Faire tomber les barrières

De gauche à droite : Abbie Darnley de Egg Farmers Rocks & Rings, le maire d’Edmonton Amarjeet Sohi, les participants au Tee Pee Summit, le ministre des Relations autochtones de l’Alberta, Rick Wilson, et Greyden Yee Louison de United We Curl (Photo, Ryan Running Rabbit)

De jeunes autochtones découvrent Egg Farmers Rock & Rings au Sommet jeunesse Tee Pee

Par Scott Cruickshank

Au curling, le succès se mesure souvent en termes de pourcentage élevé, mais, ce jour-là, la perfection n’était pas l’objectif visé.

Au Sommet jeunesse Tee Pee 2023 – un évènement annuel de trois jours à St. Albert, en Alberta, organisé par le First Nations Health Consortium – des adolescents et de jeunes adultes ont eu la chance de participer à un projet-pilote.

Le 25 août, un horaire interactif a permis à 100 jeunes autochtones de découvrir gratuitement le curling dans le gymnase de la Poundmaker’s Lodge, grâce à Egg Farmers Rocks & Rings, presenté par  Curling Canada FloorCurl; HEROS (Hockey Education Reaching Out Society); et NHL STREET.

À n’en pas douter, le curling – basé sur le plaisir, la santé et le travail en équipe – a fait fort impression auprès de tous ces néophytes. Le but n’était toutefois pas d’en faire des fanatiques du curling, mais plutôt de mettre en valeur ce sport et ses aspects positifs, et d’inciter de jeunes meneurs à amener la version hors glace dans leurs communautés, où elle pourra être appréciée dans les écoles, les centres récréatifs et même les résidences pour personnes âgées.

«C’est ce que nous espérons; c’est pourquoi nous organisons plusieurs activités de ce type», expliquait Nolan Thiessen, directeur exécutif, marketing et expérience des joueurs, pour Curling Canada. «On ne se dit pas : “On va organiser ça devant 100 jeunes et ils vont toujours se joindre à un club de curling.” Il faut rester réaliste.»

Les participants au Sommet jeunesse Tee Pee 2023 à St. Albert, en Alberta. (Photo, Ryan Running Rabbit)

«Si deux, trois ou quatre personnes se disent : “Ça m’a permis de découvrir le curling et, maintenant, je veux essayer ça”, c’est une victoire.»

Et pourquoi pas davantage qu’une victoire? Si deux, trois ou quatre personnes veulent amener le curling – sous la forme de FloorCurl – dans leur communauté, ça serait ça, l’objectif.

Ce n’était pas prévu pour une expérience sans lendemains. Le First Nation Health Consortium est prêt à acheter et à acheminer tout le matériel nécessaire pour Rocks & Rings dans les communautés – gratuitement – pour encourager et promouvoir les bienfaits du sport. Avec toutefois un bémol.

«Ça prend des gens pour s’en occuper», prévient Rob Kerr, coordonnateur de la liaison avec les collectivités pour le First Nation Health Consortium. «Nous voulons des jeunes meneurs sur le terrain pour que ça fonctionne. Nous voulons que des directeurs récréatifs et des éducateurs s’impliquent et le soutiennent. Nous voulons que les chefs et les conseils de bande le supportent.»

«Ce n’est pas suffisant d’acheter du matériel et de l’acheminer, en espérant et en priant qu’il soit utilisé. Nous voulons réaliser cet investissement pour démontrer des résultats à Curling Canada. Nous voulons qu’ils voient à quel point ces programmes peuvent faire une différence.»

Directrice des programmes et organisatrice de FloorCurl pour Egg Farmers Rocks & Rings, Abbie Darnley voudrait que le programme prenne de l’expansion, surtout dans les communautés rurales. «L’activité physique est la clé de la santé à long terme. On se dit : “Comment peut-on vous impliquer? Quel sport peut faire bouger les gens dans leur communauté?”.»

Elle est prête à adapter la programmation de FloorCurl pour enseigner à des intervenants locaux comment gérer son opération.

«Rocks & Rings vous donne un accès direct aux écoles, explique Kerr. Le programme intègre un volet éducatif pour les écoles, de sorte que les enseignants peuvent bâtir un cursus de mathématiques ou de sciences basé sur Rocks & Rings. Et rien n’empêche de l’appliquer dans les maisons de retraite pour les personnes âgées.»

C’est justement un des atouts du curling : son large attrait.

«C’est un des rares sports que toutes les personnes peuvent pratiquer, peu importer leur âge, leur niveau d’habilité ou leurs antécédents, reprenait Darnley. Je peux jouer contre ma fille de 12 ans sans rien changer et sans problème. Ou jouer contre un athlète en fauteuil roulant sans problème. Tout le monde peut jouer sur le même niveau, à égalité des chances.»

Darnley a fait découvrir le curling aux jeunes, cet après-midi-là à St. Albert. Des douzaines d’entre eux s’activaient sur quatre pistes dans le gymnase.

On peut vraiment parler d’un succès.

«Tout le monde essayait en riant et en s’amusant, raconte Kerr. C’est un projet pilote, certes. Mais nous avançons déjà à pas de géant. Ce lancement a été un véritable succès. Mon équipe et moi avons maintenant de la pression pour s’assurer d’intégrer ces programmes dans les communautés, et en faire un succès.»

Egg Farmers Rocks & Rings démontre qu’il existe plusieurs façons de faire découvrir le curling, même dans un gymnase durant une chaude journée d’été. Mais ce rayonnement doit également tenir compte de l’inclusivité, ce qui implique de revoir certaines idées préconçues, selon Thiessen.

«Nous voulons demander aux gens : “Quelle barrière vous empêche d’essayer notre sport. Et comment pouvons-nous faire tomber cette barrière?”, explique-t-il. Pour nous, ça veut dire d’écouter les gens, puis d’essayer d’éliminer ces barrières, plutôt que de faire entrer tout le monde dans le même moule, comme si c’était la seule façon de faire.»

«Nous savons que ça prend un peu de temps. Nous voulons juste offrir plus d’opportunités.»

Curling Canada