Celui que l’on surnomme « Pick » était un commentateur de curling légendaire

Pendant plus de 60 ans, certains des plus grands moments du monde du curling furent souvent accompagnés par la voix emblématique du commentateur Robert (Bob) Picken.

Bob Picken était une figure légendaire dans les milieux du curling. (Photo, avec la permission de Winnipeg Free Press)

Il était impossible de ne pas reconnaître sa voix unique. Elle était tellement grave et autoritaire que chaque événement qu’il couvrait semblait vraiment spécial. Et dans sa tête, c’était le cas. Surtout quand il s’agissait de curling. Cette voix puissante s’est éteinte. Picken, l’un des meilleurs amis du curling dans les médias, administrateur, bénévole et promoteur du sport à plusieurs niveaux, est décédé aujourd’hui (30 janvier) à l’âge de 86 ans dans sa ville natale de Winnipeg. On lui avait diagnostiqué un cancer en phase terminale en septembre. Les médias sociaux ont été inondés d’hommages sincères à Picken après l’annonce de sa mort. Ses collègues du monde des médias et plusieurs des meilleurs joueurs de curling qui ont été en contact avec lui au fil des ans ont également tenu à exprimer leur tristesse suite à son décès, tout en commémorant la mémoire de l’un des membres les plus respectés de la famille du curling. « C’était un grand commentateur et l’une de ces personnes que vous admiriez », a déclaré le Winnipegois Bob Irving, qui a rencontré Picken pour la première fois à la station de radio CJOB de Winnipeg en 1973. « Il était aussi amical et gentil que quiconque. En tant que jeune commentateur, il était un modèle pour moi. » Picken était un commentateur complet. Il a décrit de nombreux sports au cours de sa carrière, y compris la Ligue canadienne de football. Il était la voix des Blue Bombers de Winnipeg à la fin des années 1960 et fut la voix de la Coupe Grey à la radio de la CBC pendant 15 années consécutives. Il était également connu pour sa couverture du baseball, du hockey et des Jeux olympiques. Mais le curling, comme le répétait constamment Picken, a toujours été son premier amour. Sa passion et son énergie pour ce sport étaient vraiment remarquables.

Pick s’est toujours senti à l’aise à une piste de curling. (Photo, avec la permission de Winnipeg Free Press)

Peut-être parce que Picken était lui-même un joueur de curling, et même un très bon joueur. Il avait atteint la finale provinciale du Manitoba en 1963, s’inclinant face à Hersh Lerner alors qu’une place au Brier était à l’enjeu. S’il n’a jamais goûté à la gloire sur la glace, Picken était plus que satisfait de couvrir les meilleurs joueurs de curling et des événements de petite et de grande envergure pour la CBC ou CJOB. Au total, il a couvert 32 championnats du monde masculins et 16 mondiaux féminins, 15 championnats du monde juniors, 31 Briers, 12 éditions du Tournoi des Cœurs et d’innombrables compétitions de niveau moindre. Il n’était pas rare de le croiser à des événements où il n’était que spectateur. C’était la preuve ultime de sa passion pour le curling. Picken était également très impliqué dans le volet administratif du curling. Il a été délégué de l’Association canadienne de curling auprès de la Fédération internationale de curling de 1973 à 1981, président de l’Association de curling du Manitoba pendant un mandat, puis premier responsable des relations avec les médias de la Fédération mondiale de curling de 1992 à 1994. Même après sa retraite en 2008, il est resté impliqué dans le sport en tant que président de deux ligues seniors. « Bob se donnait corps et âme dans tout ce qu’il faisait. Il ne se contentait pas de mettre un orteil à l’eau », a dit Warren Hansen, qui a travaillé avec Picken pendant de nombreuses années dans le volet administratif du curling. Hansen, qui a occupé le poste de directeur des opérations des événements de Curling Canada jusqu’à son départ de l’organisme en 2015, a souligné que Picken était « totalement dévoué au sport du curling ». Don Duguid, double champion du monde et ancien commentateur de curling basé à Winnipeg, a ajouté que Picken était « un gars très, très occupé ». « Il était vraiment dévoué à son travail et à tous les sports qu’il couvrait à cette époque », a déclaré Duguid. « Il était toujours au courant de tout et à jour, que ce soit du côté administratif ou au niveau de ce qui se passait sur la glace. Il était une boule d’énergie, en tout temps. » Le protocole lui tenait également à cœur. « Il était très catégorique dans ses opinions et ses croyances », a dit Hansen. « Il n’épargnait personne. Il était direct et allait droit au but. » Picken faisait partie de la grande époque des commentateurs de curling, dont plusieurs se trouvaient à Winnipeg, notamment Cactus Jack Wells, Don Wittman et Duguid. C’était à une époque où le curling occupait une place importante dans les médias et ces hommes étaient sur la première ligne pour partager les récits et les résultats avec la population. Et personne n’était meilleur que Picken dans l’art de commenter le curling ou de mener des entrevues. Plusieurs générations de curleurs sont devenues familières avec sa voix puissante et, quand « Pick » se trouvait dans un endroit, tout le monde était immédiatement au courant. Irving se souvient avec affection des nombreuses fois où la voix de Picken a résonné aux quatre coins de l’aréna pendant un reportage. « Vous étiez sur la galerie de presse et tout à coup, vous entendiez cette grosse voix retentissante et plusieurs des curleurs se retournaient pour voir ce qui se passait. C’était très amusant pour beaucoup d’entre nous dans la section réservée aux médias. » Picken était une véritable encyclopédie du curling. Au micro, il pouvait énumérer sans difficulté des dates, des noms et les résultats d’innombrables événements qu’il avait couverts au cours de sa carrière. Picken a reçu de nombreuses distinctions pour son travail, dont le prix Elmer Freytag pour services rendus au curling à l’échelle internationale en 1987. Il a remporté le prix Doug Gilbert remis au commentateur sportif de l’année en 1982 et a mérité à deux reprises le prix Scotty Harper pour son travail de commentateur de curling à la radio. Il est membre du Temple de la renommée du curling canadien et a reçu le même honneur de la part de la LCF, des Blue Bombers, des associations de curling et de baseball du Manitoba, ainsi que de la « Manitoba Sportswriters and Sportscasters Association ». Mais avant tout, « Pick » était simplement un gars sympathique. Picken était un homme entier : un professionnel honnête, érudit et accompli qui se faisait des amis partout où il se rendait. Son verre était toujours à moitié plein et il n’avait jamais rien de mal à dire à propos de qui que ce soit. « Il était simplement un bon gars », a dit Irving. « Il était d’agréable compagnie et un complice parfait avec qui s’amuser et boire un verre. » Picken laisse dans le deuil son épouse Barbara, ses enfants Bob Jr., Shane et Kelly, ainsi que six petits-enfants et un arrière petit-enfant.