Apprentissage continu!

Brad Gushue a été extrêmement occupé sur et en dehors de la glace alors qu’il termine ses études de MBA. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

L’olympien Brad Gushue sur le point de terminer son MBA

La plupart des personnes d’un certain âge peuvent en témoigner : jeter un coup d’œil en arrière, à l’époque de ses 24 ans, provoque généralement un mélange de fascination, de perplexité et, oui, un certain frémissement.

« J’ai quitté l’école depuis 17 ans », souligne Brad Gushue, le capitaine de l’équipe olympique canadienne de curling masculin, qui a replongé son nez dans les livres à l’été 2020.

« Donc, les 20 derniers mois, je dirais, ont été assez chaotiques. Assez stressants.

« Mais nous y sommes presque. Il y a de la lumière au bout du tunnel.

« Avoir accompli tout cela pendant une pandémie est quelque chose dont je suis plutôt fier et c’est un atout que je pourrai utiliser plus tard lorsque ma carrière de curling sera terminée.

« Je jongle avec plusieurs balles à la fois. »

Plus de balles, en fait, qu’un amuseur de rue dans le quartier touristique de Covent Garden à Londres.

Mari. Papa. Propriétaire d’entreprise. Curleur au plus haut niveau de compétition.

Et, tel un véritable Marty McFly dans Retour vers le futur, étudiant.

Brad Gushue a passé beaucoup de temps sur son ordinateur portable alors qu’il termine son programme de MBA. (Photo, avec l’aimable autorisation de Brad Gushue)

L’apparition de la COVID-19 et l’incertitude concernant le calendrier de curling se sont avérées être le déclencheur pour Gushue – copropriétaire en compagnie Mark Nichols, son coéquipier d’Équipe Canada, du centre de conditionnement physique Orange Theory Fitness dans sa ville natale de Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador — dans sa décision de s’inscrire au cours accéléré de maîtrise en administration des affaires de la Smith School of Business de l’Université Queen’s.

Le fait qu’il puisse effectuer ses travaux scolaires à distance de chez lui à Terre-Neuve-et-Labrador, et qu’il ait un an pour le faire, semblait un moyen idéal pour s’occuper et parfaire ses connaissances.

« Quand j’ai vu le programme, les dates, je me suis dit ‘Même si le curling reprend, ça peut fonctionner. Pas de conflit avec un tournoi du Grand Chelem ou le Brier ou quelque chose comme ça.

« Mais je n’aurais jamais pensé que je retournerais à l’école et quand je l’ai fait, ce fut un gros changement. »

Gushue avait obtenu un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Memorial à Saint-Jean en 2004.

« À l’époque, quand je suis allé à l’université, eh bien, pour être honnête, mes notes n’étaient pas vraiment bonnes », reconnaît-il. « À ce stade de ma vie, je faisais le minimum pour m’en sortir parce que j’étais tellement concentré sur le curling. Tout le reste de ma vie était secondaire.

« L’école n’était pas seulement deuxième sur ma liste de priorités, elle était troisième ou quatrième. Assez loin derrière. »

Depuis ce passage à Memorial, bien sûr, il a remporté une médaille d’or olympique à Turin, en Italie, trois titres du Brier Tim Hortons et un championnat du monde.

Par contre, cette liste de réalisations ne voulait rien dire dans le monde universitaire. Retourner en classe, même à distance, ne fut définitivement pas aussi facile que, disons, remonter sur un vélo ou réussir un coup gagnant sous pression au 10e bout.

« Au cours des deux premiers mois, lorsque cette première vague de travaux est arrivée – j’en avais trois ou quatre à faire en peu de temps – je me suis dit : ‘Oh. Mon. Dieu. Pourquoi me suis-je mis dans ce pétrin?’, dit-il en riant.

« J’ai traversé cette première vague, puis une autre vague a suivi vers le mois de juin, accompagnée d’une kyrielle de travaux à remettre, beaucoup de travail.

« Au cours des dernières semaines, aussi, je me suis dit plusieurs fois : ‘Vraiment?’

À 41 ans, Gushue n’est plus qu’à un travail d’obtenir ce MBA. En quelque sorte un diplôme complémentaire à son prestigieux doctorat en coups de curling.

