La fièvre du baseball fait fureur au Canada

Dans l’univers des médias sociaux, on a tendance à amplifier les événements et les qualifier de superlatifs tels que «sans précédent» ou «le meilleur de tout temps». Cela dit, je ne crois pas que j’exagère en disant que les Blue Jays n’ont jamais capturé l’imagination du Canada comme ils font maintenant, depuis la série d’acquisitions au mois de juillet. On n’a jamais vu une énergie comparable chez les fans canadiens, même à l’époque où les Jays WAMCO ont mené leur campagne remarquable de 1993.
    L'épouse de Nolan Thiessen Christine était sur des épingles et aiguilles tout en regardant l'équipe de son mari a fait au cours de 2015 Brier Tim Hortons finale. (Photo, gracieuseté Nolan Thiessen)

L’épouse de Nolan Thiessen Christine était sur des épingles et aiguilles tout en regardant l’équipe de son mari a fait au cours de 2015 Brier Tim Hortons finale. (Photo, gracieuseté Nolan Thiessen)

Pour beaucoup de ces fans, c’est la première fois où ils font l’expérience des éliminatoires de baseball. Vingt-deux ans se sont passés depuis les dernières éliminatoires, et on a une nouvelle génération qui n’a aucune idée de l’intensité qui vous prend en regardant une partie éliminatoire. Parfois on devient tellement nerveux on a envie de vomir. On a les mains qui transpirent. On a les nerfs en boule. Le mois d’octobre réserve des hauts et des bas qui n’existent dans aucun autre sport. Je vous prie de ne pas abandonner la lecture ici, mais il faut vous avouer que je suis fana des Red Sox. Les Jays ne sont pas un ennemi juré mais plutôt la deuxième équipe sur ma liste de favorites…l’équipe qui veut empêcher les Yankees de piquer un titre mondial. Donc j’appuie les Jays ce mois-ci. J’aime beaucoup le sport de baseball, peu importe l’équipe qui joue, et je me plais devant la passion qui surgit pour le sport dans notre pays. Cette fièvre ira en croissant à chaque victoire des Jays, et je suis tout à fait pour! Le baseball a un rythme assez lent, avec pas mal de temps d’arrêt — pareil au curling, une espèce de jeu d’échecs sur glace. Je crois que l’aspect méthodique augmente le stress chez les fans. À chaque fois où on lance la balle dans un match éliminatoire, les rêves peuvent se transformer en réalité…ou tomber en miettes. À la télé, les réseaux se délectent à faire un gros plan sur les amis ou les proches des différents joueurs, assis dans les tribunes, abattus par le stress. On peut presque voir le cœur qui bat à tout rompre. C’est comme regarder la finale du Brier Tim Hortons à la télé – l’enjeu est énorme pour les joueurs sur la glace, et la tension monte, d’autant plus que c’est un match serré. À chaque fois que notre équipe arrive à se qualifier aux rondes éliminatoires, les équipes de télévision nous demandent tout innocemment où nos épouses et nos enfants s’assoient dans les tribunes, puisqu’on veut capturer leurs réactions aux coups, les bons comme les mauvais. C’est bon pour le taux d’écoute, l’angoisse sur le visage des proches. Et c’est le genre d’angle de caméra que vous allez voir dans le Centre Rogers, suivant de près les réactions des fans des Blue Jays. Ils vont ressentir le même niveau de pression que subissent nos familles dans les tribunes du Brier Tim Hortons : on espère de tout cœur qu’une autre victoire se produira, tout en étant totalement impuissant pour aider. Je me souviens de l’excitation et l’intensité que j’ai ressenties en regardant les finales du Brier, bien avant d’y participer au niveau d’élite. Je n’avais pas d’intérêt direct dans le résultat; tout de même, j’éprouvais de l’anxiété en regardant les matchs tels que la finale de ’96, Stoughton v. Martin en bout supplémentaire, et celle de ’97 entre Vic Peters et Kevin Martin où l’énergie semblait basculer d’un coup à l’autre.
    Membres de la famille du l'Èquipe Canada célèbrent après la finale du Brier Tim Hortons. (Photo, gracieuseté Neil Zee Photographie)

Membres de la famille du l’Èquipe Canada célèbrent après la finale du Brier Tim Hortons. (Photo, gracieuseté Neil Zee Photographie)

Je me souviens également de l’expression sur le visage de Deb Peters en ‘92 quand la pierre de Vic est sortie de la piste dans sa tentative de gagner le match, et soudain on faisait face à un bout supplémentaire. L’intensité semble sortir de l’écran de télé pour vous envahir : on apprécie et ressent l’énergie et les espoirs que les joueurs investissent dans le résultat de ces matchs super importants. Ils ont bossé pendant des années, et le moment est enfin venu pour récolter le fruit de tout ce travail. Les amis, les proches, les fans sont bien conscients de cela. Ils savent que c’est bien plus qu’un simple match. Mon épouse m’a dit après notre finale au mois de mars dernier que notre équipe l’avait fait vieillir subitement de quelques années. Après notre victoire en bout supplémentaire en 2010, elle a pensé que le stress ne pourrait être pire que cela, mais le match de 2015 est venu prouver qu’elle avait tort. À nous regarder contester la finale du Brier Tim Hortons, où tout a été misé sur le dernier placement de Pat, elle a dû détourner son regard à plusieurs reprises, tant le stress l’abattait. Préparez-vous donc : si vous soutenez les Blue Jays, c’est la sorte d’expérience qui vous attend aux éliminatoires. Les éliminatoires commencent cette semaine, et l’adrénaline et l’anxiété vont monter en flèche. Mais c’est là la magie du sport : après cette poussée d’adrénaline, après tout le stress, il y a souvent une belle récompense qui vaut bien la peine. (Nolan Thiessen lance les pierres de premier pour Équipe Canada, dont les tournois majeurs de cette saison incluent la Coupe Canada Home Hardware, du 2 au 6 décembre à Grande Prairie, Alta.; la Coupe Continentale World Financial Group, du 14 au 17 janvier à Las Vegas; et le Brier Tim Hortons, du 5 au 13 mars à Ottawa. Et pour ce qui est de son expertise en baseball? Il a joué sur son équipe universitaire au poste de lanceur, et même maintenant, en saison morte, on le trouve souvent sur le terrain de balle, où il arrive toujours à sortir des trucs pour tromper les frappeurs.