Jubilation!

Célébration mémorable de Matt Dunstone après avoir remporté le Championnat canadien junior masculin 2013. (Photo, Curling Canada/Mark O’Neill)

La Saison des Champions est synonyme de Saison des célébrations

Quand on parle de réjouissances dans le sport, difficile de battre la réaction des joueurs de curling de haut niveau après une grosse victoire.

On dirait que plus les enjeux sont importants, plus la célébration l’est également. En saisissant l’importance de la compétition qu’ils viennent de remporter, les joueurs et les joueuses de curling perdent la tête à la fin, avec des sauts de joie, des brosses qui volent dans les airs, des cris de joie perçants et plein d’embrassades. Certains partent même à pleurer.

Les meilleures célébrations surviennent après un dernier lancer spectaculaire pour l’emporter, passant d’un coup du désespoir de perdre à l’euphorie de la victoire!

La capitaine de Calgary Kayla Skrlik est la plus récente joueuse qui a réussi un dernier lancer spectaculaire pour l’emporter, et provoquer des feux d’artifice de joie. Son dernier lancer au Tournoi des Cœurs Scotties Sentinel Storage de l’Alberta 2023, le mois dernier à Wetaskiwin, a permis à son équipe d’aller au Tournoi des Cœurs Scotties 2023, où les amateurs vont assister à du jeu excitant et d’autres célébration dans cette compétition de la Saison des Champions, à compter de vendredi à Kamloops, en Colombie-Britannique.

L’Internet garde un souvenir de certaines de ces célébrations endiablées. Jetons un coup d’œil en arrière pour revivre certaines des plus mémorables, et lire ce qu’en disent ces heureux gagnants aujourd’hui.

Kayla Skrlik, Scotties de l’Alberta 2023

Qui aurait prédit que Skrlik allait remporter le titre féminin de l’Alberta, le mois dernier à Wetaskiwin?

Eh bien, personne à l’extérieur de sa famille immédiate.

Et pourtant, le 21 janvier dernier, les brosses volaient dans les airs après sa victoire au Tournoi des Cœurs Scotties Sentinel Storage de l’Alberta 2023, après une victoire audacieuse en finale contre Équipe Casey Scheidegger, de Lethbridge, pour rester invaincue au Civic Twin Arenas de Wetaskiwin.

Kayla Skrlik, à gauche, et Ashton Skrlik célèbrent leur victoire aux Scotties Sentinel Storage Alberta. (Photo, Curling Alberta/Bill McCoy)

C’était la folie furieuse à la fin alors que Skrlik, âgée de 25 ans, et son équipe du Club de curling de Garrison – la troisième Brittany Tran, la deuxième vétérane Geri-Lynn Ramsey, sa sœur, la première Ashton Skrlik, la remplaçante Crystal Webster et l’entraîneuse Shannon Kleibrink – se sont réunies pour une accolade de groupe.

«Ma sœur m’a carrément soulevée du sol, racontait la capitaine. J’ai couru tellement vite pour aller la rejoindre qu’elle m’a dit que j’allais la renverser. C’est un miracle que nous ne nous soyons pas retrouvées par terre.»

C’était une victoire de conte de fée. Traînant de l’arrière 8-7 en dixième manche, mais avec le marteau, Skrlik avait besoin d’une difficile double sortie avec sa dernière pierre pour l’emporter, mais ce n’était pas évident. La pierre en position de marquer sur le bouton était presque complètement cachée. Skrlik devait effleurer la garde à l’avant, sortir la pierre en position de marquer, puis rebondir pour aller éliminer la deuxième pierre en position de marquer de Scheidegger.

«Honnêtement, quand je la regardais dans la maison, j’avais l’impression de la voir davantage, raconte-t-elle. J’avais déjà pris ma décision. Je me suis placée dans l’appui-pied; je pense qu’on peut m’entendre dire à Brittany que c’était vraiment serré, et elle m’a dit que je pouvais toujours changer d’idée.»

