Coup de folie avec Steve Laycock

Cette fois, l’invité d’honneur de John est Steve Laycock, le triple champion saskatchewanais et champion provincial en titre, médaillé de bronze au Brier, et ancien champion du monde junior. L’équipe de Steve, qui occupe le 7ème rang au classement Ordre du mérite du Circuit mondial de curling, sera une des concurrentes de Coupe Canada cette saison. Bienvenue à Coup de folie, une nouvelle série de Curling Canada où le comédien John Cullen s’entretient avec vos joueurs et joueuses favoris en vue d’amorcer une discussion où tous les coups sont permis. Chaque entretien consiste en huit questions, dont cinq questions régulières posées à chaque joueur ou joueuse, deux questions qui portent spécifiquement sur la personne interviewée, et une question qui aura été proposée par la personne interviewée précédemment.
Steve Laycock (Curling Canada/Michael Burns photo)

Steve Laycock (Curling Canada/Michael Burns photo)

1. Quel est le plus beau coup auquel tu aies jamais participé? Steve Laycock: Je remonte assez loin dans le temps pour ce coup. Quand j’avais 18 ans, nous avons quitté la province pour la première fois pour jouer dans un tournoi à Brandon, Manitoba. L’équipe de Mike McEwen organisait à l’époque un tournoi junior, et aux éliminatoires, nous avions pour adversaire Daley Peters. Nous avions le marteau pour le dernier bout, et j’ai réussi un placement par un passage, en contournant une pierre à l’extrémité du bouton, pour immobiliser ma pierre juste en dedans du bouton et gagner le match. John Cullen: Cela a l’air intense. Le passage était étroit? SL: Disons que nous avions déjà commencé à chauffer la voiture juste avant que j’ai tenté ce coup. JC: [rire] Et puis tu t’opposais à Daley Peters, et j’imagine qu’il n’était pas super content. SL: [rire] Bof, il ne semblait pas trop heureux. Disons que sa famille est venue me demander pardon après la conclusion de la partie. [rire] JC: [rire] Bon dieu, c’est beau. Cela a l’air d’un coup exceptionnel, mais tu as beaucoup accompli sur ta carrière : pourquoi est-ce que celui-ci ressort? SL: Bon, si je me souviens bien, nous avons réussi cet exploit aux quarts de finales, puis nous avons fini par nous affronter à – et vaincre – Mike McEwen à la finale. C’était la première fois où je me suis senti comme sur pied d’égalité avec les grandes équipes, et cela m’a procuré énormément de confiance par la suite. Je pense que, si nous n’avions pas eu ce succès à ce tournoi-là, nous n’aurions pas remporté la victoire au Mondial junior. 2. Quel joueur ou joueuse saurais-tu battre dans un combat corps à corps? SL: Pas mal de gens, en effet : ma puissance d’homme mûr commence à s’affirmer. [rire] Franchement, je ne veux me battre avec personne, mais je ne crains pas de le faire, s’il le faut. JC: Je te comprends. Et tu as des enfants aussi, donc tu as la puissance du père en plus. SL: J’ai horreur qu’on ne me frappe aux reins. [rire] J’ignore le pourquoi, mais un coup aux reins me descenderait sûrement. JC: Et les membres de ton équipe à toi? J’ai le sens que vous autres, vous savez vous battre. SL: Disons que les gars ont été assez surpris, quand nous avons établi l’équipe, que j’étais capable de soulever des poids plus lourds qu’eux. C’est une vieille blague entre nous que la puissance du vieillard me donne un avantage là aussi. Pour ce qui est d’une bataille main à main avec mes coéquipiers, je ne vais pas citer de noms, mais disons qu’il y en a deux que je sais battre pour sûr, et un que je ne saurai nullement battre. [rire]
2015, Calgary Ab, Tim Hortons Brier, Saskatchewan skip Steve Laycock, third Kirk Muyres, second Colton Flasch, lead Dallan Muyres, Curling Canada/michael burns photo

(Curling Canada/michael burns photo)

