlètes qui, même s’ils ne gagnent pas, performent toujours à un niveau de classe mondiale et atteignent la plupart de leurs objectifs.
Aider les athlètes à gagner en confiance et à recadrer leurs émotions ou pensées inutiles devient plus facile lorsque vous pouvez fournir des données de performance concrètes qui brossent un tableau beaucoup plus optimiste que celui dépeint par leurs émotions. Il est également important de leur rappeler que nous avons un processus qui, à long terme, nous apportera le succès. Nous n’essayons pas de créer la confiance à partir de rien, nous avons une équipe très compétente et de nombreuses données et expériences vécues sur lesquelles nous pouvons nous
appuyer.

Le sport de haut niveau consiste à rechercher continuellement le 1 % – les petits détails, les stratégies ou les tactiques qui augmenteront nos chances de succès. Nous avons créé un « processus » (une série de routines et de plans de match), un plan qui optimise nos chances de succès. Nous avons un personnel et un groupe d’athlètes qui croient pleinement à ce processus.
 
Nous voyons notre processus un peu comme un casino où « la maison gagne toujours ». Il y aura toujours des gens qui partageront leurs histoires de succès au casino, comment ils ont « gagner le gros lot » après être arrivé avec 50 $ puis reparti avec quelques centaines. La maison paiera de temps en temps. Cependant, à long terme, la maison récupérera cet argent (et plus). Nous l’avons vu aujourd’hui lorsque nous avons connu des ratés qui, nous le savions, étaient inévitables. Nous avons obtenu quelques bons résultats. En bref, nous n’avons pas changé beaucoup de choses, car notre processus était déjà solide et nous savions que les victoires viendraient – et continueront de venir.

Certes, il y a eu une certaine frustration après trois défaites consécutives, et il est important de reconnaître et de valider ces réactions émotionnelles naturelles et normales. Quand j’ai commencé dans ce métier, j’essayais d’aider les gens à se sentir « mieux » dans ces moments-là en essayant de remplacer les « mauvais » sentiments et pensées par des « bons ». J’ai appris au fil des ans qu’il faut créer un espace pour permettre à ces sentiments de s’exprimer

librement et de les partager ouvertement. Il est important de valider ces sentiments. Nous avons le droit d’être frustrés – nous avons tous travaillé incroyablement dur pour en arriver là, et aucun de nous ne veut que le rêve s’envole en raison de quelques coups opportuns ou improbables des autres équipes. Vous devez donner un peu de temps et d’espace aux gens pour gérer leurs émotions.
 
Cependant, vous devez également fixer une limite en termes de temps. À un moment donné, ça suffit, et vous devez passer à autre chose. C’est une chose de ressentir ces émotions et quelque chose de tout à fait différent de permettre à ces émotions d’avoir un impact négatif sur vos actions et vos décisions. Nous avons laissé sortir nos frustrations dans le vestiaire, mais une fois dans l’autobus, nous avons fait jouer de la musique, raconté des blagues et recommencé à regarder vers l’avant.

Cela a également aidé à faire quelque chose de totalement différent et à entrer dans un état d’esprit différent. Nous avons pris des nouvelles de nos familles, avons joué à des jeux et avons essayé de passer du temps ensemble dans un cadre différent.
 
L’autre partie plus effacée de cette aventure est le repos et la récupération. Nous avons eu des journées fractionnées consécutives avec des matchs tôt le matin et des matchs tard le soir. Nous avons élaboré (et suivi avec succès) un plan pour optimiser le repos et la récupération au cours des derniers jours, mais cela a été difficile en raison du calendrier de compétition. Nous avons prévu des siestes l’après-midi et nous nous sommes endormis aussi vite que possible.

Heureusement, nous avions congé ce matin, donc il n’y avait pas d’urgence à sortir du lit. Nous avons bu nos frappés aux fruits matinaux habituels ensemble et avons eu tout le temps dont nous avions besoin pour nous préparer pour notre match de 14 h 30. Après une bonne nuit de sommeil et une matinée détendue, il y avait visiblement plus d’énergie et de confiance lors de notre victoire contre la Grande-Bretagne. Grâce au processus que nous avons mis en place il y a quatre ans, le casino a retrouvé le chemin de la victoire.

Comme le dit notre capitaine, Mark Ideson, « La pression est dans la préparation! »
 
Le Dr Kyle Paquette est consultant en préparation mentale avec l’équipe paralympique
canadienne de curling en fauteuil roulant.

Curling Canada