«Je ne pensais pas que c’était faisable, que j’avais peut-être 10 pour cent de chances d’y arriver. Mais je l’ai lancée… et j’ai réussi.»

«Cette partie allait en dents de scie, reprenait Skrlik. Ce n’était pas juste ce lancer qui était sous pression; on dirait que nous nous battions pour reprendre le contrôle pendant toute la partie. Heureusement, nous avons renversé la tendance avec ce dernier lancer. Une victoire comme celle-là est encore plus agréable.»

Après, c’était la plus complète euphorie, assure Skrlik.

«Un rêve qui se réalise», ajoute-t-elle après avoir remporté son premier titre provincial féminin.

Pat Simmons, Brier Tim Hortons 2015

Pat Simmons a peut-être établi un record pour le lancement d’une brosse dans les airs après avoir mené Équipe Canada à la victoire au Brier Tim Hortons 2015, à Calgary.

Simmons avait besoin d’un placement sur le bouton pour remporter la finale en manche supplémentaire; les brosseurs Carter Rycroft et Nolan Thiessen ont travaillé fort pour l’amener au bon endroit, et ainsi battre Brad Jacobs, du Nord de l’Ontario, 6-5.

Pat Simmons est hissé par son coéquipier John Morris après sa victoire au Brier Tim Hortons 2015 à Calgary. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Après avoir lancé, Simmons s’est redressé, un grand sourire sur les lèvres, et la brosse est partie dans les airs. Très haut dans les airs. S’il n’était pas à l’intérieur, elle serait peut-être en orbite aujourd’hui, quelque part dans l’espace (CLIQUEZ ICI pour voir le lancer).

«Elle a fait un bout de chemin», sourit Simmons, qui est aujourd’hui directeur de la haute performance pour CURLSASK. «Ce n’était pas planifié. Elle a touché le dessous du Jumbotron, ce qui est bien parce que, autrement, elle aurait pu atterrir dans les estrades. Je pense qu’elle est tombée sur la piste A. Mais je l’ai encore.»

La victoire était plus spéciale pour Simmons & Cie, qui participaient au Brier Tim Hortons sous les couleurs de la première Équipe Canada, une équipe rebâtie en plus. Le capitaine Kevin Koe, de Calgary, avait quitté l’équipe de l’Alberta durant l’été après avoir remporté le Brier Tim Hortons 2014. L’équipe, avec John Morris comme capitaine, avait connu un lent départ de 2-3, d’où la décision de faire jouer Simmons comme capitaine. L’équipe a rebondi, mais s’est qualifiée de justesse pour les éliminatoires avec une fiche de 7-4.

Rien n’allait pouvoir les arrêter dans les éliminatoires.

Simmons raconte qu’il était détendu et confiant avant de lancer sa dernière pierre.

«Nous avions planifié et joué tout le bout supplémentaire pour en arriver là, raconte-t-il. C’était aussi bien préparé que possible. Je devais la lancer et les gars devaient faire leur travail un peu, eux aussi. L’enjeu était important, évidemment, mais je n’ai jamais pensé que j’allais la rater. Tout est arrivé très vite.»

Simmons estime que les turbulences de la semaine à Calgary ont contribué à l’exubérance des célébrations à la fin.

«La façon dont ça s’est terminé était excitante, mais aussi le déroulement de la semaine, reprend-il. C’était comme passer une semaine complète dans des montagnes russes. Nous avons tellement célébré parce que nous étions fiers d’avoir surmonté tout ça, cette semaine-là.»

Matt Dunstone, Championnat canadien junior New Holland 2013

Qu’est-ce qui se passe quand vous réussissez le lancer le plus important de votre jeune carrière au curling pour remporter un championnat national?

Selon Matt Dunstone, vous perdez tout contrôle sur vos fonctions motrices.

