Des héros parmi nous

Photo: Curling Canada

Curling Canada salue les contributions des Forces armées canadiennes et leurs liens serrés avec le curling

En 1915, le lieutenant-colonel John McCrae des Forces armées canadiennes a écrit un célèbre poème, inspiré par un ami qui avait perdu la vie dans la deuxième bataille d’Ypres dans la Première Guerre mondial, et qui se termine par ces mots : «Nous ne trouverons pas le repos, bien que les coquelicots fleurissent, dans les champs de Flandres».

La popularité du poème, intitulé In Flanders Fields (Au champ d’honneur), ne cessera de croître pour sa façon éloquente de décrire les rigueurs de la guerre, et reste un testament écrit au sacrifice, au devoir et à l’altruisme encore cité de nos jours.

Alors que nous nous rappelons les sacrifices des membres de nos Forces armées canadiennes, et les remercions dans la cadre des cérémonies du jour du Souvenir, 105 ans après la publication de In Flanders Fields, les sentiments exprimés dans ce poème culte n’ont pas changé. Le 11 novembre reste une journée de souvenirs et de réflexion, et une occasion d’offrir nos remerciements à ceux qui ne sont plus avec nous pour les recevoir.

La contribution du Canada à la communauté des pays n’a pas pris fin quand les fusils se sont tus à la fin de la Première Guerre mondiale, et n’a pas pris fin non plus quand la 3e division d’infanterie et le 2e brigade armée de l’armée canadienne ont débarqué sur la plage de Juno dans le nord de la France, face à des obstacles qui semblaient insurmontables, pour changer le cours de la Deuxième Guerre mondiale. Les Canadiens ont également participé aux efforts récents pour préserver la paix à Suez, au Cogo, en Bosnie, au Kosovo, en Sierre Leone, à Haïti, au Rwanda et dans plusieurs autres théâtres d’opérations qui avaient besoin d’aide. Les Canadiens ont tout simplement répondu à l’appel, et continuent à le faire aujourd’hui.

Les héros sont encore plus près de nous que vous ne le pensez, surtout dans la communauté du curling. Historiquement, le curling au Canada a toujours été associé avec les militaires, et leur premier rejeton, la police. Les militaires ont apporté le curling au Canada; les premiers compte-rendu du sport fourmillent de références au colonel Smith ou au major Jones ou au commissaire de police. Quand les premiers régiments ont été démantelés au Canada et que leurs membres ont reçu des lopins de terre, les officiers ont formé l’élite d’une nouvelle collectivité, et ont souvent fondé les premiers clubs de curling.

Sur les bases au Canada, les installations de curling font depuis longtemps partie de la vie des militaires, qui y trouvent détente, socialisation et camaraderie. On retrouve de telles installations à Edmonton et à Cold Lake en Alberta, à Gagetown au Nouveau-Brunswick, à Halifax, à Greenwood en Nouvelle-Écosse et à Kingston, en Ontario.

Plusieurs membres des Formes armées sont des joueurs de curling hautement décorés, dont le major à la retraite Brian Lewis, membre des Forces armées pendant 20 ans, et double champion senior masculin de l’Ontario au curling (en 2012 comme capitaine, et en 2015 avec le capitaine Jeff McCrady).

Lewis lance une pierre au championnat senior masculin – 2012

Lewis attribue son succès dans la vie et au curling à son engagement dans les Forces armées canadiennes.

«Mes 20 années dans les Forces armées canadiennes ont été très bonnes pour moi, assure Lewis. Le Collège militaire royal a contribué à me transformer d’une âme égarée en leader discipliné et organisé. J’ai reçu trois diplômes – un baccalauréat en génie mécanique, une maîtrise en génie aéronautique et une maîtrise en administration des affaires – tout ça grâce aux Forces. J’ai rencontré mon épouse et me suis fait plusieurs amis précieux dans l’Aviation canadienne. Je dirais que les habiletés et l’expérience que j’ai acquises chez les militaires m’ont servi dans le curling de compétition. Les qualités de leader m’ont aidé quand j’ai dirigé une équipe. La discipline personnelle que j’ai développée dans les campagnes militaires me motive à m’entraîner et à pratiquer, tandis que mes talents organisationnels sont pratiques pour garder la cohésion avec trois autres joueurs dissipés!»

Et même si Lewis était une étoile montante qui a rapidement gravi les rangs dans les Forces armées, il n’a jamais perdu de vue son enthousiasme pour le curling.

«Pour moi, le curling est synonyme de compétition et de camaraderie. Bien que je sois fier de mes succès au curling, je suis encore plus fier des amitiés durables que j’ai forgées grâce au curling. Bien que ma carrière de compétition ait un peu souffert de mes déménagements pendant ma carrière militaire, souvent dans des endroits où le curling n’était pas aussi bien implanté qu’à Ottawa, je n’ai aucun regret, et je ne changerais rien.»

Le jour du Souvenir revêt un caractère spécial pour Lewis, qui a constaté lui-même les impacts d’une vie de service dans les Forces armées.