3. Si une charcuterie tenait à baptiser un sandwich en hommage de toi, comment serait ce sandwich? SL: La garniture la plus importante pour moi est la mayonnaise. Je me gave de mayo. Ajoutons un couple de protéines, peut-être des côtelettes, du poulet et des légumes, rien de trop fantaisiste. Mais il faut absolument de la mayo. JC: Tu n’es pas le gars qui mange un sandwich à la mayonnaise? Je connaissais des enfants qui faisaient ça. SL: Non, jamais la mayonnaise toute seule. J’ai grandi dans une ferme, et à la fin de l’été, quand les tomates étaient mûres, nous mangions des sandwichs aux tomates, mais les tomates étaient un simple prétexte pour manger la mayonnaise. On peut baptiser mon sandwich le Mayowich. Faut pas y aller par quatre chemins. [rire] 4. Lequel de tous tes boulots a été le pire? SL: Ce n’est pas un poste que j’ai fini par accepter, mais le pire de mes entretiens a été pour une compagnie ici en Saskatchewan qui vendait des livrets de coupons en porte-à-porte. Je me suis présenté pour l’entretien, et on m’a dit qu’il fallait passer un essai pour voir si j’aimais le boulot ou pas. Je me suis dit pourquoi pas, je le ferai pour un couple d’heures, pas de soucis. Nous nous sommes rendus en voiture à deux villes d’ici puis j’ai dû suivre un gars pendant huit heures et vendre ces maudits livrets de coupons. JC: On ne t’avait pas dit que c’était pour la journée entière? SL: Non, nous sommes partis en voiture et je me disais «bon dieu, c’est un très long chemin», puis j’ai traîné après le gars pendant toute une journée. JC: Quelle expérience minable. Tu as refusé le boulot tout de suite? SL: Bon, je pense qu’il était évident que je détestais le travail, dès le début. Le type me disait «tu as l’air d’un bon employé», et j’ai opté de ne pas le contredire, mais j’ai refusé de répondre à leurs appels par la suite. Quelques années après, je travaillais dans le domaine de gestion immobilière et j’ai remarqué que cette affaire de ventes de livrets avait fait faillite. Peut-être parce qu’on n’a pas su embaucher des employés au sortir de ces entretiens de huit heures. [rire] 5. Tu te souviens d’une croyance dingue à laquelle tu t’es tenue pendant bien trop longtemps? SL: C’était une grosse dispute dans notre équipe. Nous étions en Écosse pour un tournoi de curling, et nous sommes allés à une soirée pour fêter le Nouvel An à Édimbourg. On diffusait la chanson de Bruno Mars, «Locked Out of Heaven». J’étais convaincu d’avoir vu ou lu quelque part que cette chanson avait été composée par The Police. J’ai parié 17 millions de dollars à cet effet … JC: Attends, tu as bien dit 17 millions? SL: J’y arriverai. [rire] Bon ben, 17 millions, et puis Google a prouvé que j’avais tort. Et on ne va jamais me laisser oublier cela. Normalement je suis beaucoup plus fort que les autres gars avec les questions de culture générale, et je me suis senti nul après avoir raté cette question. JC: Et ces fameux 17 millions? SL: Oui, nous parions dans notre équipe tout le temps, mais c’est juste pour nous amuser, rien de sérieux. Donc les montants pariés sont toujours des chiffres énormes, qu’on n’imaginerait jamais être tenus de payer. Le chiffre que tu choisis exprime d’ailleurs la confiance que tu as que ta réponse est bonne. Peu importe le résultat, c’est une situation gagnante : ou bien j’ai tellement raison qu’on n’ose pas parier contre moi, ou bien je n’aurai jamais à payer si j’ai tort. [rire] JC: Mais techniquement tu dois 17 millions à ton équipe. SL: [rire] Techniquement, oui, mais c’est exactement pour cette raison que je n’achèterai jamais de billet de loterie. J’ai le sens qu’il faut verser 17 millions aux gars si je gagne le gros lot. En fait, ne publie pas ça, s’il te plaît. Je ne veux pas que ça reparaisse en documentation juridique dans le cas où je gagnerais. [rire] 6. Maintenant on passe aux questions qui portent spécifiquement sur Steve Laycock, et il faut commencer par ton nom de famille—est-ce le meilleur ou le pire? SL: Je réponds que c’est le meilleur. Quand on est petit, c’est un surnom tout prêt, et puis quand on devient adulte, les gens ont tendance à trouver le nom sympa. En plus, nous avons eu la bonne fortune d’être à la télé assez souvent, et cela oblige les commentateurs à prononcer le nom à maintes reprises. [rire] JC: [rire] C’est bien vrai. Je l’ai déjà tapé à plusieurs reprises. Est-ce que tu as fait l’objet de beaucoup de taquineries? SL: Jamais, à vrai dire, en dehors de l’évidence. Je ne me rappelle aucun moment spécifique où cela m’a agacé. Dans les cercles du curling , cela n’a surtout pas posé problème.
(Curling Canada/Michael Burns photo)