«Quand tu vis un moment comme ça, tu ne réalises plus ce que tu fais, explique Dunstone. L’instinct et les réactions prennent le dessus. Tu ne contrôles même plus les mouvements de ton corps. Mais en regardant la reprise vidéo, c’était un moment cool.»

Dunstone s’est transformé en véritable Jumping Jack après avoir lancé une remarquable double sortie pour remporter le Championnat canadien junior New Holland 2013 à Fort McMurray, en Alberta. Sa fidèle brosse de paille s’est envolée, et il a presque perdu sa casquette de baseball pendant qu’il sautillait pour rejoindre ses coéquipiers du Manitoba – le troisième Colton Lott, le deuxième Daniel Grant et le premier Brendan MacCuish – après leur victoire de 4-3.

L’exubérance de la jeunesse à son meilleur!

Il s’agissait d’un autre de ces lancers avec la dernière pierre en dixième manche dans l’espoir de gagner qui provoquent les meilleures célébrations.

Cette fois, Dunstone devait sortir deux pierres en position de marquer dans le cercle de quatre pieds, mais pour y parvenir, il devait frapper sa propre pierre bonne pour le troisième point, près des deux pierres adverses, avec juste le bon angle, et la bonne vitesse.

Ça prenait un lancer puissant, mais Dunstone connaît ça, les lancers puissants.

Il a réussi à la perfection, brisant le cœur des Albertains et de leur capitaine, Thomas Scoffin.

«Quand j’y repense, je ne trouve pas mes chances étaient très bonnes, souligne-t-il. Mais j’avais juste 17 ans, encore bien jeune. Ce n’était pas du tout le bon choix de lancer, avec un très bas pourcentage, mais les planètes se sont alignées et je l’ai réussi. C’était définitivement un de mes plus difficiles lancers.»

Une victoire dramatique comme celle-là aide à faire jaillir les émotions à la fin, croit Dunstone.

«Ce genre d’excitation, d’émotions brutes, tu ne peux pas ressentir ça dans une partie à sens unique.»

Il a toujours la brosse de paille qu’il a lancée dans les airs.

«Elle a 20 ans et est proche de la retraite. Mais je vais toujours la garder comme souvenir», assure-t-il.

Jennifer Jones, Tournoi des Cœurs Scotties 2005

Dans les annales de l’histoire du curling au Canada, ça va toujours rester «LE lancer».

Aucune compétition n’avait d’égale que la finale du Tournoi des Cœurs Scotties 2005 à St. Johns, Terre-Neuve-et-Labrador, pour la qualité du dernier lancer, et les célébrations qui ont suivi. Sans surprise, Jennifer Jones, du Manitoba, en était la vedette. Ce lancer a mis la table pour une des plus glorieuses carrières de l’histoire du curling.

De gauche à droite, Cathy Gauthier, Cathy Overton-Clapham, Jill Officer et Jennifer Jones célèbrent le coup gagnant du Tournoi des Cœurs Scotties 2005. (Photo, Curling Canada/Andrew Klaver)

Jones n’avait pas pu remporter son premier Scotties à Brandon en 2002, et elle ne semblait pas partie pour l’emporter, cette fois-là non plus. Le dénouement approchait dans la dixième manche, et l’issue ne laissait pas vraiment de doute. Jones avait besoin d’un in-off ridicule pour l’emporter contre Jenn Hanna, de l’Ontario; le lancer était tellement difficile que les commentateurs de CBC-TV, Don Wittman et Mike Harris, étaient très sceptiques.

«Si elle réussit ce lancer-là, ça va être le meilleur que j’ai jamais vu pour remporter un match, croyait Harris. C’est tellement difficile.»

Wittman était d’accord : «Tenter d’entrer dans la maison sur une pierre à l’extérieur de la maison, c’est une tentative vraiment difficile.»

Il y avait de l’électricité dans l’air du Mile One Stadium quand Jones s’est préparée pour son dernier lancer.