Lewis avec un CF-18, Cold Lake, Alberta – Photo: Brian Lewis

«Le jour du Souvenir, on se rappelle ceux qui ont sacrifié leurs vies ou ont été blessés au service du Canada. C’est aussi une journée au cours de laquelle je reconnais les sacrifices uniques que font les membres actuels des Forces armées canadiennes, que ce soit la séparation d’avec leur famille quand ils sont en mer, en déploiement ou à l’entraînement, les séquelles psychologiques que certains ressentent au retour d’une opération difficile, les affectations qui peuvent bouleverser la vie familiale, ou le besoin d’être essentiellement disponible 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, et ainsi de suite. Je pense aussi à mon grand-père, qui était aumônier auprès des militaires canadiens durant la Seconde Guerre mondiale, et qui a continué à servir pendant plusieurs années par la suite. Et je pense aussi à mes collègues qui ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.»

Bien qu’on parle surtout de ceux qui sont enrôlés, l’implication d’un membre de la famille dans les Forces armées canadiennes se répercute aussi dans la vie quotidienne.

Championne du Tournoi des Cœurs Scotties au Nouveau-Brunswick en 2017, championne junior du Nouveau-Brunswick en 2014 et substitut dans l’équipe de Corryn Brown au Championnat du monde de curling junior en 2013, Cathlia Ward vit ces impacts en tant que mère, enseignante de maternelle et membre d’une famille militaire.

Ward, dont le partenaire est un membre des Forces armées canadiennes dans le régiment North Saskatchewan à Saskatoon, souligne les impacts du service militaire sur sa vie quotidienne.

«Cette année seulement, nous avons déménagé d’un bout à l’autre du pays, en peu de temps. On s’installe là où l’armée nous envoie. Mon partenaire est soldat, mais ma fille et moi faisons des sacrifices presque tous les jours pour le Canada, comme toutes les familles de militaires.»

Photo: Cathlia Ward

Même si Ward comprend que peu de familles de militaires ont le luxe de s’installer à un même endroit, ça ne représente que la pointe de l’iceberg quand on parle des sacrifices requis des membres de la famille d’un militaire au Canada.

«Mon partenaire travaille souvent tard la nuit, ou quitte pour le terrain à la dernière minute, raconte Ward. Nous avons manqué beaucoup de Noëls, d’anniversaires et d’Actions de grâce, et nous n’avons toujours pas célébré d’anniversaire ensemble. Cette année, ma fille a passé son premier Halloween avec son père. À chaque année, nous sommes des semaines sans nouvelles à cause de l’entraînement et du travail sur le terrain, et nous passons des mois loin de l’autre. Depuis notre déménagement, nous avons passé plus de temps dans la même ville au cours des trois derniers mois que lors des trois dernières années depuis la naissance de notre fille, à cause des horaires d’entraînement et de déploiement. Ça représente vraiment un sacrifice pour nous tous, mais nous en sommes fiers, peu importe les défis des prochains jours, des prochaines semaines, des prochains mois et des prochaines années.»

Pour Ward, le jour du Souvenir est synonyme d’un engagement personnel profond, orienté vers l’empathie et la compassion pour les autres.

«On effectue notre routine quotidienne, mais quand on prend le temps de s’arrêter lors du jour du Souvenir, en tant que famille militaire, ça fait vraiment ressortir l’ampleur des sacrifices que consentent les gens pour notre liberté, de même que les sacrifices de notre famille à tous les jours, souligne Ward. L’an dernier, nous avons connu un déploiement outre-mer avec l’OTAN, une affectation de dernière minute à l’autre bout du pays, et une pandémie, mais les sacrifices de notre famille sont infimes en comparaison de ceux qui ont perdu la vie, et des familles restées derrière pour ramasser les morceaux. Quand un membre de la famille s’enrôle, toute la famille en fait autant. Pour moi personnellement, cette période de l’année me fait réfléchir à la résilience des enfants des militaires, et la faculté d’adaptation et la force mentale des épouses des militaires, qui vaquent à leurs occupations quotidiennes malgré l’incertitude, et parfois la tragédie.»

Brian Lewis et Cathlia Ward ne sont pas les seuls à partager ces expériences. Presque tous les membres des Forces armées canadiennes font les mêmes sacrifices pour assurer la réelle liberté dont jouit la population civile du Canada à tous les jours.

Ce niveau de prospérité inégalité dont nous, la population civile, pouvons profiter, y compris l’accès au curling, nous le devons aux membres des forces armées qui sacrifient leur confort, leur qualité de vie et, dans le pire des scénarios, leurs vies, pour que nous puissions profiter des fruits de leur labeur.

Ces héros sont parmi nous. Vous leur avez peut-être déjà serré la main avant ou après une partie de curling, sans même le savoir.

Pour votre incroyable force morale, votre force et votre grâce sous pression, et pour votre rôle essentiel pour que le Canada soit en sécurité et libre, Curling Canada témoigne sa sincère reconnaissance envers les membres de nos Forces armées canadiennes, en service ou retraités, et envers ceux qui ont fait le sacrifice ultime.

Nous nous souviendrons d’eux.

Curling Canada