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7. Bon, tu es originaire de la petite ville de Saltcoats, Saskatchewan (population: 474) et la rumeur circule que ton nom est sur le panneau «Bienvenue à Saltcoats» Est-ce vrai? SL: Mon nom est sur le panneau, pour du vrai. On l’a même mis à jour après notre victoire au Mondial, et il y a eu une cérémonie pour mettre à l’honneur moi-même et Joan McCusker, qui vient elle aussi de Saltcoats. Elle n’a pas manqué de me rappeler maintes fois qu’elle avait dû gagner une médaille d’or à trois championnats du monde avant de voir son nom sur le fameux panneau, tandis que moi, il avait suffi que je gagne au Mondial junior. JC: [rire] Génial! Et c’est vraiment cool d’avoir ton nom sur un panneau, non? Tu prends un moment devant le panneau à chaque fois où tu passes par Saltcoats? SL: Malheureusement, je ne le vois plus très souvent puisque mes parents ont déménagé à Yorkton, et moi j’habite à Saskatoon. Mon frère et ma sœur habitent à quelques milles du panneau, mais ils sont de l’autre côté de la ville. J’en suis fier quand-même. Saltcoats a produit bon nombre de bons joueurs et joueuses : Gerry Adam, toute la famille de Joan, et un tas de participants et champions au tournoi provincial. Oui, Saltcoats nous a donné beaucoup de bons joueurs, donc c’est vraiment cool. JC: Tu t’en es jamais servi pour draguer une blonde? J’ai le sens que, «Tiens, c’est mon nom sur ce grand panneau là-bas,» ça marcherait très bien pour draguer. SL: [rire] T’as probablement raison, mais moi et mon épouse sommes ensemble depuis si longtemps, je n’ai jamais eu l’occasion d’user de cette tactique. J’ai des copains qui vandalisent le panneau de temps à autre; c’est probablement toute l’histoire. [rire] 8. Cette question nous est parvenue par le truchement de Dana Ferguson, qui a noté ton penchant pour Starbucks, et elle veut savoir ce que tu commandes comme boisson. Personnellement, je me fous de cette question, puisque j’ai le sens que tu n’aimes pas qu’on de qualifie d’accro de Starbucks. SL: [rire] Je ne suis surtout pas accro de Starbucks. Je n’aime pas les boissons chaudes; c’est pas mon truc. Je crois que j’ai mis un pied dans Starbucks une seule fois, peut-être? Peut-être un couple de fois. Je pense qu’elle me pose cette question puisqu’elle m’a épié chez Starbucks une fois. [rire] Si j’y suis, c’est pour commander une boisson glacée, somme toute. JC: Bon ben, merci Steve : pourrais-tu me rendre service et formuler une question pour poser à mon prochain invité? SL: Voyons. Sur ta carrière de curling, lequel de tes coéquipiers ou laquelle de tes coéquipières a le plus contribué à ton succès, et lequel ou laquelle a le moins contribué à ton succès? JC: [rire] WOW, droit au but, Steve! Et comment est-ce que tu répondrais, toi? SL: Un couple de noms me viennent à l’esprit, des gens que je pense responsables de mon succès. En premier, Chris Haichert. Au niveau junior, il m’a toujours poussé à trouver le meilleur de moi-même. Parfois je ne l’aimais pas tellement, mais il ne laissait pas de me pousser, et je lui dois beaucoup de gratitude pour cela. Et Pat Simmons, bien sûr. Nous avons été une bonne équipe pendant un bout de temps déjà, mais c’était en jouant aux côtés de Pat que j’ai vraiment compris ce que ça veut dire, être un joueur d’élite.
(Curling Canada/Michael Burns photo)

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JC: Et les ombres au tableau, de l’autre côté … SL: Mais j’ai posé cette question de sorte que je n’aie pas à y répondre. [rire] JC: Bon, Steve, nous en resterons là. Merci d’avoir participé aux Coups de folie, et bonne chance pour la saison à venir!