«Quand j’étais dans l’appui-pied, j’étais contente d’avoir la chance de remporter la partie, raconte Jones. Je savais qu’il fallait que je lance fort, et on verrait si qui allait arriver. Quand j’ai lâché la pierre, je savais que c’était possible. C’était vraiment un bon feeling.»

«Je pense que nous croyions toutes que nous allions réussir. Dans un moment comme celui-là, il faut croire à ses chances.»

Le lancer de Jones était parfait, ricochant sur une pierre à l’extérieur de la maison en direction de la pierre de Hanna, cachée sur le bouton, pour marquer quatre points et l’emporter 8-6 pour son premier titre du Scotties.

C’était un des moments les plus stressants de l’histoire du curling canadien. L’incrédulité a fait place à la joie la plus totale. Jones avait du mal à se contrôler et sautait de joie, pendant que les spectateurs explosaient et que ses coéquipières, Cathy Gauthier, Jill Officer et Cathy-Overton Clapham, couraient la rejoindre.

Jones n’a pas été surprise par sa réaction.

«Non, pas du tout. C’était un rêve qui se réalisait, notre première victoire. Tu rêves de l’emporter en grandissant, mais tu ne sais jamais si ça va arriver un jour, alors quand ça arrive… sur un lancer que tu ne vas pas réussir à chaque fois, c’était une façon pas mal excitante de l’emporter.»

Jones a réussi plusieurs autres excellents lancers dans sa carrière légendaire, mais aucun d’entre eux ne surpassera «LE lancer» en termes de timing, de difficulté et de jubilation.

Greg Smith, Tankard masculin de Terre-Neuve-et-Labrador

Mériter une place pour le Brier Tim Hortons est toujours incroyable.

Ça l’est davantage à Terre-Neuve-et-Labrador, où le capitaine Brad Gushue règne en maître depuis plus de deux décennies.

Ça explique peut-être les célébrations mémorables de Smith et de ses coéquipiers de St. John’s après la victoire qui leur a permis de participer au Brier Tim Hortons en 2018. Cette année-là, l’absence de Gushue au championnat provincial – il devait porter les couleurs d’Équipe Canada au Brier Tim Hortons – a offert à Smith & Cie – le troisième Matthew Hunt, le deuxième Andrew Taylor et le premier Ian Withycombe – une occasion qu’ils ont saisie. C’était la première fois depuis 2006 que la compétition n’était pas remportée par Gushue.

Le capitaine de Terre-Neuve-et-Labrador, Greg Smith, lance un tir au Brier Tim Hortons 2018 à Regina. (Photo, Curling Canada/Michael Burns)

Le niveau d’excitation a augmenté à la fin parce que, comme le rappelle Smith, son équipe ne devait pas gagner.

«Je venais juste de terminer ma carrière chez les juniors, l’année précédente; avant la compétition, nous devions être classés cinquièmes ou sixièmes sur les neuf équipes présentes, raconte-t-il. Personne ne nous portait attention. Nous étions une équipe formée de bons joueurs qui n’avaient jamais eu une assez bonne équipe. Nous avons formé l’équipe après une couple de verres. On s’est dit : “Hey, on devrait essayer ça”.»

L’équipe de Smith est néanmoins restée invaincue avant la finale, où elle a éliminé Andrew Symonds, 8-6.

«C’était une histoire de Cendrillon, reprend Smith. Il y avait aussi le facteur Brad Gushue. Je rêvais à ça depuis que j’étais tout jeune.»

«C’était un débordement d’émotions. Nous avions été en feu toute la semaine; c’était difficile de croire que ça arrivait.»

Après avoir remporté le titre, Smith a sautillé le long de la glace après son dernier lancer, a glissé et est presque tombé, avant de tomber dans les bras de ses coéquipiers pour d’intenses accolades.

«J’avais l’air d’un bouffon sur la glace, sourit-il. J’ai même failli tomber en célébrant. Imaginez si je m’étais blessé…»

«Mais c’était un grand moment dans ma carrière de curling. Je ne l’oublierai jamais.»

Curling Canada