Normaliser la diversité et l’inclusion

Kaamraan Islam, à gauche, enseigne aux participants au programme BIR Learn to Curl au Cataraqui Golf and Country Club à Kingston, Ont. (Photo, avec l’aimable autorisation de Kaamraan Islam)

Kaamraan Islam se sert de l’argent de la bourse pour créer une ligue Apprendre à jouer au curling pour les personnes noires, autochtones et racisées

Depuis l’annonce des gagnants des Bourses de curling junior À cœur, nous avons présenté les histoires de ces gagnants, en expliquant ce qu’ils ou elles prévoient faire avec l’argent de la bourse pour faire progresser la diversité et l’inclusion dans leur club local. Alors que nous vous présentons Kaamraan Islam, du Cataraqui Golf and Country Club à Kingston, en Ontario, vous pouvez lire les histoires de Wil Robertson et Ashleigh McKinnon en cliquant ici et ici.

En février 2022, la mère de Kaamraan, Sabena Islam, a lancé un programme Apprendre à jouer au curling pour les jeunes noirs, autochtones et racisés. Par l’entremise de ce programme, 39 jeunes racisés ont découvert le curling; aujourd’hui encore, il continue avec autant, sinon plus, de participants que le programme junior existant du Cataraqui.

«Ma mère a été une grande source d’inspiration pour moi dans ma vie, affirme Kaamraan. Elle a toujours mis en valeur l’importance de l’équité et de l’inclusion, à la fois verbalement et par ses actions dans la communauté du curling, et dans la société en général.»

Impliqué par intermittence au curling depuis 13 ans, Kaamraan était honoré d’être un instructeur pour ce programme jeunesse pour les jeunes personnes noires, autochtones et racisées. En apprenant à connaître ces enfants, et leurs façons différentes d’apprécier le curling, Kaamraan a réalisé l’importance d’adapter l’enseignement à chaque individu.

«C’est important de reconnaître que les individus, surtout les jeunes, sont hétérogènes. Dans ce cas-ci, la réaction des jeunes à ce programme a été hétérogène. Certains jeunes sont très passionnés par le curling, sont intéressés par le jeu, et ont un énorme sourire quand ils sont sur la glace. D’autres sont peut-être intéressés par le curling, mais ils apprécient également le volet social du programme, qui leur permet de se faire de nouveaux amis. Enfin, comme dans n’importe quel autre sport, certains jeunes y participent parce que leurs parents sont intéressés par le curling.»

Ce constat l’a aidé à ajuster son approche quand il s’apercevait que les parents impliqués dans le programme jeunesse pour les personnes noires, autochtones et racisées étaient intéressés, eux aussi. Ceci, combiné à sa propre expérience en tant que joueur de curling racisé, a motivé Kaamraan à élaborer un plan d’action pour un programme Apprendre à jouer au curling à l’intention des adultes noirs, autochtones et racisés, qu’il a soumis au comité de sélection pour des Bourses de curling junior À cœur.

«C’est très difficile de participer dans un sport quand très peu de gens qui vous ressemblent y participent.»

«Ma vision, c’est que les participants au programme qui sont intéressés par le curling, la saison prochaine, forment des équipes ensemble, explique Kaamraan. Former une équipe avec d’autres individus racisés peut aider à créer un sentiment de confort et de communauté, qui sont tous les deux importants quand on commence à jouer au curling dans des environnements nouveaux, peu familiers et peu accueillants.»

Kaamraan en est arrivé à cette conclusion en se basant sur sa propre expérience; après avoir visité plusieurs clubs de l’Ontario pour des compétitions, il a constaté qu’il était une des seules personnes racisées dans la province. Son programme, inspiré de celui créé par sa mère, visait à surmonter les barrières, visibles comme invisibles, qui empêchent les personnes noires, autochtones et racisées de fréquenter les clubs de curling.

Pour augmenter le nombre potentiel de nouveaux adeptes, le programme Apprendre à jouer au curling pour les personnes noires, autochtones et racisées sera divisé en deux cliniques identiques (A et B), avec 12 places chacune. Les deux cliniques vont durer quatre semaines.

Jusqu’à maintenant, la réponse est excellente; la clinique A était complète avant de commencer (trois membres ont dû se retirer par la suite pour des raisons de santé ou d’horaire), et plus de la moitié de la clinique B est déjà réservée. De plus, chaque joueur ou joueuse qui a rempli un questionnaire anonyme a signifié son intention de s’inscrire dans une ligue, l’an prochain.

L’implication est également excellente, avec des participants enthousiastes sur la glace pour la clinique A, et des membres qui restent ensuite pour le volet social. Kaamraan s’est assuré que les activités sociales à l’extérieur de la glace sont intégrées dans l’expérience de curling en fournissant des apéritifs gratuits aux participants après chaque séance.

«Ma vision, c’est que les participants au programme qui sont intéressés par le curling, la saison prochaine, forment des équipes ensemble, explique Kaamraan. Former une équipe avec d’autres individus racisés peut aider à créer un sentiment de confort et de communauté, qui sont tous les deux importants quand on commence à jouer au curling dans des environnements nouveaux, peu familiers et peu accueillants.»

Kaamraan espère que ce programme va susciter un dialogue sur l’état actuel du curling, en créant un espace plus accueillant et en normalisant les personnes racisées dans le milieu du curling. Malheureusement, le profil démographique de presque tous les clubs de curling aujourd’hui ne reflète pas celui du Canada dans son ensemble.

Les commentaires recueillis par Kaamraan auprès des participants expliquent en partie cette disparité, des commentaires comme : «Je ne serais jamais allé dans un club de curling sans ce programme», «Je n’aurais jamais essayé de jouer au curling sans ce programme», et «Le curling est un sport pour les riches». Une programmation inclusive et des discussions franches sur la racialisation au curling visent à surmonter ces barrières systémiques.

Kaamraan trouve regrettable que ces programmes soient nécessaires pour corriger un problème qui doit être corrigé, un sentiment partagé par plusieurs. Toutefois, il espère que le programme Apprendre à jouer au curling pour les personnes noires, autochtones et racisées aidera à normaliser l’inclusion et la présence des individus racisés dans ces espaces.

«Ce programme vise à normaliser les interactions interculturelles et interraciales. On espère qu’il va augmenter le transfert des connaissances, et ultimement l’acceptation entre les communautés racisées et la communauté du curling. À plus grande échelle, chaque individu qui en apprend davantage sur les communautés racisées franchit un pas supplémentaire vers une société qui atteint l’équité raciale.»

La vérité, c’est que le curling, en tant que sport et que communauté, se pénalise en créant des obstacles qui excluent certains membres de notre société. Il y a un bassin inexploité de participants potentiels, et d’idées innovantes qui peuvent faire grandir le curling à l’échelle nationale si la communauté du curling tend la main aux groupes marginalisés. En prenant des décisions éclairées pour entamer la conversation, augmenter la sensibilisation et l’éducation et éliminer les divisions, nous ne pouvons que progresser – ensemble.

Curling Canada