« Il ne se passait pas grand-chose. Puis, nous avons entendu parler de la bulle à Calgary qui serait utilisée pour certains événements. Eh bien, ce format s’est avéré parfait pour moi car nous avions tellement de temps libre dans la bulle que j’ai pu consacrer beaucoup de temps à mes études et rédiger mes travaux.

« Mais on entend les gens parler des études à distance plutôt qu’en personne. Chaque cours durait trois heures et demie, nous en avions deux d’affilée, un le dimanche puis un le lundi, ce qui représente sept heures d’appels Zoom. Votre attention, votre concentration en prend un sacré coup, vous essayé de conserver votre intérêt pendant toute cette période tout en regardant un écran.

« À la fin de ces journées, j’étais complètement épuisé.

« La semaine dernière (la deuxième semaine de décembre), j’ai trouvé les cours (en personne) à Kingston (Ontario) tellement plus faciles. Donc, ce fut difficile. Aucun doute là-dessus.

« Chaque événement auquel nous avons participé cette année, je consacrais un peu de temps à mes études, que ce soit rédiger un travail, faire de la lecture, peu importe. »

Dans le cas des Essais canadiens de curling Tim Hortons, présentés par AGI, le mois dernier à Saskatoon, cependant, Gushue était déterminé à n’avoir qu’une activité à son agenda et à se concentrer uniquement sur un voyage à Pékin en février.

« Je me suis engagé à ne même pas apporter les livres avec moi. J’étais concentré sur une chose, et une seule chose. Je n’ai fait aucun travail scolaire. Plusieurs de mes programmes comprennent des travaux d’équipe. J’ai dit au reste de mon groupe que je devrais m’effacer pendant cette période. Je n’allais pas communiquer au sujet de nos cours, je n’allais pas répondre aux questions.

« Et ils ont été d’un grand soutien. Cela a beaucoup aidé.

« Je sentais que je devais prendre les devants. Les membres de mon groupe m’ont un peu tiré la pipe parce que je remettais tous mes travaux une semaine plus tôt que la date prévue.

« Mais cela signifiait qu’il n’y avait pas de situations de dernière minute sous pression pour essayer de terminer un travail quatre heures avant l’heure de tombée – ce qui était toujours le cas au cours de mes études de premier cycle.

« Nous avons fait énormément de travail à l’avance, donc je n’étais pas débordé. Nous étions en avance et par conséquent, aux Essais, je me sentais vraiment à l’aise de laisser les livres à la maison.

  « Avec toute la pression que l’on ressent aux Essais, c’était bien de ne pas avoir à penser aux études. Ajouter ces préoccupations au curling aurait été un peu trop. »

Ce plan de match soigneusement élaboré a porté ses fruits à la Place SaskTel, un triomphe de 4-3 aux dépens de l’olympien Brad Jacobs et de son équipe du Nord de l’Ontario en finale permettant à Gushue de retourner aux Jeux olympiques pour la première fois depuis 2006.

« Cela semble lointain, tellement lointain, non? » réfléchit-il. « Eh bien, oui et non. Pour ce qui est du oui, je n’ai qu’à regarder mes deux enfants, Marissa et Hayley. Elles ont 10 et 14 ans maintenant. La dernière fois que je suis allé aux Jeux olympiques, j’étais fiancé, sans enfants, pas de travail. Je me concentrais uniquement à obtenir un billet pour Turin et sur le curling. C’était toute ma vie.

« Il s’est passé beaucoup de choses en 16 ans. Maintenant, le curling n’est pas la fin du monde pour moi. Donc, de ce point de vue, cela semble vraiment lointain.

« Mais, vous savez, encore aujourd’hui, je peux fermer les yeux et retourner à ce moment avant de monter sur le podium. C’est encore frais dans ma mémoire. Comme si c’était hier. Et c’est quelque chose que vous rêvez toujours de revivre. Juste avoir cette chance.

La chance de « faire la leçon », en quelque sorte, aux meilleurs joueurs au monde sur la plus grande scène du sport, et d’être à nouveau champion olympique.

Curling Canada